𝕏𝕏𝕀𝕀𝕀. 𝔻𝕖𝕦𝕚𝕝

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03 novembre 2005
Shibuya

Je resserre mon pull un peu plus sur moi. Les derniers jours ont été particulièrement douloureux. J'ai eu le droit à un certificat médical de la part des médecins pour mon entorse du genou pour justifier le repos que je prends.

Mais il n'y en a aucun pour moi. Je suis incapable de dormir, les mêmes scènes me hantent en boucle. Ce sont toujours les mêmes qui troublent mon sommeil. C'est douloureux et désolant. Je suis incapable de ressentir autre chose. C'est vide. Tout ce qui peut m'affecter passe au travers, me disant que rien n'est grave finalement.

Les ligaments de mon genou droit ont pris un sacré coup, mon entorse est modérée, j'ai le droit de continuer de m'appuyer dessus et de marcher, mais avec des béquilles si je dois forcer un peu plus. C'est pour ça que je réussissais encore à marcher. Mais quelques médicaments, rien de spécial, des anti-inflammatoires et des anti-douleurs, ces derniers ont été abandonnés dans un placard au-dessus du frigo parce que j'en n'avais pas particulièrement mal, ils seront peut-être utiles si mon père fait une migraine.  

Je retourne la poche de glace sur mon genou, attendant que le temps passe.

Je fais rouler la bille de mon premier collier sous mes doigts, préoccupée. Je peine à arrêter de pleurer, mais là, j'ai un moment de répit. J'ai dû pleurer mon stock de larme, je n'ai plus assez d'eau dans mon corps pour continuer. Ça me faisait du bien, au moins je ressentais quelque chose quand ça arrivait. De sentir mon coeur raisonner durement dans ma poitrine. De sentir mes poumons se soulever. D'avoir cette douleur.

La fenêtre de mon bureau renvoie mon reflet, préférant me montrer ça que la pluie extérieure. Un reflet pathétique. Mes yeux sont ternes et vides, dépourvus de tout signe de réactivité. Un hématome est bien présent sur ma pommette et entoure une partie de mon sourcil. J'ai échappé de peu à un oeil au beurre noir. 

Elle continue de rouler entre eux sur la fine chaîne argentée, attirant toute mon attention sur les reflets irisés de la pierre. Je ne fais que de me torturer l'esprit par rapport à ça. Qu'est-ce que j'allais lui offrir ? C'est son anniversaire aujourd'hui et j'avais à peine pensé à préparer un truc.

On en avait parlé quand il est venu l'autre jour, il ne voulait rien, surtout avec ce qu'il avait prévu. Il savait déjà qu'il allait passer à l'acte ou c'était pour la prison ? Mais je voulais lui rendre les surprises qu'il m'a faites, peu importe où il se trouvait.

J'attrape de mon autre main les quelques photos qu'on a de nous. A chaque fois, il est en train de râler parce qu'il n'aimait pas être pris par surprise. Je m'arrête sur le tirage d'un photomaton, c'était le jour de la rentrée après les vacances d'été et on est allé au cinéma directement après les cours. Il a mangé tous mes pop-corn et je ne me souviens plus de ce qu'on a été voir, mais on a reconnu que ce n'était pas du grand cinéma, mais je l'ai poussé directement en sortant de la séance dans la cabine avant de balancer des pièces pour le faire.

Sur la première, on commence à se chamailler parce qu'il n'a pas envie de les faire, ainsi que sur la seconde, je suis en train de donner un coup de coude pour continuer de le narguer. Je souris narquoisement, prouvant que j'adorais le provoquer. Il n'y avait qu'avec lui que je faisais ça, pincer les côtes et lui donner de légers coups de coude à cet endroit, généralement pour le faire taire.

Il m'a fait évoluer, autrement qu'avec Kazutora. C'était notre mauvaise influence, mais j'ai gagné en confiance grâce à lui, parce qu'en voyant mon frère changer, je changeais aussi, je commençais à affronter les problèmes que j'avais, en fait je m'affirmais, je disais ce que je pensais et je me sentais mieux, surtout parce que je ne supportais plus d'être en retrait. En particulier pour leur dire qu'ils allaient un peu trop loin, j'étais devenue une parfaite enquiquineuse moralisatrice.

Stand by Me | Baji x OcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant