Chapitre 3

43 12 6
                                    

Inerita

Jour 4.
On est couchés sur l'herbe. Du côté où ces plantes piquantes géantes, se tenant debout presque aussi hautes que nous sont. Quand on n'a pas l'habitude, se frayer un chemin parmi elles, ça nous décourage d'aller vers l'usine en bas et ça a bien marché ce soir. Même si Elias voulait profiter de la vue. Je ne peux pas m'empêcher de l'imaginer me pousser du haut. Mais c'est absurde. Ce dernier me demande:
-Pourquoi t'étais comme ça au lycée?

Je réponds:
-Je suis toujours une plante

Il rit doucement puis me dit:
-Moins pire, t'es une plante qui parle maintenant

J'émet un:
-Hmmm

Il insiste:
-Alors?

Je réponds vaguement en ayant des souvenirs désagréables:
-Quelque chose est arrivé

Il n'insiste pas et je lui dis:
-T'étais drôle. Au moins je m'ennuyais pas quand j'étais à côté de toi

Il émet son rire communicatif et me répond:
-Ça aide de l'être, ça aide à relativiser...quand c'est pas si amusant chez toi

Je souris et lui dis:
-Tu comprends un peu

Je soupire et il m'imite, je continue:
-J'espère que ça ira mieux

Il répond:
-Moi aussi

Je lui dis en souriant:
-C'est plus simple quand t'es loin de chez toi

Il confirme en souriant sûrement vu son ton:
-Surtout pour faire des conneries

On rit et je lui dis:
-Je suis sûre que tu bois comme si ta vie en dépendait

Il émet son rire lumineux et réplique:
-Je suis sûre que t'es morte avec un verre

Je rétorque en souriant:
-Je buvais des bouteilles quand j'étais au lycée donc...

Putain meuf apprends à la fermer.
Il me sort:
-Eh ben Barney Gumble

Je souris et dis:
-Ben c'est...euh...

Il me répond tranquillement:
-Pas besoin d'expliquer

Je soupire soulagée. Mais ajoute comme à ma mauvaise habitude:
-J'étais pas censée le faire, vraiment pas

Elias demande:
-Pourquoi?

Je lui explique:
-Je suis musulmane

Il me dit:
-Ah ouais, effectivement no bueno

On rit et il me demande:
-T'as jamais fumé du coup?

J'avoue:
-J'ai aussi eu une période de stoner

Il rit et me dit:
-T'es pas si sage que ça en fait

Ils ont toujours pensé que j'étais vide je crois. En tournant la tête vers moi d'après le changement de direction du son il me demande doucement:
-On t'a fait du mal?

Je tourne la tête vers ses traits, brouillés par l'obscurité et l'herbe. Puis je lui répond un peu paniquée:
-Qui?

Il me répond:
-Nous, les autres élèves

Je suis pas une victime, et je veux pas de problèmes non plus. Je réponds rapidement:
-Non!

Je continue plus bas:
-Je veux dire...je me suis faite du mal. Et vous étiez bizarres, et confus. Mais j'ai créé ma propre prison. Bon on s'en fout. J'ai pas envie de chouiner

Je ris doucement de nervosité et il dit:
-C'est quand même beau

Je lui demande:
-Quoi?

Il répond rapidement:
-Le ciel

Je me mets sur mon coude, et regarde Elias comme je peux. À la lumière artificielle que je pointe sur lui. Je lui fait remarquer:
-Hey, tu m'as dit de pas regarder

Il me dit en riant:
-Je l'ai fait vite fait

Il se lève puis me tend la main en me disant:
-Viens

Je le suis, il s'éloigne un peu en tenant toujours ma main, puis prend la deuxième. Il les place autour de son cou,  avant de commencer à bouger. Je lui demande en riant:
-Tu fais quoi Elias?

Il me répond:
-Je danse

Je lui fait remarquer en rigolant encore plus:
-Y'a pas de musique

Il se met à fredonner puis me dit:
-Tu veux laquelle?

Je répond amusée:
-Ok si tu connais La noche de anoche

Il s'y met et c'est moins pire que ce que je pensais. Il finit par s'arrêter. Sûrement parce que je l'ai vexé en pouffant non-stop. Mais je lui demande:
-T'es fatigué?

Il rigole et je l'imite avant de lui dire:
-Ta petite technique est mignonne

Il rit doucement et je souris. Soudain je sens son visage contre le haut de ma tête. Que je je lève. Puis sûrement toujours à cause de l'obscurité, il met maladroitement son front contre le mien. Sous nos rires presque imperceptibles. On reste comme ça un moment. Nos visage se faisant face dans le noir. Je finis par lui dire doucement:
-C'est drôle. T'avais dit que j'étais ennuyante, et maintenant on est là

Il rit et répond:
-Rancunière hein?

On émet des éclats de voix joyeux et il me dit :
-Je savais rien du tout, j'étais bête

Je baisse la tête mais il prend mon menton, et pose ses lèvres sur les miennes. Je réponds à son baiser, et le serre plus contre moi, pendant que nos lèvres continuent de se caresser, tandis que mon cœur change de rythme.

Jour 5.
Moi et Elias on est pas rentrés si tard, après notre baiser. Mais moi je me suis couchée super tard. Parce que ça a provoqué mon insomnie. Mais c'est tellement ironique, parce que je vois de la lumière. Oui c'est de la lumière, qui dépasse de mes volets. Je me remue un peu, et continue à cligner des yeux. Ça fait mal de fixer les rayons dans l'obscurité. Je reste un moment sous les couvertures, dans ce cocon bizarre, puis finis par en sortir. Des larmes coulent de mes yeux, à cause de la lumière m'aveuglant. Même avec les volets. Mais je souris. Entre le soleil et Elias, on dirait un rêve. Mon téléphone vibre. Quand mes yeux se réhabituent, je lis le message d'Elias et mon sourire devient une ombre.

0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant