Chapitre 14

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Quelques jours se sont écoulés depuis Noël. Assis dans le canapé aux côtés de Zayn et Aelys, j'essaye tant bien que mal de me concentrer sur le programme diffusé à la télé. C'est une série que nous avons commencé il y a quelques semaines mais que nous n'avons pu reprendre que depuis le début des congés pour les fêtes après le rush des examens et travaux de fin de session. Le bol de pop-corn qui atterrit devant mon nez me sort de mes pensées. Je reviens à moi dans un sursaut et m'appuie sur l'assise du canapé pour me redresser contre le dossier.
Je me tourne et tombe dans le regard de Zayn dont le visage n'exprime aucune émotion, comme s'il essayait d'analyser les miennes.

-Que se passe-t-il ? Pourquoi est-ce que tu me regardes de cette façon ? Questionné-je, à moitié amusé par l'absence d'expression rendant sa mine sérieuse.
-Est-ce que ça va ?

Bien que, tourné vers mon ami, je ne puisse voir clairement que la question a interpellé Aelys, je sens son regard dans ma nuque. Je crois que cette question, mes deux amis se retiennent de la poser depuis le début de l'épisode.

-Bien sûr, pourquoi ça n'irait pas ?
-Eh bien... Je ne sais pas vraiment... commence-t-il, mais tu es ailleurs aujourd'hui... Je dirais même depuis que je suis rentré, hier.

Si je suis bien conscient d'avoir été quelque peu absent depuis quelques jours, je n'avais pas idée que c'était aussi visible. Cependant, je ne pouvais pas expliquer la situation de Louis à Zayn ou Aelys. Si cette dernière connaît la situation dans les très grandes lignes, ce n'est pas le cas de Zayn, à moins qu'il n'ait été mis au courant par Liam. J'ai beau leur accorder une grande confiance, je ne peux pas confier les tourments de mon petit-ami à mes amis qui sont également les siens. Pour tout dire, je ne sais pas moi-même exactement ce qu'il s'est passé ce soir qui aurait dû être de fête.
Nous entendons tous les trois les bruits d'un téléphone qui vibre sur la table du salon. Je me penche pour attraper le mien en réalisant que c'est moi qui reçois un appel et m'excuse auprès de mes colocataires en voyant qu'il s'agit de ma sœur. Sauvé par le gong, comme on dit.
Je referme la porte de ma chambre derrière moi et décroche tout en m'asseyant sur mon lit.

-Allô ?
-Harry ?
-Oui ? Que se passe-t-il ?

L'inquiétude est largement perceptible dans sa voix. En réalité, je ne saurais dire s'il s'agit d'inquiétude ou de n'importe quel autre sentiment pouvant se rattacher à la tristesse ou à l'angoisse.

-Je... Ecoute, je ne sais pas comment t'annoncer ça, je... Notre grand-père est parti.

Et à cet instant, c'est comme si le ciel me tombait sur la tête. Me voilà seul à l'autre bout du monde, les larmes dévalant mes joues sans que je ne puisse ne serait-ce qu'essayer de les retenir. On savait que son état était fragile lorsque je suis parti, mais cela faisait maintenant quelques années que c'était le cas. Je crois que, inconsciemment, je me disais qu'il ne partirait pas tant que je ne serais pas là. Qu'il m'attendrait. Mais on dit souvent que la mort n'attend pas et je n'ai pas même pu lui dire au revoir.

-Harry.. ?
-Oui, je suis là, réponds-je en reniflant, tentant par tous les moyens de contrôler les tremblements dans ma voix. Je vais essayer de réserver un vol au plus vite. Vous êtes déjà en Bretagne, je suppose ?

Ma famille étant originaire de là-bas, je me doutais qu'il s'y étaient rendus dès que possible.

-Harry, nous savons que tu es à Montréal et que tu ne peux pas nécessairement venir. Personne ne t'en voudra si tu ne peux pas être présent, nous sommes tous conscient de la situation.
-Certes, mais c'est important pour moi.
-... Fais comme tu le sens. En attendant, nos parents nous ont demandé des chansons à passer pendant la célébration qui sera donnée en début de semaine prochaine. J'ai discuté avec Agathe et Léonie, nous nous disions que tu pourrais peut-être les choisir, si tu as des idées.

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