Chapitre 5 - Insomiac

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Trois semaines. C'était long. Et court. Elle avait réussi à ne pas craquer. Elle avait réussi à ignorer cette envie pressante qui lui broyer les intestins chaque jour un peu plus, quand elle posait son regard sur lui, elle se mordait la lèvre presque jusqu'à en avoir mal pour ne pas plonger tête la première. Elle savait à quel point elle pouvait être faible. Son addiction le prouvait parfaitement.

Pourtant, elle ne craqua pas, elle ignora ces appels qu'elle percevait, son envie irrépressible de se jeter dans ses bras et de s'excuser pour tout le mal qu'elle avait pu lui faire. Cette nuit-là, elle se retourna encore et encore dans son lit. Jamais ils ne s'étaient autant éloigné l'un de l'autre, jamais ils ne restaient fâché bien longtemps, mais elle savait que cette fois-ci c'était différent, cette fois-ci, il lui en voulait réellement. Alors, elle prenait son mal en patience, attendant courageusement qu'il vienne à elle sans forcer. Pourtant, il ne le fit pas. Il ne la regardait pas, elle faisait de même. A la maison l'ambiance était froide, voire hostile, ils ne parlaient plus, passant l'un à côté de l'autre sans un mot.

La jeune ille souffrait de cette situation plus que déplaisante. Pourtant, malgré ce passage à vide, une belle âme avait décidé de devenir amie avec elle et ce soir-là, après une séance de défonce, avachie dans son lit, la couette remontait jusque son menton, le regard encore hagard de sa dernière prise, elle discutait du mieux qu'elle pouvait avec Ino Yamanaka, qui lui tenait compagnie lors de ses redescentes.

Ino ne jugeait pas, ne disait jamais rien et ne stopper pas la brune. Certains pourrais penser que cela était un acte déraisonné, et qu'elle devrait lui dire que ce qu'elle était en train de faire n'était pas bien, ni pour elle, ni pour son entourage. Seulement, elle estimait que la brune savait parfaitement ce qu'elle faisait et ce dont elle avait besoin et elle comprenait, malgré tout, que c'était un réel besoin vital que de sentir cette drogue couler dans ses veines. Elle savait quel évènement avait touché la famille Hyûga, l'affaire ayant fait le tour de la ville comme une trainée de poudre. Elle pouvait donc concevoir la détresse de la brune, elle comprenait. Et malgré que cela soit néfaste elle ne pouvait lui dire d'arrêter, de couper ce lien. Parce que c'était devenu vital pour la petite brune de se shooter afin de se sentir vivante l'espace d'un instant et elle savait que le soir, quand elles discutaient et que la conversation devenait confuse, elle était déjà loin d'eux, dans un monde plus beau, plus coloré, plus joyeux. Elle la savait triste à mourir, elle la voyait cette sourde douleur qui traversait son regard de nacre quand elle poser sur elle son regard bienveillant et elle pouvait voir que son contact lui faisait du bien.

Seulement, ce que la brune ne savait pas, était que la blonde aimait énormément ces petits moments rien qu'à elles, ces discussions parfois jusqu'au bout de la nuit. Cette nouvelle relation mettait du baume à son cœur si mal en point. Et elle devait se l'avouer, cette petite avait ce petit quelque chose qui la rendait si attachante, et qui lui donnait envie de l'attraper et de ne plus jamais la lâcher.

Elle qui, à l'instar de la brune, avait toujours été relativement seule, ce second souffle lui redonnait espoir en cette vie de misère et de tristesse et même si cela devait durer qu'un lapse de temps très court, elle ne lui en voudrait pas parce qu'elle aurait pleinement vécu cette histoire. Elle lui apportait la lumière qui manquait à son univers pour se remettre debout.

Alors, posée dans son lit baldaquin, dans cette chambre décorée sobrement et où, sur le mur face à elle étaient accroché multiples sacs de grand luxe, elle souriait faiblement comme une idiote amoureuse devant son téléphone remerciant les dieux de l'avoir mis sur le chemin de ce petit être si fragile et en manque d'amour comme elle.

POWERFUL [EN PAUSE INDETERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant