NOS AMOURS MAUDITS

CHAPITRE 8. LILITH

J'avais gagné contre Dean, la fierté m'emplissait encore plusieurs jours après ma victoire. Je n'avais d'ailleurs pas aperçu celui-ci depuis notre dernière rencontre lundi dernier, j'avais passé mes journées à préparer ma rentrée et tout ce qui allait se passer ces prochaines semaines. Chaque mois de septembre, depuis ma tendre enfance, est synonyme de galas de charités et de nombreuses fêtes d'entreprises. Mon père possédait plusieurs compagnies aériennes, d'automobile et d'immobiliers, ce qui remplissait énormément ce mois de rentrée. Entre les cours à l'université, ces nombreuses fêtes d'entreprises et les courses, je n'avais que très peu de temps pour moi. Malgré tout ça, une seule chose résonnait dans ma tête, c'était le retour de mon père.

Je n'avais jamais eu de très bonnes relations avec mon père, jusqu'à mes quatorze ans, il m'emmenait toujours avec lui en voyage d'affaires, enfin dès que l'occasion se présentait.

C'est grâce à lui que je parle l'espagnol, l'anglais et le français parfaitement en plus de l'italien qui est ma langue maternelle. Mais le jour de mes quatorze ans, tout cela changea radicalement et je ne l'accompagnai à plus aucun de ses déplacements. Depuis cela, son retour en septembre était ce que je redoutais le plus chaque année. On ne se parlait pas tout le reste de l'année, il ne donnait des nouvelles qu'à ma mère et mon frère. Au début, cela me rendait triste mais je m'étais faite à cette absence. J'avais perdu tous liens avec lui, il n'était qu'un personnage secondaire de ma vie. Un antagoniste, un passé que je ne voulais pas revoir, rempli de mauvais souvenirs. Je n'étais plus sa petite princesse, j'avais changé et lui aussi. Au fond, je n'aimais simplement pas voir mon père.

Je chassai toutes mes vilaines pensées laissant place à l'excitation et l'angoisse de reprendre les cours. Il était sept heures et demie, je commençais les cours dans une heure à peine et je n'étais toujours pas prête. Je devais me rendre pour la première fois seule à la fac, auparavant c'était mon frère qui m'emmenait mais cette année j'avais pris la décision de partir de mon côté. Alors que j'étais toujours engouffrée dans mon dressing, ma mère hurla du bas des escaliers.

"-Lilith Aspen Sinclair, tu vas être en retard ! Dépêche toi, ton frère est déjà parti !"

Je ne lui répondis pas trop concentrée à choisir ma tenue. La tenue de rentrée a toujours été quelque chose que j'aimais choisir minutieusement parfois même plusieurs jours à l'avance. Mais cette année, mes pensées avaient été occupées ici et là, oubliant ce rituel que j'avais tellement sacrée depuis ma tendre enfance.

Je scrutais ma garde robe des centaines de fois et soudainement mes yeux sur posèrent sur un ensemble tailleur d'un jolie beige. Je pris celui-ci et l'enfilai avec un chemisier blanc. Pour les chaussures j'optais pour des talons noirs que j'assortis avec un sac à main du même ton. Mes cheveux étaient tirés en arrière et rassemblés en une queue de cheval. Je me maquillai rapidement, ne voulant pas en faire trop, malgré tout j'appliquai tout de même mon rouge à lèvre fétiche couleur sang. J'ornais ainsi ma tenue de quelques bijoux et j'étais enfin prête à prendre la route.

Installé dans ma berline noire, je me dirigeais  vers l'université, une petite boule dans mon ventre se créa peu à peu. Je ne sais pas si le fait de ne pas avoir manger depuis hier midi ou l'arrivée prochaine de mon père qui me rendait ainsi. Une vingtaine de minutes me suffirent pour arriver devant ces immenses bâtiments anciens qui enfermaient entre leurs murs tout le savoir du monde.

Je soufflai une dernière fois et sortis de ma voiture. Le vent me frappa de plein fouet et je me dépêchai d'entrer dans l'édifice. Je saluais quelques de mes amis qui se trouvaient à l'entrée avant de me rendre à l'amphithéâtre qui était réservé aux deuxième année de ma filière. Je me faufilai à travers les élèves déjà assis et trouvai une place au fond de la salle.