JUDITH
La nuit est fraîche pour un mois de juillet. Le mégot que j'ecrase par terre est à peine consummé. Merde alors.
Tina est à côté de moi, elle ne parle pas, et moi non plus. Le silence n'est pas gênant, avec elle il est agréable.
- pourquoi tu ne l'as pas embrassé ? Je demande à ma meilleure amie.
- ses parents étaient à côté. Elle répond simplement.
Nos pieds pendent dans le vide. Mes baskets viennent percuter les siennes plusieurs fois, au même rythme.
- et alors ? Je dis en haussant les épaules.
- ils ne savent rien. Ils ne savent rien du tout. Et en publique, ça la gêne, elle n'aime pas. Voilà tout.
Un soupçon de degout se ressent à la manière dont elle me raconte cette histoire.
- elle sera là demain ?
- non, je ne pense pas. Mais c'est pas grave, on sera toute les deux.
Dit la brune en passant son bras autour de mes épaules. Je laisse tomber ma tête contre la sienne. Ma ville n'est pas la plus belle, encore plus quand on habite dans la partie la plus pauvre.
Mais de nuit, elle est plus sympathique.
Mon téléphone vibre, mais je ne prends pas la peine de le regarder. En revanche, le sien aussi vibre et elle le prend en main.
- meuf, elle pose sont téléphone à sa gauche et se retourne en fouillant dans son sac. Elle en ressort une brique de jus de fruit et me la tend. T'es en hypoglycémie, l'appli vient de nous envoyer un message.
Je lui sourie en la remerciant, et débale la brique de jus et y plante la petite paille en carton.
- tu dors chez moi ce soir ? Me demande la brune.
Je fais non de la tête.
- je crois que si je squatte encore chez toi cette nuit, tes parents vont me faire payer le loyer... Je rie en baissant la tête.
La brune fait de même et ses cheveux tombent en cascade sur ses épaules.
- non, plus sérieusement je vais essayer de rester chez moi. La concierge va me mettre dehors si elle voit que je ne suis pas là depuis une semaine.
Tina hoche la tête.
- je t'ai pas dit Ju ! Elle hurle en tapant sa main sur ma cuisse.
- ouch ! Je crie de surprise.
- j'ai eu un nouveau taff ! S'empresse de me dire la brune sans faire attention à mon cri de surprise.
- tu vas faire quoi ?
- je vais entraîner un champion de box.
- au secours, courage.
Tina est le genre d'enfant né avec une cuillère en or dans la bouche, mais qui la machouillait...
Elle est peut-être riche, mais n'a jamais profité de cet avantage, ou ne s'en est jamais venté.
Depuis mes quatorze ans, on a prit l'habitude que je vienne dormir chez elle. Ses parents sont d'une pure douceur.
En revanche, je n'ai jamais été très riche. A vrai dire, je n'ai que connu les maisons délabré six mètres carré, ou la rue.
