Département de Nariño en Colombie, 20h39.
Pas à pas, marche par marche, chacune une à une piétinée dans leur avancée, déscendaient-ils progressivement et en silence les escaliers du bâtiment dans une incessante série de bruit de pas contre le bois moisi de celui-ci en même temps que celui du grincement des marches mais aussi de quelques bruits de craquement.
Indéniablement, ces marches étaient d'un bois aussi pourri que usé par le temps et l'humidité, les termites et autres insectes. Tant qu'il en fallait désormais de peu pour les faire céder, pour preuve les quelques unes déjà fendues, sans doute sous un surplus de poids. Surplus que n'avait cesse d'exercer le gargantuesque poids de sa nouvelle rencontre.Il n'y avait pas trois pas sans qu'elle ne les entende derrière elle craquer sous ses jambes quand elles ne se contentaient pas au mieux de se fissurer. Cependant, Elena ne pouvait se dire être surprise. Au contraire, c'était même à prévoir, voir elle s'y attendait. Ce Lynx possédait un corps si massif et volumineux, couplé de muscles du peu qu'elle discernait si surdeveloppés et épais qu'ils en ressembleraient davantage à de difformes amas de pierres et de cailloux qu'à de la chair, sans compter sa taille avoisinant facilement les deux mètres, que c'en était juste évident qu'il serait d'un poids conséquent. Un poids et une lourdeur se ressentant dans chacun de ses pas et dont les pressions lui donneraient presque l'impression de cheminer aux côtés d'un authentique titan particulièrement taciturne.
Ce, car depuis qu'ils eurent quitté le toit pour entamer leur chemin, Lynx n'avait tout simplement plus prononcé ne serait-ce qu'un seul son, encore moins un mot. Se contentant de bonnement la suivre le long des étages et paliers dans un mutisme des plus totales, la contraignant elle aussi au silence. Autour d'eux alors, les simples bruits de leurs pas et des incessants grincements, craquèlements et craquements des marches. Cependant soit, ça aussi, de toute façon, elle s'y attendait. Après tout, ce n'était pas comme si elle et lui étaient des amis de longue date, ou encore qu'ils étaient obligés de s'échanger une ou des discussions.
D'autant que le poids de son regard sur sa personne était un clair indicateur des pincettes qu'il lui fallait prendre avec lui.Car oui, ce poids, cette lourdeur, cette insistance de son regard sur ses épaules, elle le ressentait quand bien même devant et dos à lui. Un regard dont la pesanteur la ferait presque s'écrouler sur place, et dont l'intensité exercée était telle qu'elle le ressentait dans son échine, tout simplement.
Elle ne saurait déterminer la nature de ce regard, de même qu'elle ne saurait dire de quelle mine il s'accompagnait, cependant, elle était sûre d'une chose, ce regard était le signe qu'autant qu'elle, Lynx avait des méfiances. Méfiances que comme elle, il camouflait à peine ou alors qu'il camouflait très mal, quoiqu'Elena pencherait beaucoup plus pour la première option.
Cela dit, elle ne pouvait tout de même que le comprendre, ici personne n'était l'allié de personne et chacun était l'ennemi de tout le monde. Son mutisme était donc plus que compréhensible, et par conséquent, ne fallait-il pas s'attendre à ce qu'il veuille bien engager une quelconque conversation, d'autant plus avec quelqu'un dont sa rencontre datait d'il y a à peine quelques minutes.
Dommage pour lui, ce n'était pas son cas à elle, qui avait encore un petit quelque chose à aborder avec lui. Et puis, au mieux, cela comblerait le silence.__Dis moi, Lynx, entama-elle ainsi dans leur avancée brisant de ce fait le silence.
__Oui, répondit simplement ce dernier quand une énième marche craqua sous sa jambe, chose dont il fit fis.
__ Le chaton, entra-elle dans le vif. C'est toi qui lui as fait ça ? Demanda-t-elle sans réellement le blâmer.
__Non. Il était déjà là avant moi entrain d'agoniser.
__J'imagine donc que tu ne sais pas qui lui a fait ça ?
__Non plus.
__Dans ce cas permets-moi de te poser une autre question, s'il-te-plaît, poursuivit-elle sous l'attention de l'autre qui bizarrement, savait déjà quelle serait cette question. Pourquoi t'être assis à coté d'un truc pareil ?
VOUS LISEZ
Saule Pleureur
RandomTous connaissent ces travailleurs silencieux. Leur réputation n'est pas à bâtir. Chacun à son échelle, aussi petite soit elle, a déjà, sans le savoir, croisé leur chemin. Et innombrables sont tous ceux ayant déjà eu affaire à leurs services. Tentacu...