Vérité et Conséquences

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J'étais dans mon cours de mathématique avec Maxime. Notre professeur habituel était absent et c'était le bordel dans la classe. On se serait cru dans un zoo. J'avais vraiment mal à la tête dû au manque de sommeil des derniers jours. Depuis ce qui s'était passé la semaine dernière, j'avais de plus en plus de mal à m'endormir. Et quand je parvenais à y arriver grâce aux pilules prescrites par mon médecin, mon sommeil était tourmenté par d'affreux cauchemars. Je n'avais parlé à personne de ce qui s'était passé, comme me l'avait ordonné Nate. Et ni lui ni moi n'avions fait la moindre allusion à ce qui s'était presque passé entre nous. Vu sa façon d'agir envers moi les deux jours suivant cette péripétie, on pourrait dire qu'il ne s'était vraiment rien passé. J'en arrivais même à croire que j'avais halluciné.

Après deux jours à fuir mon regard, à ne m'adresser la parole que pour des futiles banalité courtoises, comme deux étrangers vivant sous le même toit, Nate n'avait pas donné signe de vie depuis cinq jours. Avant de quitter la maison, sac à dos sur l'épaule, il avait prétendu en fuyant mon regard qu'il devait aller rendre visite à ses parents à Los Angeles pour une urgence. Mais j'avais du mal à le croire, quelque chose m'échappait. Toute cette méfiance était-elle le fruit d'une imagination débordante qui commençait sérieusement à m'aliéner? Et si l'histoire se répétait? Si jamais je ne le voyais plus, comme lorsqu'il avait disparu quelques années plus tôt, sans un mot, sans une explication... L'histoire était-elle en train de se répéter? Était-ce un jeu pour lui? Faire en sorte que je le laisse entrer dans mon cœur pour que par la suite, il le déchire de l'intérieur?

Le brouhaha dans la salle de classe devint plus intense que celui qui se passait dans ma tête. Personne n'écoutait les consignes du remplaçant et je le pris en pitié à le voir impuissant alors qu'il tentait vainement de rétablir l'ordre. Je ne sais pas si c'était dû à son physique maigrelet qui n'inspirait pas l'autorité ou si c'était dû à son peu d'expérience... Il devait avoir la mi vingtaine. En tout cas, moi, je serais incapable de m'occuper d'une classe comme celle-ci, surtout aussi jeune. Maxime me fit sortir de mes pensées au moment où je commençais à ressentir l'envie de crier à tous ces imbéciles de fermer leur gueule. Pour le bonheur de Monsieur Maigrelet et celui de ma migraine par la même occasion.

-Tu as des projets ce week-end?

-Euh, non je ne crois pas, pourquoi?

-La gang et moi avions envie de faire une soirée entre potes. Ça te tente? Il y aura même Gaby.

Je n'avais envie d'aller nul part en ce moment. Partout où j'allais je me sentais épiée. C'était surement mon imagination qui me jouait des tours, n'empêche que j'aimais mieux rester chez moi. En fait, non, ce n'est pas que j'aimais mieux rester chez moi, c'était que j'aimais la sécurité de ma maison. Quoi que, à bien y penser, me sentais-je vraiment en sécurité dans un endroit où on s'était déjà introduit trois fois et peut-être plus? D'un autre côté, c'était ma dernière année scolaire et je trouvais dommage de m'empêcher de bâtir des souvenirs importants pour une personne mal intentionnée. Dois-je continuer de la laisser gâcher ma vie, dois-je vivre continuellement dans la peur? J'hésitai...

-Je vais y penser. Dis-je en rangeant mes crayons dans mon coffre.

-Super! S'exclama Maxime comme si c'était gagné d'avance.

C'était présentement la pause déjeuner et j'étais assise à l'une des tables de la cafétéria avec mes amis. Perdue dans mes pensées, je les entendais vaguement rire et discuter. Encore une fois, je tentai de savoir qui pouvait bien être mon harceleur.

-Alors, Miss beignet, tu vas faire partie de notre soirée entre amis? Me demanda Rebecca, me sortant de mes pensées lugubres.

-Où va se passer la fête? Demandais-je avant d'accepter.

Toi et moi plus un toitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant