Etat du Michoanás au Mexique, 21h55.
__Allez, les gars, on se magne !
Au port de Lázaro Cárdenas, les travailleurs s'agitaient. Au travers les vastes couloirs formées par les longues et différentes lignes de caissons en son plein centre, tous de tailles, de couleurs, de contenus diverses et arrangés deux par deux, enchainaient-ils les allées vers le quai afin d'accueillir l'amarrage imminent du cargo au loin.
Dissimulé derrière les brumes de l'océan et tapis sous le voile d'un ciel nocturne dénué d'astres où ciel et eau ne formaient qu'une seule toile trouble d'obscurité, d'aussi loin, le navire n'était pas plus différent d'un minuscule point noir informe se déplaçant sur l'horizon, qu'assimilerait-on presque depuis la côte avec la noirceur du paysage si seulement les phares de ses mâts et de ses bords n'emettaient leur forte lumière similaire à toutes celles du port. Des lumières de plus en plus fortes et intenses à mesure que le cargo continuait dans sa progression, rongeant avec allure la distance le séparant du poste à quai.
Ainsi, ce qui ne fut donc qu'un simple point lumineux au loin, se transformait rapidement en une géante et lumineuse structure de ferraille comparable à une bête des abysses, soulevant les vagues en fendant l'océan, son vacarme monstre envahissant déjà la côte quand d'emblée, la main-d'œuvre sur le quai s'activaient de son côté à l'installation des derniers équipements de manutention ainsi que la mise en place de mesure de sécurité.
Tout doucement et au préalable, le navire ralentissait, apaisant les eaux à proportion qu'il perdait de l'élan, encore, encore, et encore, au même rythme jusqu'à proximité de la côte où il ne tarda nullement à s'aligner avec le quai et s'approcher de son terminal. À partir de là, c'était aux travailleurs du port d'intervenir.
Tous approchaient le navire, entamant déjà la phase d'amarrage initial, le bruit des divers machines aux oreilles de chacun. Et parmi ces travailleurs s'adonnant à leurs tâches, il y avait lui.
Légèrement tapis en retrait derrière eux et hors de portée des mouvements de leur petite foule rassemblée là devant autour du cargo, il était là.
Grand, stoïque, silencieux, sa stature droite et fermement plantée dans le sol, son impressionnante carrure effacée sous l'épaisse pénombre nocturne, son regard d'un vif brun ardent camouflé sous la visière de son casque de chantier observait méticuleusement autour de lui, des actions des travailleurs encore occupés à achever d'installer les grues à portique et remorques aux mouvements de ses complices tous autant que lui fondus dans la masse et prêts à bientôt entrer en action.
Chacun d'entre-eux sur leur qui-vive, ils n'attendaient tous qu'une chose, l'instant décisif où tout se jouerait. Alors, dans l'attente de cet imminent instant, se contentaient-ils seulement de mutuellement s'adresser par occasion de légers et discrets regards, comme pour réciproquement s'avertir d'être prêt à réagir à tout moment.Quand sans crier gare, les lumières disparurent, l'obscurité soumettant les yeux au noir total de la nuit.
Chaque phares, chaque ampoules, de ceux du port au navire, sous les regards désormais surpris et ébahis des travailleurs du port, venaient de tout bonnement et sans explication, s'éteindre, plongeant tout un chacun dans une noirceur presque abyssale où ne pouvaient-ils même plus distinguer leur prochain.__Qu'est-ce qu-...
Ces mots inachevés, ils furent les derniers d'un des travailleurs, tout juste avant qu'un violent et puissant coup ne vienne s'abattre sur sa nuque, l'assomant aussitôt tandis qu'un épais bruit ne tarda pas à suivre, celui de son corps s'écroulant dors et déjà au sol.
D'affilée, ce même bruit retentit, encore, et encore jusqu'à ce que le sol ne soit plus que corps inconscients aux pieds de ceux qui les eurent assommés. Ces derniers au passage, qui sortirent et allumèrent une à une leur torche, éclairant ainsi le quai de très légères lueurs qui dévoilèrent les quelques corps étalés par terre.
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Saule Pleureur
RandomTous connaissent ces travailleurs silencieux. Leur réputation n'est pas à bâtir. Chacun à son échelle, aussi petite soit elle, a déjà, sans le savoir, croisé leur chemin. Et innombrables sont tous ceux ayant déjà eu affaire à leurs services. Tentacu...