Chapitre 10

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« Arrêtez... » je murmure, mon casque enfoncé sur mes oreilles, priant pour ne plus entendre leurs cris.

Mais ça ne s'arrête pas. Je le sais bien, ça ne s'arrêtera jamais. Je les entendrai toujours inlassablement à travers ces murs bleus qui me séparent du reste de la maison.

Alors que l'envie de partir revient plus violemment que la fois précédente, je repense à mes sœurs dans les chambres voisines. Je ne peux pas les abandonner. Je ne peux pas partir.

Alors je sors. J'ouvre ma porte et descends les marches, m'arrêtant à la moitié, ce qui est suffisant pour voir mes parents se hurler dessus.

« Vous n'avez pas bientôt fini ?! Il y en a qui ont cours demain ! J'en ai marre de vous entendre vous crier dessus tous les soirs et je suis sûrement pas le seul. Alors bordel laissez-nous au moins dormir ! » je crie à mon tour en élevant la voix par-dessus les leurs pour me faire entendre.

« Tu baisses d'un ton, jeune homme. Ce n'est pas toi qui fais la loi ici.

- Non, je sais, mais c'est de nous que vous attendez qu'on réussisse à l'école et comment voulez-vous qu'on y parvienne quand on ne peut pas dormir à cause de vos cris ?! »

C'était probablement la phrase de trop parce que ma joue chauffe soudainement et ma tête tourne. Je ne dis rien et replonge dans le regard colérique de ma mère. Je la dévisage pendant quelques secondes avant de sourire tristement.

« Tu ne nous parles pas comme ça. » me dit-elle simplement avant de se tourner vers mon père pour lui dire qu'ils en parleront plus tard. « Allez, va te coucher. Bonne nuit, je t'aime. » me dit-elle en caressant tendrement ma joue encore chaude.

Alors je remonte sans un mot. Espérant simplement qu'ils ne se remettront pas à crier dès que ma porte sera fermée. Les portes en bois des chambres de mes sœurs restent fermées. J'entends vaguement des chuchotements provenant de la chambre des jumelles et je vois la lumière sous la porte de celle d'Ariane s'éteindre à l'entente de mes pas sur le parquet.

Elle a sûrement pensé que c'était mes parents. Je retourne dans ma chambre et ferme doucement ma porte, me faisant le plus silencieux possible. Pourtant, un son couvre le silence enveloppant de ma chambre : celui des sanglots que je peine à étouffer au fond de moi.

Mes yeux se ferment et lorsque je les ouvre à nouveau, je ne suis plus chez moi, dans la chambre de l'ancienne maison de mes parents, mais seul dans mon lit de l'autre côté de l'Atlantique.

Je jette un coup d'oeil à mon téléphone pour y lire l'heure et laisse ma tête rebasculer sur mon oreiller. Mon réveil n'aurait sonné que dans une trentaine de minutes mais je ne suis plus fatigué. D'un côté je ne veux pas me lever tout de suite : le confort et la douce chaleur que m'offre mon lit sont bien trop agréables pour que je ne veuille grappiller quelques minutes de plus, pour autant, je suis parfaitement conscient qu'en me rendormant maintenant, j'aurais bien de la misère à me réveiller tout à l'heure. Alors malgré moi, je m'extirpe de mes draps. J'entends déjà Aelys s'activer dans la cuisine alors que Zayn attendra probablement le dernier moment pour se lever.

Ma sœur est, sans grande surprise, déjà levée et j'ai déjà trois messages de sa part sur mon nouveau numéro de téléphone que j'ai été contraint de lui donner. C'est peut-être une bonne chose : au moins, elle pourra me contacter et les filles également, mais j'espère sincèrement que les parents de remarqueront pas qu'elles sont de nouveau en contact avec moi. J'espère également que les filles ne m'appelleront pas tous les quatre matins. Je veux bien faire des efforts pour leur parler plus souvent et ne pas recouper les ponts, mais j'ai toujours besoin d'espace.

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