CAMILLE
Le week-end est passé, ça y est ! Je déteste rester enfermer chez moi durant deux journées entières. Je devrais sortir, mais je n'y arrive pas quand je sais que je dois travailler. Mon cerveau n'accepte pas de s'arrêter alors que j'ai deux jours entièrement vides, libre pour étudier constamment.
C'est normalement les jours de la semaine que tout le monde attend avec le plus d'impatience, mais moi non. Je travaille comme une malade, ça commence à me bouffer les neurones, mais je dois. Je suis obligé.
Je ferme alors le clapet de mon ordinateur et le repousse plus loin sur mon lit. Regardant mon horloge murale, je me lève, enfile une doudoune qui traîne et sors. Il est tard, pas une heure normale pour sortir, surtout dans mon quartier et quand on est une jeune femme comme moi.
Les marches grincent toujours quand je les descends. Je me dis une seconde que l'année prochaine, j'accepte l'aide de mes parents. Que j'accepte qu'ils fassent un crédit pour moi, pour mes études. Mais non. J'arrive à me débrouiller comme ça. Je survis, mais j'y arrive. Et puis, si je trouvais un job étudiant l'année prochaine, j'arriverais peut-être à changer d'appartement.
Une charge de plus sur mon dos, en plus des études. Je vais finir à l'héroïne si ça continue. Ça me pend au nez, finalement.
Mes jambes ne s'arrêtent même pas comme je le fais d'habitude en arrivant en bas de mon immeuble. J'aime m'arrêter là, lever la tête et regarder les étoiles. Je sors la nuit en général. Tout le temps en fait. Je sors pour la même chose à chaque fois d'ailleurs.
Mais là, mes pieds continuent de fouler le béton et je rejoins les bâtiments qui encerclent le miens. Celui qui me fait face précisément. Le plus délabré, comme toujours.
Ma vie est devenue une petite routine, relativement efficace je l'espère. Je ne le serais qu'après les examens, quand j'aurais les résultats. Je pense au moment où je devrais retourner chez moi, chez mes parents. Quand je rentrerais au bercail et que je n'aurais plus ma dose. Quand je n'en aurais plus besoin...
J'en aurais toujours besoin. Un besoin réel. D'une vitalité grossière. À ce moment-là, ça va faire mal. Très mal même.
Je passe devant un groupe de gars avec des têtes patibulaires. Il parle fort et mon cœur s'emballe l'espace d'un instant. Juste une seconde ou j'analyse l'étendue de ma réalité. Je baisse alors la tête et trace ma route.
J'arrive enfin devant le bloc que je connais, celui dont mes pas connaissent le chemin par cœur. Je lève les yeux et tombe sur cette tête de con. Hugo est appuyé nonchalamment contre le mur, juste devant l'entrée de l'immeuble.
Il ne me voit pas, il ne m'entend pas non plus. Je sens d'ici la sérénité qu'il dégage. Il n'a absolument pas peur des dangers qui l'entourent. La nuit, la drogue, les criminels environnent. Peut-être que l'ignorance du danger le rend inexistant.
Je remarque qu'il a encore ses écouteurs dans les oreilles. Je serais curieuse de savoir ce qu'il écoute, sûrement du rap ou du métal, un truc de mec de cités.
— Bouh !
Je pose mes deux mains à plat sur ses épaules et cris assez fort pour qu'il m'entende. Ses yeux s'ouvrent alors comme des soucoupes et sans que je ne m'y attende, il sort une lame de sa poche et la tend dans ma direction. S'arrêtant juste à temps avant de me transpercer, alors que je suis en train de faire un infarctus.
— Mais t'es complètement conne ou quoi ?
Il me hurle presque dessus en rangent l'objet qui fait toujours hurler mon cœur comme un démon et qui saccade tout mon corps d'effrois. !
YOU ARE READING
Dépendance
RomanceElève en première année de médecine de Paris, Camille va très vite être submerger par ses études. elle va alors trouver une alternative, un médicaments qui va la rendre plus productive. chutant toujours plus dans les ténèbres de sa dépression, elle...