Chapitre 15

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Je n'ai que très peu dormi durant le vol. Malheureusement, si je ressens la fatigue, je ne parviens pas à me reposer pour autant. J'aurais aimé avoir cette capacité qu'ont certains à s'endormir peu importe l'endroit. Lorsque l'avion atterri, j'attends patiemment, à moitié absent, que l'on nous signale la possibilité de se déplacer. Je récupère ensuite ma valise mécaniquement, enfile mon manteau et attends derrière d'autres passagers. Un enfant est debout sur un siège à côté de moi. Il me regarde de ses yeux verts encadré de petites boucles brunes. Il me rappelle moi, enfant.

J'envie l'innocence qui éclaire son regard et embellit ses fossettes quand il m'offre un sourire éclatant. Un peu de lumière dans cette journée s'annonçant maussade, ce n'est pas de refus. Je lui souris en retour espérant qu'il puisse au moins lui cacher mon mal-être.

J'ai soudain une pensée pour Louis. Je ne l'ai pas prévenu que je partais. En temps normal je l'aurais fait. J'ai complètement oublié. Je retire le mode avion de mon téléphone et attends de voir si j'ai des nouvelles de ma sœur. J'ai un message m'annonçant son arrivée à l'aéroport une dizaine de minutes plus tôt. Je m'apprête à répondre quand je vois que les personnes devant moi commencent à avancer. Je range aussitôt mon téléphone. J'aurais tout le temps d'envoyer un message dans les minutes à venir.

Finalement, tout s'enchaîne plus vite que ce à quoi je m'attendais et me voilà déjà rejoignant la sortie. Ariane étant déjà là, assise sur l'un des nombreux sièges qui peuplent le hall, relève les yeux dès que j'arrive. Elle se lève, range le téléphone qu'elle tenait entre ses mains, attendant probablement une réponse de ma part, et me rejoint.Sentir ses bras autour de moi me procure à la fois un soulagement sans nom et une tristesse infinie. Les larmes sortent toutes seules.

Mon téléphone s'affole dans la poche arrière de mon jean, mais je n'y prête pas attention pour le moment. Ce qui m'importe actuellement, c'est que je tiens ma sœur entre mes bras pour la première fois depuis de longs mois, et que la réalité qui me frappe, c'est que je ne suis pas là pour passer d'agréables vacances et me détendre. Au contraire, ce n'est pas durant mon séjour que la tension qui prend possession de mes muscles à chaque instant va disparaître.

Ariane s'éloigne de moi pour m'observer puis, à peine ai-je le temps de voir les larmes qui inondent ses joues qu'elle se colle de nouveau contre moi. Alors je me contente de la serrer contre moi tout en lui frottant le dos dans un geste de réconfort. Après quelques minutes, nous décidons tacitement de quitter l'aéroport. Nous rejoignons sa voiture et après nous être mis en route, ma sœur me demande si j'aimerais m'arrêter dans un café avant de prendre la route pour la ville d'où est originaire notre famille. J'acquiesce mollement, toujours ébranlé par le trop plein d'émotions qui me submerge depuis quelques jours. Alors que nous roulons un peu pour nous éloigner de l'aéroport, j'allume la radio et trouve une station de radio diffusant de la musique. Bien entendu, il faut que How do I say goodbye de Dean Lewis passe à cet instant précis. Je ne peux même pas ne serait-ce que tenter de retenir mes larmes. Elles trouvent à nouveau le chemin pour s'écouler le long de mes joues. Je ferme les yeux et me laisse bercer par la route et la musique, extériorisant toujours un peu plus la tristesse qui m''habite.

Je préfère cela à ne rien parvenir à exprimer, néanmoins. Je sais que le fait de garder ses émotions à l'intérieur de soi peut être néfaste, notamment pour le corps. Alors si cela veut dire que je dois pleurer, que je pleure.

Mes yeux se rouvrent lorsque j'entends le moteur s'arrêter. J'observe un peu les alentours. Nous nous sommes sûrement arrêtés dans une petite ville non loin de Paris.

- Ça va ?

- Ça ira.

Je sais que la question de ma sœur vise à savoir si je suis suffisamment en forme pour sortir de la voiture, mais j'aimerais, le temps d'un court instant, prendre une pause de tout et cesser de penser à ce qui m'attend d'ici quelques heures et les jours à venir.

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