chp 22

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Je me réveille en sueur, encore un putain de cauchemar. Dans celui ci, je me vois dans mon lit de mort, je vois mon enterrement, je vois mon futur. Je tremble de tout mon être, ma respiration est saccadée et je ne sais pas où je me trouve. Tout est noir, trop noir autour de moi. Je me frotte le visage plusieurs fois pour essayer de revenir à la réalité mais ça ne marche pas, je vois toujours mon corps inerte devant moi et ça me terrifie. La mort ne me réussit pas, j'ai l'air si en souffrance même comme ça. Mon corps est blême et fragile, mes joues trop creusées et mes yeux sont vides, ces lèvres trop pâles ne sont pas les miennes. Mon visage est baigné de larmes et je ne m'en rends quasiment pas compte si ce n'est qu'elles se déversent en flots sur mon top à bretelles en soie noir. Mon dieu, je vais mourir, je vais mourir. Je le sais mais les nuits sont toujours compliqué. Je ne peux juste pas rester ici, les murs sont trop rapprochés, la pièce trop petite et je manque d'air. C'est ça oui il me faut de l'air. Je cours en bas et loupe la dernière marche car mes jambes ne répondent plus à mon contrôle, me laissant tomber dans un fracas pas possible. Je ne peux pas enlever cette image de ma tête et partout ou je regarde, je vois la mort en face de moi, m'appelant. Je limite ma chute en me mettant en boule mais mes côtes ont pris un coup sur la rambarde. Je ne peux pas continuer comme ça. Je ne peux pas, je préfère arrêter maintenant. Je me glisse face contre le sol et rampe jusqu'à la cuisine en pleurant bruyamment. Je me fiche pas mal que l'on m'entende pour mes derniers instant. Je me hisse comme je peux sur un tabouret et attrape le couteau de cuisine devant moi, il me fait pleurer d'autant plus. Je suis faible, je ne peux pas vivre comme ça, je me sens déjà morte alors quel est l'intérêt ? Je le fixe quelques instants sans vraiment savoir si je suis prête mais je ne le serai jamais, personne n'est jamais prêt à mourir. Je ne peux plus me voir mourir toutes les nuits et devoir affronter les journées sans savoir ce qui m'attend. Ma vie n'a plus de sens, elle n'en a plus eu dès l'instant où l'on m'a annoncé que j'étais malade et je suis dans le déni de penser que je peux enfin être heureuse si proche de la mort. Je respire une fois, deux fois et quand je l'approche de mon corps, il repousse l'idée et mon instinct de survis reprend le dessus. Je suis prise de hauts le cur et vomis toutes mes tripes sur le parquet. Les crampes ne s'arrêtent pas tout de suite, pas avant d'avoir commencé à m'étouffer avec ma propre bile. Je m'appuie contre le placard derrière moi et essaie de me vider la tête pour que cela devienne plus facile, ce n'est pas le cas.

Le couteau dans la main droite, la pointe dirigée vers mon estomac et l'autre tremblante sur mon visage, j'attends d'être prête car je sais que je le suis au fond de moi. Ou peut être que je ne le serai vraiment jamais et que c'est justement ça le problème. J'hurle ma rage et au moment ou je pense que je vais me planter j'entends un cri qui couvre le mien. Je lève les yeux et ma mère se tient devant moi avec Martin qui tente de s'approcher et Leo qui a l'air tétanisé. Ma mère se laisse tomber sur les genoux et pleure de tout son être. Elle n'essaie même pas de m'approcher car elle doit savoir au fond d'elle que ça ne changerait rien. Elle a l'air dévasté, comme si c'était elle qui voulait mourir. Je ne l'avais jamais vu dans un état pareil, même quand on m'a appris ma maladie. Son peignoir en soie bleu pend sans vie contre son corps et elle est prise de soubresauts. Elle se cache le visage de ses mains pour ne pas voir l'horreur de la scène, comme si ça allait la faire disparaitre, comme si je ne me tenais pas devant elle prête à m'éventrer. Ses cheveux emmêlés lui tombent devant le visage et ses doigts fins tremblent de peur. Elle répète mon prénom en boucle, comme prise de frénésie.

- Emilie, parlons. Commence Martin doucement. Il a une main posée sur l'épaule de ma mère, faisant des petits cercles apaisant et une tremblante tendue vers moi.

- N'approche pas ! Je réplique en enfonçant un peu plus la pointe du couteau dans mon ventre. Je dois avoir l'air d'une folle, je vois dans leurs yeux à tous les trois que je ne suis plus saine d'esprit. Ca fait longtemps que je ne le suis plus.

Vis pour moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant