Chapitre 15

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Acapulco de Juárez dans l'Etat de Gerrerro, 03h03.

Toc

En cette froide nuit de Janvier, éclairée des lueurs du majestueux lustre et autres plus petits chandeliers au plafond et murs, une vaste et immense salle. Une salle au faste aussi élégant que le dorée de ses lumières dont les douces teintes, aux antipodes de celui de l'éther, paraissaient rechauffer du froid côtier quand pourtant, symétriquement disséminées de chaque côté de la grande pièce, ces imposantes et sublimes fenêtres cintrées aux battants ouverts laissaient à volonté s'engouffrer ce vent dont les glaciales brises faisaient danser à leur gré les longs et légers rideaux dont le doux brun s'harmoniait à merveille au beige pastel des murs richement garnis de décorations aux inspirations latines.

Toc

À cela, dans cette salle, au grand dépit de son immensité, y avait en son sein un sobre assortiment de meubles, allant cependant de pair avec le raffinement des lieux. Ainsi donc, tout juste en son centre, n'y étaient qu'une large table-basse d'un bois noir verni, deux amples fauteuils beiges de part et d'autre de cette dernière, et quatre élégants pots de fleurs tropicales, chacune disposée à un angle de la pièce dont le quasi-vide, faisait par conséquent rebondir sur ses quatres murs le plus minime des sons dans un écho aux allures de boucan.

Toc

Boucan que finissait donc par être ces sons si singuliers, les seuls osant se répendre dans l'immensité de la vaste salle et briser son silence. Constante et continue, une mélodie aux notes répétitifs et identiques dont l'irrégularité des échos offrait à leur musique un rythme désordonné et inégal dont lui seul, musicien de la chanson, pouvait prédire la résonance de la prochaine note.

Toc

Assis sur son ample fauteuil, isolé dans la solitude de sa pièce, jouait-il des sons de cette mélodie, ceux de ses pièces se heurtant contre les cases de leur échiquier.

Toc

Ainsi donc, au rythme de cette mélodie, c'était dans une minutie n'ayant d'égale que la pleine conscience des agiles gestes de ses doigts à la paume abîmée, qu'il jouait de son instrument tel un maestro au plus haut sommet de son art. Chaque déplacement, chaque action, chaque mouvement étant finement choisis et pensés, dans ce seul et simple but qu'était de vaincre son adversaire, lui-même. Ce, sous le regard attentif de ses iris au bleu plus glacial que les brises de cet air soufflant dans ses cheveux dont le blond platine s'assimilerait presque à du blanc immaculé.

Toc

Cette énième note de sa mélodie jouée, soigneusement, voilà qu'il s'emparait aussitôt d'une autre pièce de son jeu, celle de la tour blanche, sachant déjà sur quelle case émettrait-elle sa note.

Toc

Sans suite alors, de la case g6, il la fit se mouvoir à la case e6, tout juste à la gauche de sa reine qui quant elle, vint de la case d6 à la case f6, le tout par conséquent, étant l'exécution d'un coup spécial bien spécifique, celui du roque(1). Cependant, c'était étrange. D'après les règles, ce coup n'était pourtant censé être appliquable qu'entre la tour et son roi seuls, pas autrement, et encore moins avec la reine.
Hors, quel dommage pour ces mêmes règles, il n'était de ceux se cantonnant bêtement à elles. Et pour ce qui était du roi blanc, hélas, il tomba depuis bien longtemps. Chose qui pourtant, aurait immédiatement dû signé la victoire des pièces noires quand toutefois, non, loin de là. Car, sur l'échiquier, le vrai, une partie ne s'achevait que lorsque le camp adverse se saura entièrement fait engloutir, non lorsque son roi tomberait de son trône.
Ainsi, pour les pièces blanches, fallait-il donc qu'elles se fient désormais à leur reine, celle à présent, à leur tête, et que la tour par conséquent, la protègeait elle, à défaut du roi.

Saule PleureurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant