Chapitre 6

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 — Oh putain !

— Sohan ! le réprimande sa mère. Encore un mot de travers et tu restes dans la voiture.

— Désolé.

Je jette un regard de soutien en direction de mon meilleur ami. Moi aussi j'ai réagi comme ça la première fois. La vieille Clio se gare dans la rue au milieu des voitures de luxe. Le stress est présent, bien sûr, mais je suis heureux qu'ils soient là, avec moi, pour franchir cette nouvelle étape. Sohan et son père ont revêtu leurs plus beaux vêtements, Soraya arbore avec fierté sa robe bleu roi aux motifs orange et jaune. La couleur du tissu magnifie celle de sa peau. Je ne crois pas l'avoir déjà vue aussi élégante, avec ses boucles crépues et son maquillage. Elle a mis deux heures à se préparer, après avoir cuisiné quelques makroud pour ses hôtes, de petites pâtisseries à base de semoule de blé et de patte de dates.

Je descends de la voiture et avance en direction du portail, l'air confiant. Il faut que je les rassure assez, que je leur prouve que j'arrive à gérer la situation. Je sonne et attends quelques secondes que l'entrée s'ouvre.

— Oh mer... merveilleux ! se reprend Sohan en jetant un regard en biais à sa mère.

— Ne me fais pas honte, lui intime cette dernière en vérifiant que le bouquet de fleurs qu'elle a choisi est toujours en ordre.

— Mais...

Sohan se tait, conscient qu'elle n'hésitera pas à mettre ses menaces à exécution. Ses yeux balayent le paysage et je ne peux m'empêcher de le regarder, guettant sa réaction...

— Non, jure !

Son visage s'illumine et un éclat de rire lui échappe lorsqu'il remarque enfin les deux lions qui encadrent fièrement le porche. Je pouffe avec lui et nous sommes obligés de nous cacher derrière une main pour tenter de nous soustraire au regard noir de Soraya. Heureusement, la porte s'ouvre, coupant court à notre envie de rire. Mon meilleur ami se redresse en rajustant sa chemise.

— Bonsoir, nous accueille Constance. Entrez, je vous en prie.

Elle s'écarte et j'entre le premier. Comme à son habitude depuis maintenant deux mois, elle me serre dans ses bras et je réponds maladroitement à son étreinte. Elle salue tous ses invités en se présentant, remercie Soraya pour les fleurs et tourne des talons.

— Suivez-moi, mettez vous à l'aise pendant que je vais chercher un vase.

Diego nous accueille à son tour avec un sourire, tandis que son ex-femme disparaît dans la cuisine avec le bouquet et le tupperware contenant les pâtisseries. Il me serre dans ses bras et un sourire franc m'échappe. Je sais qu'il est en plein tournage, mais je suis heureux qu'il ait pris le temps de venir en France pour quelques jours. Je ne l'ai revu que deux fois depuis notre première rencontre, mais nous nous sommes appelés à quelques reprises en visio et je dois avouer que c'est bien plus facile de cacher ma gêne derrière la caméra.

Contrairement à Constance, au lieu de me poser des questions, il parle toujours de lui en premier, de ses journées, d'anecdotes un peu folles sur sa vie d'acteur. De façon étrange, ça me met à l'aise, me fait parfois rire, et ça devient plus facile de parler à mon tour, de demander des précisions, de poser des questions et de lentement me dévoiler.

— Tiens, je t'ai ramené quelque chose.

Diego me tend une petite boîte plate en bois brun verni su laquelle est gravé « Griffith Observatory ». Je l'ouvre et mon cœur s'emballe devant l'élégant stylo à plume gris acier. Il est décoré de constellations et en son centre s'épanouit un trait fin formant le contour du célèbre observatoire.

Une cuillère et demie de chocolat en poudreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant