Chapitre 67

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Inerita

Je me fais suivre. Je me retourne mais la personne disparaît. J'ai presque l'impression que c'est dans ma tête. Mais non je le sais. J'ai vu la personne en noir derrière moi, quand elle n'a pas pu se cacher vers un arbre. Je me demande si elle est encore là. Je m'arrête et attends, mais rien. J'aurais aimé qu'Elias soit là. Il l'aurait eu. Mais là c'est mort. Je reprends mon chemin bordé de chênes en serrant ma lacrymo.

***

Quand je parle de la personne qui m'a suivie à Elias il demande concerné:
-Putain tu vas bien? On t'a rien fait?

Je réponds:
-Non comme tu vois. Donc s'il te plaît commence pas avec tes "on arrête" alors qu'on a presque fini

Il semble réfléchir, en faisant glisser ses iris dans plusieurs directions, soupire puis abdique. Il me dit:
-Ok...mais je crois qu'ils ont eu Sophia hier. J'ai entendu qu'elle était toujours là-bas. Mais je sais pas si c'est pour, Lucy, Sun ou les deux

Je marmonne:
-C'était pas la silhouette de Sophia. Je crois que c'était un gars. Un partenaire...

Elias me dit:
-Ou le tueur est une autre personne

Je le regarde et dis en même temps que lui:
-Enrique

Je dis en secouant la tête:
-Ça va être impossible à prouver

Elias suggère:
-On peut juste pousser la police dans sa direction avec le téléphone

Je réponds:
-C'est pas assez. Y'a pas assez dans le téléphone. Même sur Sun il y a rien. Enfin peut-être qu'ils peuvent trouver. Mais imagine ils le laissent sortir, le temps de récupérer les fichiers. T'as vu Sophia. Imagines la réaction d'Enrique

Elias dit sur un ton contenant de l'agressivité:
-Il va rien te faire

Je lui souris et lui dis en mettant une mèche blonde derrière ses oreilles:
-Eh mon précieux...

On rit comme souvent, à cause de ma blague pourrie nous ayant inspiré ce surnom. Merci Gollum. Je continue plus sérieusement:
-Il peut vraiment te faire du mal. N'importe qui peut trouver un moyen. On est pas indestructibles. Surtout si c'est le tueur et qu'on se rapproche trop

Elias me dit:
-C'est pour ça que j'ai dit qu'on l'expédie à la police avec son téléphone

Je ris et malgré son léger sourire il me dit:
-C'est pas drôle Inerita

Je lui réponds:
-Ok, mais je dois juste me rapprocher un peu. S'il a tué Sun on doit savoir comment et pourquoi

Elias me demande ennuyé:
-Mais pourquoi?

Je réponds:
-Parce que c'est l'essentiel. Si on a ça on est bon, c'est fini

Il rattache ses cheveux n'ayant toujours pas réussis à dépasser ses épaules, à cause de la bataille inégale avec les ciseaux. Il inspire bruyamment et me demande:
-Comment on fait ça? Il te fait plus confiance

Je marmonne:
-Je sais pas...

Au bout de quelques secondes il esquisse son rire lumineux, relevant ses pommettes saillante, et plissant son regard profond. Il me demande :
-Qu'est-ce que tu fixes?

Je lui dis en riant:
-Tes lèvres

Il s'approche et les joint aux miennes. Je tombe sur le lit en riant, et on continue de s'embrasser. Jusqu'à ce qu'on entende des bruits. Je m'arrête et dis:
-T'entends?

Il me répond:
-Non

Mais quand nos lèvres sont sur le point de se retoucher ça recommence. Il me dit:
-C'est dehors

On se dirige vers la fenêtre et j'écarquille les yeux. Des buissons devant la maison sont en feu. Je cours en bas, malgré les cris d'Elias qui m'appelle. Je vais dehors où les voisins sont rassemblés. Dont ceux qui essaient de tout éteindre, avec leurs tuyaux d'arrosage. Mais c'est mon visage qui est mouillé. Ma vision se brouille sur les chevelures blondes de Lara et Elisa, leurs mère. Elle commence à me parler, mais je n'entends plus. Elias me prend dans ses bras, pendant que je suis en train d'exploser en répétant:
-C'est ma faute! C'est ma faute! C'est ma faute!

Je ne peux pas m'empêcher de le répéter, jusqu'à me calmer en même temps que la panique générale. Paradoxalement le bruit des sirènes a dû apaiser les gens. Elias s'est arrêté de demander ce que j'ai. À la place il est toujours en train de caresser mes tresses et d'embrasser ma tête. Je le sens me soulever. Une fois dans sa chambre il me couche sur le lit, en me disant doucement:
-Calme-toi ok?

Je m'efforce de le faire et cligne des yeux. Quand je les rouvre la fenêtre est noire. Je vois Elias dormir sur le canapé. Il le dépasserait presque avec son corps. Mais en même temps il a un air tellement innocent quand il dort. On ne dirait pas qu'il puisse faire du mal à qui que ce soit, avec son visage d'ange. Il ronfle un peu quand même. Il ouvre doucement les yeux, ses deux océans. Il me demande à moitié endormi:
-Pourquoi tu souris?

Il s'étire avec une espèce de ronronnement et s'assied. Il se frotte les yeux et me regarde l'air pas trop réveillé, avant de me demander la voix aggravée par le réveil:
-Tu vas mieux?

Je m'assieds à côté de lui et lui dis en souriant:
-Désolé j'ai interrompu ton moment avec le canapé

Il rit et je continue plus sombrement:
-Pardon, pour tout

Il me lance un regard interrogateur et je lui réponds:
-C'est ma faute

Il fronce les sourcils et me dit:
-Encore ça? T'arrêtais pas de crier ça. Pourquoi? Qu'est-ce qu'il s'est passé?

Je lui raconte mon cauchemar et il m'embrasse doucement avant de me dire avec son regard plein de compassion:
-C'est terrifiant

Je lui demande confuse:
-T'es pas en colère?

En prenant ma main il me dit:
-C'est un cauchemar Inerita

Je lui répond:
-Mais regardes ce qu'il s'est passé, et si...

Je couvre mon visage de ma main et il dépose un baiser sur ma tête en me disant:
-Pleures pas

Je murmure:
-Quelque chose de grave va arriver et tu vas me détester

Il soulève ma tête par le menton et s'accroche à mon regard avant de m'assurer:
-Je peux pas te détester Inerita

J'hoche la tête pendant que mon cœur s'emballe. Je baisse les yeux et il me demande:
-Pourquoi ça serait de ta faute? Ce rêve était même pas logique

Je lui dis:
-Je suis celle qui a voulu continuer tout ça

Il répond:
-Je t'ai suivi

Je fixe mes genoux et il me dit:
-Aller recommences pas à pleurer tu vas avoir l'air d'avoir fumé

Je le pousse et il rit cet idiot.

***

Aujourd'hui j'arrête toute cette merde, hier c'était trop. Enrique a accepté de me parler chez lui, par je ne sais quel miracle ou malédiction. J'ai décidé de le dire à Elias dehors. Exprès pour qu'il ne puisse rien faire. Je voulais le voir une dernière fois. Juste au cas où.

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