CHAPITRE 2. LILITH

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Voilà deux heures que j'étais à cette fameuse soirée, Aless et moi  avions quitté le jardin il y a trente minutes. Il m'avait donné ma dose de bonheur, c'était donc à mon tour de lui donner mon corps. L'envie de me donner à lui n'était pas vraiment toujours là, mais je lui devais au moins cela, il était loin d'être l'homme parfait mais il ne m'avait jamais fait aucun mal. Ce soir était un des rares soirs où l'envie qu'il m'arrache tous mes vêtements, était présente. Il fallait que je calme ma colère, mon angoisse et tout le reste, malheureusement le bonheur ne réglait pas tout, de suite.

Ses mains froides se baladèrent le long de mon flanc, je fermais les yeux, impatiente de décharger toute ma haine. Il fit glisser le nœud de mon haut de maillot de bain, admirant ma poitrine un instant. Mes mains quant à elles, s'attaquèrent à la braguette de son jean. Je me jetais ensuite sur ses lèvres fiévreuses, et vous connaissez la suite...

Quelques heures plus tard, la fête s'était calmée et peu à peu le monde s'éclipsait, certains vers un after qui durerait jusqu'au petit matin et d'autres trop ivres pour continuer quoi que ce soit. Alba faisait partie du premier groupe, je l'avais vu partir  avec un groupe de jeunes, il y a une heure. Quant à moi je n'étais d'aucun groupe. Je sortis pour rentrer chez moi, mais, un détail me rattrapa, c'était Alba qui m'avait amenée ici et elle était partie je ne sais où. Je décidais de l'appeler en vain, mon téléphone n'avait plus de batterie.

-Téléphone de merde. Soupirai-je avant de m'asseoir par terre, agacée par la situation. Il était hors de question que je reste ici, je ne dormirais pas chez Alessandro, je ne dormais chez personne, je détestais ça.

Je pris ma tête entre mes mains, et soufflai, il fallait que je trouve une putain de solution.

Soudainement, une voix retentit dans mes oreilles. Je relevais pour voir que deux iris émeraudes me regardaient.

-Tout va bien ? C'était Dean, l'univers avait réellement décidé de me faire chier jusqu'au bout.

-Oui, enfin non, ma meilleure amie est partie et je n'ai aucun moyen de rentrer chez moi. Marmonnais-je, évitant son regard.

-Ah c'est dommage, tu vas faire comment ? Quel connard.

-Et bien je ne sais pas, si ton but est de me faire chier, tu peux te casser, je préfère être seule. Crachai-je, mon regard soutenait à présent le sien, tentant de lui montrer que sa présence ne faisait qu'aggraver la situation.

-Non, enfin, c'est pas ce que je voulais dire. Je peux te ramener si tu veux ?

Pardon ? me retrouver dans la voiture d'un parfait inconnu qui s'avérait être mon voisin, qui n'avait d'ailleurs aucun mérite de l'être. Je regardai autour de moi, il était la seule personne qui semblait sobre à part moi. Il était, mon dernier et unique choix.

-Très bien, mais je te préviens tu n'as pas intérêt à être un danger sur la route.

Il sourit et acquiesça d'un air amusé à mon commentaire. Je me relevais et le suivis.

Nous passâmes devant les quelques voitures qui restaient mais aucune ne semblait être la sienne. Je commençais à m'impatienter et à me poser des questions sur l'existence de son moyen de locomotion.

-T'as perdu ta voiture, c'est la quinzième voiture qui n'est toujours pas la tienne. Il ne restait qu'une simple moto en face de nous.

-Qui a parlé de voiture ? dit-il en s'avançant tout droit vers la moto rouge qui nous faisait face. Tu viens ?

-Il est hors de question que je monte là-dessus dans cette tenue.

-Très bien, tu vas te trouver quelqu'un d'autre pour te ramener, princesse, car je n'ai que ça. Il monta sur la moto et l'a mis en route.

-Non attends ! Je n'ai que ça comme solution de toute façon.

Il m'observa un instant, il détacha son casque et me le tendit.

-Et toi ? dis-je en glissant le casque sur le haut de mon crâne.

-Ne t'en fais pas pour moi, mais un conseil accroche toi. Je déglutis à son dernier commentaire et j'entourais timidement mes bras autour de sa taille avant de lui indiquer à côté de quelle résidence se rendre, j'évitai ainsi de lui indiquer que j'étais accessoirement sa voisine. C'était à présent le moment le plus gênant de toute ma vie... Tandis que nous roulions sous le ciel étoilé de Florence, je me surpris le temps d'un instant ressentir tout le calme du monde au plus profond de mon âme. Le vent nous frappait de plein fouet, les cheveux dans le vent, je tentais d'observer ce qui nous entourait, malgré la vitesse folle  à laquelle Dean roulait.  Nous étions seuls sur cette route, pas une voiture, pas un chat, pas une âme.

Lorsque Dean dépassa la barre des cent soixante  kilomètres par heure, par réflexe, j'approfondis mon étreinte, me collant totalement à son dos. Mes mains, serrées contre son torse, pouvaient ressentir sa respiration, lente et calme. Elle était aux antipodes de la mienne, rapide et saccadée.

Après une vingtaine de minutes, nous arrivâmes près de notre fameuse résidence. Dean arrêta la moto et tourna la tête vers moi.

-Tu veux marcher ou tu veux que je te dépose devant chez toi ?

-Je vais marcher. Dis-je en descendant de la moto, je lui tendis le casque et tournais les talons. 

-Lilith ? s'exclama-t-il soudainement, je me retournais, je lui faisais de nouveau face. Je t'ai vu cette après-midi sortir de chez toi, je peux te déposer, j'habite en face de chez toi.

-Je préfère marcher, je ne veux pas que quelqu'un nous voit ensemble, on ne vient pas du même monde, toi et moi. Je suis désolée mais je ne veux pas qu'on me voit avec quelqu'un comme toi. Je le regardais dans les yeux adoptant le ton le plus neutre possible.

-Comment peux-tu dire ça ? On ne se connait même pas. Dit-il d'un ton nonchalant.

-Je le sais, c'est tout, regarde toi, ça se voit que tu n'es pas à ta place ici. En plus, tu es ami avec Alessandro, ça n'annonce rien de bon sur toi.

-Putain mais tu traîne avec lui aussi. Il ria alors et me regarda droit dans les yeux. J'aurais du te laisser dans la merde. Tu n'es qu'une gamine capricieuse qui n'a rien dans la cervelle. Tu oses me juger mais tu n'es pas mieux, tu n'es qu'une riche de merde. je les connais bien les filles dans ton genre, tu n'es qu'une putain de fille à papa. Cracha-t-il avant de redémarrer.

La colère telle une cocotte minute éclata en moi, et un "connard" s'échappa de mes cordes vocales, se transformant en cri qui résonna dans toute la résidence.

Je m'assis un instant, repensant à ce qu'il venait de se passer. Une partie de moi était très contente d'avoir fait comprendre à ce connard qui se met soudainement à habiter en face chez moi, traîner avec mon frère, mes amis et aller à mes soirées, qu'il comprenne que j'étais plus sensée et moins naïve que la plupart des mes amis qui acceptaient de plus en plus ce genre de personne. Mais une infime partie de moi regrettait d'avoir été méchante avec lui, il n'avait rien fait et il m'avait même ramené chez moi. Au fond il avait raison, je le jugeais sans le connaître mais j'avais été élevée ainsi alors il fallait faire avec. Il fallait faire avec les jugements de la société dans laquelle je m'étais construite.

NOS AMOURS MAUDITSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant