Chapitre 75

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Inerita

Les infirmières m'ont dit qu'Elias n'était pas dans le coma ni rien. Mais juste endormi. Malgré tout j'ai insisté pour aller le voir. Le réveiller oui. Mais ça c'est mon plan machiavélique secret. J'allume la lumière et dis doucement:
-Elias?

Je m'approche avec mes béquilles, jusqu'à côté de son lit. Je remarque amusée qu'il a carrément balancé son coussin par terre, pour dormir sans. Je pensais être la seule personne à des kilomètres à faire ça. Je me penche aussi bien que je le peux, avec mes points de suture. Je ne veux pas les faire sauter. À cause de la menace de la douleur post médocs. J'observe le beau visage d'Elias. Ses longs cils, et ses sourcils sombres, lui donnant l'air presque sérieux. Même dans son sommeil. Son nez tout mignon et ses pommettes saillantes. L'aspect inanimé de son visage ne me fait plus paniquer. Grâce au son de sa respiration. Je le surnommerais presque Adonis. Putain, je trouve ce gars trop beau pour mon bien. C'est flippant. Justement il me fait sursauter en me disant en souriant les yeux toujours fermés:
-Je savais que je rêvais pas

Il est vraiment chiant. Il y a une ouverture lente sur les lagons dans lesquels je me perdais parfois, ça m'avait manqué. Je me rends compte que je souris déjà et il rit doucement avant de se redresser. Il me dit avec un grand sourire:
-Je t'aurais retrouvé si tu l'avais pas fait. Je stalk aussi, t'as dû t'en rendre compte

Je soupire amusée et il continue:
-Je sais la blague commence à être démodée. Et au fait t'es pas mal en soutif. Je crois bien en avoir beaucoup rêvé, les nombreuses fois où j'étais endormi

Je le menace:
-Je vais te remettre sous anesthésie avec mes béquilles

Il rit et me dit plus bas avec son regard doux:
-T'es mon petit petit ange gardien, merci...

Je suis en train de fondre là. Mais je suis pas si petite, il est juste grand. J'arrive pas à m'empêcher de sourire pour me plaindre, et il continue:
-Tu m'as beaucoup manqué quand j'étais réveillé et que je rêvais pas. Même si c'était que des jours. Je voulais voir ta jolie tête, et t'entendre rire. Et me parler et m'embrasser, tout ça. C'était vraiment nul

Il essaie de me tuer en bombardant mon cœur je crois, je lui souris toujours en répondant:
-Oui je te comprends beaucoup. Ils laissaient pas trop ma famille rester en plus

Elias me dit:
-Moi pareil. Je les ai vues que ce matin. Et les infirmières ont dû les chasser,  pour que je dorme un peu plus. Comme si c'était pas assez depuis

Je souris en repensant au scandale de ma mère pour ça hier. Mais je m'arrête en le voyant grimacer, en s'asseyant plus haut. Je lui dis:
-Non

Il réplique en fronçant brièvement les sourcils:
-Chut

Je réponds:
-Je vais te faire rechuter dans ton sommeil oui

Il rigole et je peux pas m'empêcher de l'imiter. Il me dit sur un ton plaintif:
-T'es tellement violente d'un coup

Je réplique:
-T'as pas vu Ella

On rit puis je m'arrête attristée et il me demande:
-Quoi?

Je lui dis:
-Je suis tellement désolée pour avoir douté de toi. Ça m'a vraiment fait mal. Je me suis fait ça à moi-même. Parce que je suis une stupide connasse. J'allais te redemander. Je te jure que j'...

Elias me coupe l'air grave:
-Hey. Dis plus jamais ça. T'es pas stupide. Et encore moins une connasse. Je sais que c'est devenu compliqué, et je t'ai entendu au début. Tu le croyais pas. Mais il a trouvé le moyen d'entrer dans ta tête

Il a utilisé mes faiblesses, et mes complexes. Dont j'aurais jamais dû lui parler. Mais je pensais qu'on était proches. Quelle idiote. Tout ça c'est vraiment de ma faute. Elias m'appelle:
-Eh Inerita, arrêtes de te dire des conneries

Je lui souris et il ajoute plus sérieusement:
-Je suis désolé pour t'avoir fait croire que c'était vrai

Je lui demande toujours confuse:
-Mais pourquoi? T'étais si énervé?

Il avoue:
-Oui. Une partie conne, vraiment conne de moi l'étais. Mais la majorité voulait que tu le crois. Pour pas les énerver, et sortir de là en vie. Que toi au moins tu t'en sortes. Mais te voir pleurer ça me faisait tellement mal, que j'ai failli craquer

Je souris un peu. Il caresse ma joue avec son beau regard azur et ses mèches blondes un peu en désordre, en me disant:
-Pleures pas mon précieux

Je peux pas m'empêcher de sourire pendant que mon intérieur s'agite. En regardant mes bandages visibles et en cherchant le reste du regard il me demande:
-Ça te fait mal?

Je réponds en souriant trop contente de me plaindre:
-C'est surtout chiant. Mais avec les médicaments, non. Tant que je fais pas trop n'importe quoi je suppose. Mais quand je le sens à nouveau, ça gratte beaucoup. Heureusement j'ai pas le temps de le sentir empirer. J'ai d'autres médicaments avant

Il me sourit en hochant la tête et dis:
-Pareil, on dirait bien qu'on va passer les vacances ici

Je soupire et commente:
-Fantastique hein?

Avec son regard lumineux il me répond:
-Du moment que je suis avec toi...

On se sourit mais il soupire et dis:
-Je suis vraiment un aimant à couteaux et en plus c'est contagieux

Je plisse les yeux en répondant:
-C'est pas drôle idiot

Il rit et me dis doucement:
-Viens?

Il m'indique le lit d'un signe de tête. Je laisse mes béquilles sur la chaise devant le lit, que je rejoins à cloche pied. Elias m'ordonne presque:
-Hey essaies pas de tomber devant moi, prends tes béquilles

Je l'ignore en riant puis me lance sur le lit. Comme une sorte de boule à canon-étoile de mer. J'essaies de m'asseoir, mais Elias me tire vers lui. Avec une force surprenante pour quelqu'un qui a eu tout ça. Il récupère vite...
On doit avoir l'air tellement bizarres. Avec nos blessures handicapantes auxquelles on est pas habitués. Je me roule hors de ses bras pour aller à côté, afin de ne pas trop m'appuyer sur lui. Je m'assied à son niveau contre le dossier de lit. Il me regarde d'une façon qui me traduis très bien ce qu'il veut dire, quand il me dit:
-Viens

Je souris et nos lèvres se retrouvent enfin après tout ce temps. On s'embrasse lentement. Mais les feux d'artifice dans mon ventre, explosent aussi vite, que mon cœur bat, au fur et à mesure qu'il me tire vers lui. On a fini par glisser de notre position assise et il continue de me tenir contre lui, malgré sa blessure. Je ne  sens pas trop les miennes avec les médicaments et je ne bouge pas trop, donc ça va. Mais lui je sais pas. Je sais pas s'il est censé se mettre sur le côté, et encore moins tenir quelque chose, ou quelqu'un d'aussi près. Il est plus blessé que moi.

Je me détache difficilement de ses lèvres et lui dis doucement:
-Ta blessure

Il me sourit et répond
-Je vais bien ok? Je te le dis si ça va pas

J'hésite et il me dit:
-Promis

Ses lèvres caressent doucement les miennes et je retombe dans ce matelas de sensations pendant que mes orteils se recroquevillent sur la jambe que je sens bien mais je suis sûr que c'est pareil sur l'autre que je sens moins. J'ai compris les jambes, vous êtes encore là.


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