Toi et moi plus un toit

Chanson pour elle

Nate

« Je pris le six pack de bières qui était dans le frigo et allai m'assoir sur le divan. J'engloutis d'une traite la moitié de la première bouteille et me passai la main dans les cheveux. Il fallait que je me calme. J'étais en colère, j'étais inquiet, j'étais triste et j'étais surtout excité. J'avais de plus en plus de mal à retenir toutes ces émotions contradictoires qui me submergeaient ce soir.

Quand elle s'était tenue là, derrière moi, nue et fragile, l'espace d'un instant, j'ai failli flancher et me retourner vers elle, envoyant promener toutes mes bonnes résolutions. J'avais ressenti, sans même la regarder, le moment où son cœur s'était rempli de honte en comprenant que je ne me retournerais pas. L'air s'était alors chargé d'une tension lourde à supporter. Je ne pouvais pas profiter de la situation, profiter d'elle... Mais oh combien ça m'a coûté! Avec n'importe qui d'autre, j'aurais profité... Mais pas avec elle. J'avais beau me répéter que ce comportement ''politiquement correct'' était dû aux conséquences qui auraient un enjeu trop grand et trop néfaste sur moi, mais même si, d'un côté, c'était la vérité, c'était aussi un mensonge. Je me mentais à moi-même. Ce n'était pas la vraie raison pour laquelle je n'étais pas capable de jouer au con avec elle.

Quand je l'ai entendue enfiler mon chandail, j'ai détourné légèrement la tête vers elle, la regardant du coin de l'œil. Ma curiosité n'a pas pu s'en empêcher. Elle était incroyablement sexy, mon chandail lui arrivant à mi-cuisse. Lorsqu'elle avait collé son corps contre moi, j'ai dû serrer les dents tellement fort que je cru qu'elles allaient casser. J'avais senti sa poitrine épouser la forme de mon dos et j'ai serré les poings afin de me contrôler. Je savais que sous le chandail qu'elle avait enfilé, elle ne portait rien du tout et je dû me faire violence pour arrêter d'imaginer. J'ai dû m'en remettre à Dieu, le priant pour qu'il me donne la force de m'empêcher de me retourner, de passer mes mains sous ce chandail, d'empoigner ses fesses et de la soulever afin que ses jambes entrelacent ma taille. De l'allonger doucement sur le lit, de m'étendre sur elle et d'embrasser chaque parcelle de sa peau. Je n'avais jamais désiré quelqu'un comme je la désire, elle. Était-ce juste l'interdit qui me mettait dans tous ces états?

Encore très attisé par le souvenir de ses mains glissant doucement sur mon ventre, je vidai le restant de ma bière et décapsulai une deuxième. J'ouvris mon téléphone afin de regarder la vidéo de surveillance des caméras qui étaient installées au rez-de-chaussée. Quand je suis rentré de mon « voyage » et que j'étais rentré chez Alice, il y a un peu moins d'une heure, sa mère m'avait dit qu'elle était partie chez une amie pour la nuit. La notification sur mon téléphone m'avait informé qu'il y avait du mouvement chez moi. C'est comme ça que j'ai su où elle se trouvait. Quand je l'ai vue sur la vidéo de surveillance s'amuser et danser avec Rebecca, dans mon salon, j'avais souri. Elle était belle et insouciante. Mais quand Maxime était apparu dans le salon, je perdis instantanément ma bonne humeur.

Je reculai la vidéo au tout début de la soirée. Alice s'installa sur le canapé avec Rebecca qui la rejoignit. Je montai le son de mon téléphone afin d'entendre leur conversation.

-On est chez Nate, c'est ça?

-Oui.

-Il a l'air assez gentil, Nate.

-Nate? Non, il fait semblant de l'être.

Mon cœur se serra. Comment pouvait-elle penser ça? En fait, à qui je mens? Je sais exactement pourquoi elle pense ça. Pour la même raison qui l'a poussée à me balancer ces mots, tout à l'heure; « Alors va-t'en, c'est à peu près la seule chose pour laquelle tu es bon, non ?! »

-J'ai l'impression de ne pas savoir qui il est... Des fois j'ai l'impression que je retrouve le Nate d'avant et d'autres fois, on dirait un étranger. J'ai peur que ce ne soit qu'un jeu pour lui. J'ai l'impression qu'il fait exprès pour me montrer l'ancien Nate, qu'il attende que je baisse ma garde, que je me sente juste assez en confiance pour à nouveau me repousser. Par moment, j'ai l'impression que j'ai de l'importance et l'instant d'après c'est comme si je ne valais rien. C'est comme le chaud et le froid.