Bogota en Colombie, 09h37.
__N'est-ce pas, Saule ?
Son regard, sa mine, son expression, sa stature... tout dans son être hurlait son incrédulité, ce doute que ressentait-il encore quant à ce que ses propres yeux lui présentaient. Car comment pouvait-il s'assurer que ce qu'avait-il devant lui n'était pas qu'un simple mirage, une pure création de son esprit tentant vainement de conserver le souvenir d'un saule pleureur ?
À son insu, poussées par cette part inconsciente de lui-même, ses jambes se mouvèrent et avancèrent d'elles-même, l'amenant pas à pas, dans la mélodie de leur cadence, à celui ayant hypnotisé toute son attention, à ce souvenir du passé que jamais n'aurait-il cru un jour revoir.
Immédiatement, il contourna le meuble leur faisant obstacle, réduisant à pas soutenus cette distance les séparant et qui depuis des années, n'eut jamais été aussi courte. Il y était, plus que quelques pas, un dernier, un tout dernier quand avant même que ses doigts ne puissent l'éffleurer, que sa paume ne puisse bel et bien s'assurer l'existence de ce mirage, un solide bras vint lui faire barrière en un vif et soudain mouvement. Ainsi donc, ce fut là, et seulement là, que sa conscience parut enfin réaliser la présence de ces deux autres hommes aux côtés de Saule. Un noir au regard camouflé sous un chapeau, ainsi que celui qui vint brutalement de l'arrêter dans son élan, un caucasien dont l'âge visiblement avancée ne l'handicapait vraisemblablement en rien.__Interdiction formelle de l'approcher sans son accord, ordre de Boss, dit-il de but en blanc en un ton à l'autorité marquée.
Ainsi, pour la première fois depuis qu'eurent-ils tous les trois pénétré l'immense bureau, Alvar daignait enfin adresser un regard à l'un de ces visages inconnus, à ces iris aussi grisâtres qu'un ciel en colère d'où émanait distinctement un profond sentiment d'inimitié encré en son regard qu'il tentait tant bien que mal de préserver impassible. Un effort qu'Alvar ne s'embêtait aucunement à faire preuve, contrairement à Ivane, lui, ne cachait d'aucune façon cette intense frustration en lui que venait d'en un instant faire naître ce geste à ses yeux aussi malvenu qu'indésirable. En résultant de cela, sa mine maintenant froissée par l'irritation et le mécontentement, elle qui y avait-il encore à peine quelques secondes, exprimait l'ivresse d'un cocktail de jubilation soudaine mêlée de surprise.
S'engagea alors un bien singulier échange de regards, celui de deux personnes se vouant déjà une hostilité mutuelle quand pourtant, l'un comme l'autre ne se connaissait d'aucune sorte, et dont tous deux étaient déjà en connaissance de l'issue. Raison pour laquelle d'ailleurs, Jess préférait ne pas intervenir, laissant plutôt la seule conséquence logique d'une telle altercation arriver d'elle-même, là où Nicolas, bien qu'étant le principal concerné de tout cela, n'y accordait qu'une brève attention. Et pour Jess qui l'avait encore à l'œil, c'était à se demander si leur cadet était même toujours parmi eux.
Quand enfin, sans surprise pour tous, Alvar fut celui à rompre le contact, acceptant à contre-cœur et néanmoins avec suffisance le rôle de celui qui détourna le regard. Car bien-sûr que ce serait lui, quand bien même cette altercation silencieuse se serait révélée plus violente ou conflictuelle, Alvar aurait toujours été celui qui detournerait le regard. Ce, pour unique raison, trois seuls et petits mots: Ordre de Boss.
Les ordres de Boss étaient absolues. Au sein de L'Organisation, était-ce là l'une des premières chose, pour ne pas dire la première chose à comprendre et assimiler sous peine de conséquence. Personne d'un temps soit peu conscient de cela ne s'oserait à en jouer, encore moins les enfreindre. Et de la même façon qu'aux vermines de bas rangs, cela s'appliquait aussi aux hauts placés, Boss ne faisait aucuns différents sauf cas particulier. Chose qu'Alvar, si Ivane pouvait en juger par sa résignation, n'était donc vraisemblablement pas, conclue-t-il, en lui, se répandant un certain sentiment de satisfaction quant à cette conclusion.
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Saule Pleureur
RandomTous connaissent ces travailleurs silencieux. Leur réputation n'est pas à bâtir. Chacun à son échelle, aussi petite soit elle, a déjà, sans le savoir, croisé leur chemin. Et innombrables sont tous ceux ayant déjà eu affaire à leurs services. Tentacu...