CHAPITRE 9 Alaïna

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Dimanche soir arrive bien trop vite, toujours en train de faire mes valises.

À 17 heures, j'ai envoyé un message à Jeffrey, cet homme toujours affublé de lunettes de soleil. D'ailleurs, je n'ai jamais vraiment compris pourquoi c'était son accessoire favori. Il devrait arriver aux environs de 21 heures.

Depuis notre retour dimanche matin vers trois heures, mon père et moi nous sommes ignorés. Je restais dans mon coin, lui dans le sien. Tout ce que je pensais avoir vu changer n'a fait qu'empirer. Il m'a menti et trahi. Comment puis-je espérer vivre dans ce monde si je ne peux faire confiance à personne, surtout mon propre père?

Ma mère est décédée, et j'ai réussi à m'en sortir. Mais lui, il est tombé et m'a entraîné dans sa chute.

« Une chute en entraîne toujours une autre »

Voilà ce qui va se passer : je vais régler sa dette. Ensuite, une fois que tout sera réglé, je prendrai un appartement. Il est impératif que je sorte de ce cocon familial toxique, sinon je n'y survivrai pas. Je vais me recentrer sur moi-même, sur ce que je veux réellement dans la vie. Peut-être reprendrai-je même mon poste. J'ai envoyé ma lettre de démission dans la journée, mais il ne la verra que lundi matin. Pour l'instant, ce qui compte, ce sont les six mois chez les Blake.

Bizarrement, j'ai plutôt hâte de revoir Liam. C'est un enfant tellement mignon et intriguant à la fois. Et puis, je ne pense pas que ce soit si compliqué de s'occuper d'un enfant, c'est comme avoir un petit frère, non ?

Jeffrey m'envoie un message juste au moment où je termine ma dernière valise. J'ai réussi à y glisser une dizaine de livres qui attendaient juste d'être lus dans ma pile à lire. Peut-être aurai-je enfin l'occasion de prendre un peu de temps pour moi, d'aller faire du shopping, d'aller au cinéma, au restaurant, et surtout de lire.

Je n'ai pas d'amis, et ne me plaignez pas, c'est un choix personnel. Je ne veux pas en avoir. J'ai appris à aimer ma propre compagnie, et vous ne pouvez pas imaginer à quel point il est exaltant de faire des choses seule. J'ai toujours cru être introvertie, aimant être seule, mais en réalité, j'aime juste être en paix, cette paix que ma seule présence m'apporte ne serait-ce qu'un instant. Aucune nuisance extérieure, juste moi et mes pensées. Peut-être serais-je un peu extravertie si j'étais entourée de personnes qui m'apportent cette paix, mais malheureusement pour moi, je n'ai pas ce genre de personnes autour de moi.

Les gens me regardent parfois étrangement, mais j'ai appris depuis longtemps à ne plus me soucier de ce que les autres peuvent penser ou dire.

De temps en temps, je ressens une certaine tristesse à l'idée de ne pas avoir d'amis, de voir des gens de mon âge sortir ensemble, rire, s'amuser. Je me sens alors vulnérable et étrange. Mais je me rappelle alors pourquoi j'ai fait ces choix. Et finalement, je n'ai aucun regret.

Le bruit d'une notification me tire de mes pensées. Jeffrey m'a encore envoyé un message, me disant qu'il sera là dans cinq minutes. J'espère sincèrement pour lui qu'il n'a pas envoyé ces messages en conduisant.

Je jette un dernier regard à ma chambre, n'ayant pas tout emporté avec moi. Cela me déchire le cœur de partir de cet endroit, mon espace personnel. Je descends ma dernière valise à l'entrée puis commence à enfiler mon manteau quand j'entends mon père descendre les escaliers.

Il s'approche de moi, le visage empreint de tristesse. Je suppose qu'il a pu réfléchir à tout cela. Je lui en veux énormément, mais par respect pour la femme de nos vies, je lui pardonne. Je lui pardonnerai toujours. C'est juste que même si je lui pardonne, mon cœur reste froid en sa présence.

- Tu pars? Me demande-t-il en fixant mes valises derrière moi.

Non, je vais nager chez la voisine... avec 3 grosses valises...

No Promises (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant