CHAPITRE 4 Alaïna

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Deux mois se sont écoulés, et ce sont les mois les plus agréables que j'ai pu passer depuis longtemps. Mon père et moi, nous nous sommes beaucoup rapprochés. J'ai vu les efforts qu'il fait, nous sommes sortis ensemble à maintes reprises. Il a arrêté de s'enfermer dans son bureau, même s'il continue à le faire certains soirs. Cependant, il a considérablement réduit cette mauvaise habitude. J'ai vraiment l'impression de le retrouver peu à peu.

Le premier anniversaire de la mort de maman a été un peu étrange. Le 2 avril, nous nous sommes ignorés toute la journée, puis le lendemain, tout est redevenu "normal".

Nous avons instauré une petite routine ensemble. Tous les soirs, nous dînons ensemble, c'est la règle. Si l'un de nous arrive en retard au dîner, il est de corvée de vaisselle. Et je peux vous dire qu'il n'a jamais été aussi ponctuel de sa vie. Certains week-ends, nous nous organisons des sorties, nous réapprenons à nous connaître. Et je peux vous dire que voir, petit à petit, mon père se reprendre en main me donne le sourire. Je suis fière de lui. Il a fait son deuil, enfin je crois. Je remarque par moments qu'il a un regard triste quand nous faisons des choses qui lui rappellent sa femme, et c'est normal. Moi aussi, chaque jour, des choses du quotidien me rappellent sa présence, mais je me dis que cela me permet de ne pas l'oublier. Elle sera toujours dans mon cœur. Le plus douloureux, c'est quand certaines choses me rappellent ma sœur, son départ, partir comme ça sans aucune explication. Je ne peux expliquer la douleur, c'est comme si on me poignardait le cœur sans donner de raison. Je me sens coupable, et j'ai ce poids dans mon cœur depuis qu'elle est partie. Je lui en veux énormément. Mon père, lui, semble l'avoir complètement oubliée. Il était tellement au fond du trou quand maman est morte que son départ ne lui a rien fait. Enfin, c'est l'impression qu'il me donne en tout cas.

Aujourd'hui, nous sommes le 4 avril, et c'est son anniversaire. Il ne le célèbre jamais, tout comme moi. Sur ce point-là, nous sommes du même avis. Maman a toujours insisté pour au moins organiser un repas en famille avec un gâteau et des cadeaux. Je voyais dans ses yeux qu'il la laissait faire, par amour pour elle. En la voyant heureuse, il ne voulait pas briser ces étoiles qu'elle avait dans les yeux pour essayer de le rendre heureux.

C'est incroyable, elle le rendait heureux en se donnant à fond pour son anniversaire, même s'il n'appréciait pas ça, et lui, il la rendait heureuse en lui permettant de célébrer son anniversaire. J'ai toujours vu leur mariage comme un modèle, un amour absolu, un mariage heureux, des enfants merveilleux. Mais je trouvais que cela manquait de quelque chose, ce petit quelque chose qui ferait toute la différence.

Étant donné que c'est son premier anniversaire sans sa femme, je ne pense pas qu'il veuille le fêter. Cependant, je me suis dit qu'on pourrait aller au restaurant ce soir. Nous ne sommes pas obligés de rester à la maison à ne rien faire chacun de son côté.

Je ne l'ai pas aperçu le matin, je suis parti tôt au travail, et il était hors de question de lui souhaiter joyeux anniversaire par message. Après avoir fini ma journée, je sors et me dirige vers ma vieille Honda Civic. En sortant mes clés de mon sac, une voiture roule lentement devant moi. C'est étrange, j'ai du mal à voir le conducteur. Peu importe, la voiture continue son chemin et tourne à la première intersection.

Une fois rentré, je trouve mon père derrière l'îlot de la cuisine en train de manger une pomme.

-Alors, tu vois que mes fruits sont bons. Lui dit-je, enlevant mon manteau.

Il rigole, et je m'approche pour le prendre dans mes bras.

Le seul que je puisse encore serrer dans mes bras.

-Joyeux anniversaire, papa.

-Merci, ma grande. me répond-il en me rendant mon étreinte.

Je me recule et le regarde dans les yeux. Il a l'air en forme, ses cheveux poivre et sel sont un peu ébouriffés. Contrairement aux miens, qui sont bouclés comme ceux de ma mère. Je tiens ma superbe chevelure de ma mère, de belles boucles brunes aérées que je laisse tomber en cascade dans mon dos. Il ne semble pas triste, ce qui me surprend. Je pensais qu'il serait d'humeur morose.

No Promises (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant