chp 24

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Leo m'a emmené à la fête foraine et m'a acheté une peluche. Je l'ai posé sur ma table de chevet en rentrant, elle fait tâche mais je l'adore. Nous n'avons plus eu de contact depuis qu'il m'a embrassé et je dois avouer que ça me manque. Je me suis habituée à l'infirmière qui passe matin et soir me piquer, au début je la jugeais et l'envoyais chier, mon côté peste revenait au gallot puis après l'avoir fait pleurer deux, trois fois, je me suis calmée.

Je me lève de mon lit plutôt heureuse, autant que je puisse l'être en tout cas. Ma mère et Martin m'attendent pour le petit déjeuner, c'est devenu quelque chose de presque normal depuis quelques jours et ce n'est pas pour me déplaire. Chaque jour elle me prépare un gateau différent, achète des fruits et toutes sortent de viennoiseries pour nourrir tout un régiment.

Je commence à marcher quand je tombe dans un fracas pas possible.

- Putain, non. Je commence à paniquer.

Mes deux jambes ne répondent plus à mon appel, elles ne tremblent même pas, elles n'existent juste plus. Ca m'arrive de plus en plus ces temps ci. Je rampe jusqu'à mon bureau et attrape les béquilles que ma mère a acheté pour me maintenir debout. Je déteste les utiliser, je me sens si désemparée et inapte mais je ne peux plus marcher sans.

Je me hisse comme je peux contre le mur et me tiens en appui jusqu'à réussir à me mettre debout. Martin entre dans ma chambre à ce moment pour m'aider à marcher. Je ne vais plus au lycée ces dernier temps, une grosse grippe apparemment. Clea, qui est la seule que j'autorise à voir ma condition se dégrader vient m'apporter mes leçons. Enfin elle et Leo qui passe chaque jour pour voir si je suis toujours en vie. Je sais qu'il rit aux éclats et que son sourire ne se décolle pas de ses lèvres mais que c'est feint, je vois dans ces yeux toute l'inquiétude qu'il ne peut cacher.

- Aller ma grande, un pas après l'autre, tente Martin pour me faire rire.

Je souris pour lui faire plaisir.

- Je sais encore marcher.

C'est faux, ça fait des jours que je ne sais plus tenir debout. Je me réveille chaque jour ne sachant pas si mon corps va tenir le coup.

Il me prend par les aisselles tandis que je prends appui sur mes béquilles et nous avançons lentement jusqu'aux escaliers d'où il me porte pour descendre. Arriver en bas, il ne veut pas me lâcher et son attention m'agace autant qu'elle me fait plaisir. Je ne suis pas complètement inapte, du moins pas encore. Les médecins avaient dit que j'avais encore plusieurs semaines avant que mon corps ne me lâche, apparemment il n'est pas du même avis. J'essaie de ne plus pleurer quand ça m'arrive mais les larmes se mettent tout le temps inévitablement à couler toutes seules.

- C'est bon Martin, je gère.

- Tu es sûre ?

- Je gère je te dis. Je reprends avec agacement.

Il laisse échapper un petit "okay" mais reste tout de même près de moi. Je me traine à travers ma cuisine plus que je ne marche et mes bras me font mal à cause de l'effort. Mes triceps me brulent, mes biceps sont complètement tétanisés mais au moins j'ai toujours leur contrôle. Ma mère tire une chaise et m'aide à m'assoir dessus. Je lui murmure un petit merci avant qu'ils s'installent à leur tour. Nous mangeons en échangeant des banalités, je sais qu'ils tentent juste de me changer les idées, ça fait des jours que je suis enfermée dans la maison.

Quelqu'un toque à la porte et je sais déjà qui c'est, je m'empresse de me lever aussi bien que je le peu et prends plusieurs minutes avant d'y arriver sous le regard peiné de ma mère que j'ignore. Je lui fais pitié, je leur fais tous pitié, même moi je me fais pitié, je l'ai accepté.

Vis pour moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant