Acapulco de Juárez dans l'Etat de Gerrerro, 08h27.
Le soleil.
Le soleil s'était levé.
Depuis un long, si long moment déjà que cette belle étoile s'éleva des entrailles de la terre, qu'elle rayonnait de douces éclats au bout de l'intouchable horizon, illuminant le ciel de ces clémentes lueurs mordorées et colorant l'éther d'un magnifique bleu céruléen quand pourtant, fatalement, autour d'Ivane, ses sens ne parvenaient qu'à percevoir sans ressentir l'allégresse d'une si paisible matinée.
Autour de lui, comme s'il faisait encore nuit, noir. L'obscurité du soir, par il-ne-savait quel maléfice, pesait encore sur ses épaules. Son poids si lourd, que son échine en succomba. Si pesant, que son front en fit face au sol. Si étouffant, que ses poumons en peinaient à respirer. Si sanglant, que même la peau contre sa chaire l'écrassait de toute part d'une pression nouvelle, prison organique dont il ne parvenait à se délivrer. Si affligeant, amer et cuisante d'affliction, que sa pupille laissa couler une goutte qui s'échoua contre le gravier. La seule qui parvint à s'échapper du barrage de ses yeux au gris orageux.
Les autres, il les retenut. Tant bien que mal, il les scella au fin fond de sa poitrine, les emprisonna car il savait qu'il n'y aurait personne pour les sécher, ni épaule pour les accueillir.Il était seul, complètement esseulé. Il avait froid, aussi. Sa peau peinait à ressentir la réconfortante chaleur du matin. Comme si même le soleil, aujourd'hui, avait décidé de l'ignorer, le priver du doux feu de ses rayons pour davantage le cloisonner dans cette bulle nocturne autour de lui qui refusa de disparaître avec la lune.
Son épiderme était glacé. Depuis des heures qu'il était à la totale merci de ces froides brises côtières. Heures, du reste, qu'Ivane ne saurait même pas dénombrer. Deux heures ? Trois heures ? Quatre ? Il ne savait pas. Pas une seule fois, son cerceau n'eut pris la considération d'un tel détail, beaucoup trop lourd et confus qu'il fut pour ne serait-ce qu'y penser. Plus tôt dans la nuit, le besoin de solitude ayant été beaucoup trop forte dans l'entièreté de son cœur, de son corps, de son être pour qu'autre chose puisse parvenir à s'immiscer dans son esprit déjà parasité et embrumé par milles et une images, réflexions et souvenances.
Et par ce fait, Ivane eut besoin de paix et de silence. Ce, pour s'ésseuler, se retrouver, se ressaisir du dévastateur raz-de-marée qui menaça d'ensevelir sa poitrine sous ses flots et d'empoisonner tous ses sens. S'isoler afin que, dans toute l'intimité que lui offrirait la solitude, puisse-t-il refouler ses pensées parasites aux confins de son esprit et se libérer de cet état de faiblesse qu'eurent-elles engendré.
À nouveau, Ivane soupira, expulsant vers le gravier un énième souffle aussi froid et lourd que les précédents. Lourd d'amertume et de morosité, de peine comme de mélancolie. Un soupire, aussi, qui fut marqué par la grisaille de sa voix de quinquagénaire. Le soupire d'un vieil homme qui se sentait perdu dans le long film de son existence. Perdu, mais aussi misérablement affligé. Ce, par beaucoup de chose, à commencer par un jeune homme aux yeux bleus. Un jeune garçon, devrait-il même peut-être dire. L'âge de Nicolas étant aussi incertain que sa santé pouvait être précaire. À estimer, Ivane ne lui attribuant pas plus de dix-neuf ans ; vingt s'il devait exagéré.
En comparaison à lui et ses bientôt cinquante-sept ans, Nicolas était en effet bien jeune. Si jeune, tellement jeune et, pourtant, voilà où en était sa vie, dépossédé de libre arbitre au profit de tuteurs, Missionnaire au sein de L'Organisation, et membre des services VIP. Tutorat qu'Ivane savait remonter à il y avait quatre ans, lorsque Nicolas était encore plus petit de taille qu'aujourd'hui, à peine un adolescent, sans doute. Seulement, pour ce qui était des deux derniers, il n'en avait absolument aucune idée.
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Saule Pleureur
RandomTous connaissent ces travailleurs silencieux. Leur réputation n'est pas à bâtir. Chacun à son échelle, aussi petite soit elle, a déjà, sans le savoir, croisé leur chemin. Et innombrables sont tous ceux ayant déjà eu affaire à leurs services. Tentacu...