chapitre 5

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Je me retrouve sur son canapé, une tasse de chocolat chaud à la main. Emmy a insisté pour m'inviter après s'être calmé. Elle s'en veut encore, mais je ne comprends toujours pas la raison.

- Je peux te poser une question indiscrète?

- Vas-y, m'ordonne telle de sa voix la plus douce.

- Pourquoi tu pleurais tout à l'heure?

- Ah... ça...

- Pardon, c'est ridicule. Ce n'est pas mes...

- Pour toi, me coupe-t-elle

- Quoi? Pour moi?

Tandis que les questions tournent dans mon cerveau, elle triture le bracelet à son poignet, visiblement mal à l'aise.

- Je... heu... c'est que...Elle bégaie. 

Je me sens confus. Elle a pleuré pour moi? Pourtant, on ne s'est parlé qu'aujourd'hui et je ne me souviens pas avoir dit quelque chose qui aurait pu la blesser.

- Quand tu as fait ta crise d'angoisse, tout à l'heure, j'ai cru qu'il t'arrivait quelque chose de grave. Josh m'a dit que tu t'étais évanoui en te rendant à l'infirmerie. Puisque tu n'es pas revenu de tout l'après-midi, je me suis dit que tu étais... Non, laisse faire, c'est ridicule, dit-elle en balayant l'air de la main

- Que j'étais quoi?Je n'ai pas l'habitude d'insister, mais cette fois j'ai besoin de savoir.

- Mort... prononce-t-elle dans un murmure à peine audible.

"Mort, mort, mort, ton père est mort", m'a crié ma mère lors d'une dispute. 

"Mort, mort, mort" répètent la voix de ma maman en écho dans ma tête. 

J'essaie de repousser cet horrible souvenir et de répondre d'un ton détaché.

- Hein? Tu croyais que j'étais mort?

- Oui enfin non. Disons que cette pensée m'a traversé l'esprit une ou deux fois. Peut-être aussi que l'idée que ce soit moi qui t'ai mis dans cet état m'a aussi traversé l'esprit.

J'arque un sourcil, comme le ferait mon père. Elle m'explique qu'elle est la dernière personne à qui j'ai "parler" avant de faire ma crise. Elle était donc rongée par les remords en croyant qu'elle avait dit quelque chose qui aurait déclenché mon malaise.Je la prends dans mes bras, comme je l'ai fait quelques minutes plus tôt. 

C'est la première personne, à part ma mère, que je prends de cette façon.

- Ce n'est pas de ta faute, je chuchote dans ses cheveux.

- C'est quoi alors?

- Je ne sais pas. Sans doute un manque de fer dans mon corps. Ajoute à ça le stress d'être entouré par des centaines de personnes dans une nouvelle école et tu as le combo parfait.

Elle se recule pour mieux m'observer. Je vois l'inquiétude dans son regard. Je ne veux pas qu'elle se fasse du souci, encore moins pour moi.

- Est-ce que c'est la première fois que ça t'arrive?

- Nan, mais d'habitude, ce n'est pas aussi fort et j'arrive à le contrôler.

Elle répond d'un petit "oh" et me prend dans ses bras. Elle continue de s'excuser tandis que j'essaie de lui faire comprendre que ce n'est pas de sa faute.

- D'ailleurs, j'ai eu une idée, grâce à toi.

- À t'entendre, on croirait presque que je suis le centre de l'univers.

On rigole en même temps, ce qui fait redoubler nos rires. En une phrase, j'ai détendu l'atmosphère alors que d'habitude je ne parle à personne.

- Alors, je me suis dis que, pour le projet de programmation.

Emmy me jette des regards furtifs, sûrement pour s'assurer que je me sens bien.

- On pourrait créer une application pour connaître les battements du cœur d'une personne ainsi que quelques autres trucs pour s'assurer qu'une personne va bien. Il pourrait même y avoir une caméra qui suivrait la personne. Mon idée est sûrement ridicule, mais sérieusement, je pense que ça pourrait marcher. Évidemment, il faudrait en parler à Josh pour s'assurer qu'il est d'accord.

les yeux derrière toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant