chp 10

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- Emilie ?

J'entends sa surprise et me braque instantanément.

- Qui d'autre ? Je réponds agressivement.

- Ca va ? Il demande inquiet.

- Si ça allait tu penses que je t'aurais appelé ?

- Un vrai rayon de soleil. Bon, salut.

Je panique quand il s'apprête à raccrocher et me rends compte que ma façon de réagir n'était peut être pas la plus appropriée pour le garder. Mon dieu comme je déteste devoir faire des efforts pour les autres. Ca me dégoute mais j'ai besoin de lui. Oula cette pensée aussi me dégoute.

- Attends ! Euh je, tu es occupé ? Je ne veux pas rester chez moi.

Cette question m'arrache la gorge. Je demande son avis à quelqu'un.

Je l'entends souffler et me vexe à l'idée de réellement le déranger. Il devrait être heureux que je lui parle et arrêter ce qu'il fait pour moi, je veux dire c'est ce que font les autres.

- On se retrouve au parc près du lycée. Près des balançoires, je pars.

Je n'ai pas le temps de répondre qu'il raccroche. Il a osé me raccrocher au nez, je vais lui dire ma façon de penser. J'ai envie de le vexer et de l'envoyer chier pour ça mais je me rends compte à quel point je suis pathétique quand je préfère voir ce mec insolent dans un putain de parc plutôt que de rester entre ces quatre murs.

Je ne prends pas la peine de remonter me changer et ne croise personne quand je passe dans le couloir jusqu'au hall d'entrée. Toujours vêtue de mon peignoir, j'enfile mes anciens talons chanel bon à jeter et attrape mon manteau à poil en laine. J'essaie d'arranger mes yeux rougis et ramasse mes cheveux en queue de cheval approximative. Je perds la bagarre contre mes sourcils et mes cils donc sors sans maquillage. Si je croise quelqu'un que je connais habillée comme ça, je me jette sous les roues de la première voiture qui passe.

L'air dehors est vrai et me fouette le visage mais bizarrement ça ne me dérange pas. J'ai l'impression que c'est la première chose qui me détend ce soir. J'en ai pour environ quinze minutes à pied et la température dehors n'est pas super agréable mais je mourrais plutôt qu'admettre que j'ai peur de perdre le contrôle en conduisant. Je marchais beaucoup avant, j'aimais sentir le soleil sur ma peau, la pluie coulant sur mes joues, le vent dans mes cheveux. Je crois que ça me manque. Je secoue la tête pour m'enlever ce genre de pensées. Je n'ai pas besoin de me rappeler du passé, je dois survivre avant tout. Comme toujours.

J'arrive enfin au parc et m'aventure dans l'herbe en essayant de ne pas me casser une cheville. Je me la tords au moins trois fois et commence à insulter tout ce qui me passe par la tête. Quelle idée d'aller dans l'herbe avec mes talons de dix centimètres ? Heureusement que c'était la collection d'avant et que j'allais les jeter. Je ne vois pas le trou à cause du manque de lumière et m'écroule par terre.

- Putain de parc de merde ! Je crie à l'intention de personne.

J'entends un rire derrière moi et me recoiffe en me relevant. Quelle honte internationale.

Leo arrive à ma hauteur, un sourire moqueur aux lèvres qui me donne encore plus envie de le gifler et il désigne mon peignoir du menton.

- Je crois que tu as une légère tâche.

Je baisse les yeux vers la "légère tâche" de boue qui recouvre une bonne partie de mon vêtement de haute couture et grogne.

- Quelle idée merveilleuse de venir dans un parc. Et j'adore qu'on me raccroche au nez hein.

Vis pour moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant