— Je suis vraiment désolé. Merci beaucoup.
Je murmure de façon piteuse, sans vraiment oser regarder en face les gérants du café. Je ne reconnais même pas ma voix.
— Ce n'est rien, ce n'est pas de ta faute, me rassure une nouvelle fois la vieille femme. N'oublie pas tes affaires.
Elle me remet un sac en papier dans lequel elle a soigneusement rangé mon livre et mes cartes postales.
— Je vous remercie d'avoir pris soin de lui jusqu'à mon arrivée. Je vous laisse ma carte, n'hésitez pas si nous pouvons vous dédommager quoi que ce soit.
— Il n'y a pas eu de casse, ne vous en faites pas, assure le gérant. Fais attention à toi, Aloyse.
Je hoche la tête, la gorge nouée, et enfonce correctement la casquette que Sean vient de poser sur ma tête. Je rajuste mes lunettes de soleil tandis que, d'une main dans le dos, il m'incite à sortir. Comme il me l'a indiqué un peu plus tôt, je garde la tête basse et marche d'un pas rapide vers la voiture noire aux vitres teintées qui nous attend. Il m'ouvre la portière, la referme derrière moi et contourne le véhicule pour s'asseoir derrière le volant.
Il est resté professionnel jusqu'au bout, n'a pas fait le moindre commentaire hormis pour me demander si j'étais blessé physiquement, mais ce silence est bien pire que les reproches. J'ai vu la colère dans ses yeux, ainsi que la déception.
Par la fenêtre, j'aperçois deux policiers qui montent la garde après avoir évacué la petite foule amassée devant le café. Plus loin, quelques personnes filment la voiture.
Nous tournons à l'angle de deux ruelles avant que Sean ne s'arrête en warning quelques secondes. Deux silhouettes sortent d'un magasin de jeux vidéo et s'engouffrent dans la voiture à leur tour, avant que le garde du corps ne redémarre.
Charles est blanc comme un linge. Les mains de Loris tremblent tellement qu'il a du mal à attacher sa ceinture.
— Ça va ? s'inquiète Charles. Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Oui. Désolé... C'est ma faute, j'ai retiré mes lunettes de soleil, c'était machinal, j'ai pas fait exprès.
Je me sens tellement idiot que j'ai envie de vomir.
— Moi, ce que j'aimerais savoir, c'est ce que tu faisais dehors, et précisément à cet endroit.
Sean nous jette un coup d'œil à travers le rétroviseur, peu dupe. Si j'ouvre à nouveau la bouche, je vais fondre en larmes.
— C'était mon idée, intervient Charles. On voulait juste aller boire un truc après les cours.
— Tu as menti à ta mère pour aller boire un truc ?
— Elle m'aurait jamais laissé...
— Et tu lui as prouvé qu'elle aurait eu raison ! Tu as mis ton frère en danger.
— C'est pas sa faute, c'est moi.
Me prend-il pour un enfant ? Je suis le seul responsable. Charles garde les poings serrés contre ses cuisses, ses jointures ont blanchi. Loris est recroquevillé, comme s'il tentait de disparaître.
— Et toi ? insiste Sean en jetant un coup d'œil à son fils. Tu ne t'es pas dit, à aucun moment, que c'était une mauvaise idée ? Je pensais que tu avais plus de jugeote et que je pouvais te faire confiance.
Mon cœur se serre, mais je détourne le regard, tandis que Loris se décompose un peu plus. Il n'a pas besoin d'avoir de témoin quand son père le réprimande. Je n'ose même pas imaginer à quel point sa remarque a dû le blesser.
VOUS LISEZ
Une cuillère et demie de chocolat en poudre
RomanceRémission. Un espoir devenu réalité, un combat gagné. Ces gros titres font la première page des journaux peoples et réjouissent les fans de l'ancien couple d'acteurs Rey-Joly qui a déjà traversé tant d'épreuves. Charles, leur fils, a vaincu son canc...