Sur le toit de béton du bâtiment, assis à même la ridicule et poussiéreuse muraille servant de balustrade, abandonna-t-il ses iris se perdre dans l'infini immensité de l'horizon que lui offrait la prenante vue d'une bâtisse tenant plus du vestige que de l'édifice, contemplant l'abyssale obscurité d'un paysage peinant à resplendir. Côte le jour, désormais simple fatras de noirceur où ciel et terre n'étaient devenus qu'un épais et trouble amas de ténèbres sur lequel venait étinceler la lune dans l'attente d'une aube nouvelle.Une jambe repliée, l'autre pendue au-dessus du vide, plus particulièrement, ses pupilles la regardaient ; plus intensément, ses iris la contemplaient ; plus profondément, son regard l'admirait. Si petite, si faible, si impuissante, pourtant malgré tout, s'acharnait-elle à offrir au monde ce peu de lumière qu'elle possédait. La lune, quand bien même moins intense, moins radiante, moins lumineuse que son homologue diurne, de son frêle éclat, s'obstinait toujours à étinceler dans le ciel.
Pauvre petit astre de minuit, incapable d'illuminer le ciel comme le faisait si bien le soleil. Lui, qui brillait de vives lumières, flamboyait de mille feux, rayonnait d'intenses éclats.
Sa seule présence chassant les ténèbres, en même temps et surtout, qu'elle créait l'horizon. Un horizon d'infinies couleurs dont le soleil lui-même serait la pièce maîtresse, où peu importait leurs teintes, ciel et terre seraient bien distincts. Eblouissant, ainsi, le ciel se colorerait de couleurs autres que cet épais noir ; éclatant, ainsi, la terre révélerait ses nuances polychromes ; aveuglant, ainsi, fuyeraient les ténèbres pour laisser transparaître les teintes de l'azur.Et cette côte, là, devant lui ? Qu'auraient été ses couleurs ? Celles de son éther, de son sable, de ses eaux, de ses nuages ? Qu'auraient été leurs couleurs si seulement la lune s'en allait ? Si seulement à la place de cet hideux amas trouble d'obscurité, se trouvaient l'aube et son soleil ?
Hélas, la lune était faible, impuissante à faire resplendir l'horizon quand bien même possédait-elle tant d'étoiles à ses côtés. À peine capable de resplendir pour le monde quand le soleil le faisait à chaque aurore. Un satellite aux lueurs malingres ne méritant pas la comparaison à celles du soleil, voilà ce qu'était la lune, faible. Toutefois, une faible acharnée, obstinée à faire resplendir l'horizon en dépit de sa faiblardise, dévouée à illuminer la voûte à travers ces délicates lumières.
En ce sens, devant cet astre, eut-il toujours ressenti cet étrange sentiment. Un sentiment particulier, comme l'étrange reconnaissance d'un certain respect à l'égard de ce petit astre.Quand tout doucement, son attention fut avertie par le léger son au loin d'un brouhaha plus bas. Rires, taquineries, commérages, disputes,... un brouhaha de ceux qui, encore quelques heures plutôt, lui bourdonnaient dans les oreilles et qui progressivement, à mesure que la foule approchaient le pied du bâtiment, s'accentuait laissant percevoir à ses oreilles les divers tonalités de voix.
De la lune au sol, cinq étages en-dessous de lui, rabattit-il alors ses pupilles sur leur modeste groupe ne faisant que passer, à présent se résignant à l'idée que cette fois-ci, il devra bien écouter s'il voulait avancer de stade.Une des raisons, d'ailleurs, pour lesquelles il dut bien se résoudre à sortir de sa petite pièce isolée et délabrée. Du reste, délabrée étant un nom plus qu'adéquat, non pas seulement pour cette pièce, mais bien pour le bâtiment tout entier.
Littéralement, il n'était qu'un vestige aux murs aussi altérés qu'ils étaient fins, aux plafonds éffrités, et aux sols fissurés et troués à chaque étages. Des escaliers aux paliers et marches, pour beaucoup, tantôt abîmés tantôt rompus, des fenêtres aux vitres cassées ou brisées, sans parler des meubles et autres vieux objets poussiérieux disposés et éparpillés à travers les salles et couloirs.En comparaison aux dizaines d'autres avec leurs phares, leurs quelques fenêtres ouvertes aux couloirs éclairés, leur évidente solidité, ainsi qu'à ses gardes ou Hommes s'y trouvant, ce bâtiment faisait pâle figure, donnant tout simplement l'impression de pouvoir à tout moment s'écrouler sur lui-même en plus de particulièrement faire tâche avec les autres.
Naturellement, à ses yeux, ce ne fut donc qu'à s'en demander pourquoi s'embarasser d'une telle épave prenant inutilement de la place. Attendu par là, que, forcément, ce n'était pour rien si ces gens s'encombraient toujours d'une telle ruine prenant vainement de la place. Par conséquent, s'ils la conservaient, ce ne pouvait être que car elle avait encore une certaine utilité malgré son état.
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Saule Pleureur
RandomTous connaissent ces travailleurs silencieux. Leur réputation n'est pas à bâtir. Chacun à son échelle, aussi petite soit elle, a déjà, sans le savoir, croisé leur chemin. Et innombrables sont tous ceux ayant déjà eu affaire à leurs services. Tentacu...