Equilatéral

CHAPITRE XI : Interlude et non-dits

Vêtu d'une simple chemise à moitié entre-ouverte, dans une petite ruelle sombre de l'arrière d'un club, Bill Kaulitz aurait pu ressentir rapidement le froid engourdir ses membres. Seulement, il n'en était rien. Il était animé par une passion fougueuse et incontrôlable, qui lui dévorait les entrailles, le consumait lentement au contact du corps qu'il maintenait fermement entre ses mains. Ces yeux qui le regardaient avec autant d'agressivité le rendaient complètement fou allié. Il avait envie de dévorer chaque parcelle de sa peau, de mordre sauvagement chaque endroit sensible, de lui faire mal à la hauteur de combien il la désirait. Le temps semblait s'être arrêté jusqu'à ce qu'il rattrape, de justesse, le corps engourdi et inerte de Madeleine Evans. 

- Merde !, jura-t-il. 

Délicatement, il enleva les mèches de cheveux qui couvraient son cou et son visage. Il appuya son index et son majeur sur la carotide saillante afin de vérifier les pulsations irrégulières des battements de son coeur. 

- Elle s'est évanouie. 

- Elle a trop bu, c'est évident., affirma Tom Kaulitz. Il faut la raccompagner chez elle. 

- Très bien, allons-y. Je vais prévenir Romy que nous partons. Tu peux la porter jusqu'à la voiture ? 

-Oui. Je te retrouve sur le parking. 

Bill déposa précautionneusement le petit corps inanimé entre les bras de son frère, la seule personne en qui il avait réellement confiance. Lorsque Tom souleva Madeleine, elle poussa un léger gémissement et s'accrocha fermement à son cou. Ses cheveux caressait involontairement le visage de Madeleine. Il n'y pouvait rien et aussi loin qu'il s'en souvienne, il avait toujours eu les cheveux longs. 

- Vous sentez bon., arriva-t-elle à articuler. 

Avec sa réputation de Don Juan, Tom Kaulitz aurait très bien pu profiter de cette jeune femme sans aucun remord. Enfin, c'était plutôt l'image qu'il avait accepté d'endosser durant plusieurs année et allègrement véhiculée par les tabloïds. En réalité, même s'il était d'un naturel imposant et charismatique, Tom Kaulitz était calme et pudique, un brin timide lorsque la situation l'imposait. La phrase prononcée par Madeleine le mit mal à l'aise mais il ne répondit rien par bienveillance, mettant cela sur le compte de l'alcool. 

- Je me rappelle de vous au dinner, vous savez. Votre façon insistante de m'observer. 

Surpris par cette étonnante révélation, Tom écarquilla instinctivement les yeux. Soit il avait mal entendu, soit il avait mal compris ce baragouin inaudible. Il est vrai que la discrétion n'avait jamais été son fort mais il ne pensait pas avoir été démasqué aussi facilement, surtout qu'elle ne connaissait pas son identité. 

- Vous devriez vous reposer., suggéra-t-il simplement d'une voix douce. 

- C'est vrai que l'on est bien dans vos bras. 

Arrivé sur le parking, Tom installa soigneusement Madeleine, redevenue inconsciente, à l'arrière de la Range Rover SV, très beau cadeau de mariage de son meilleur ami. Il vérifia que sa ceinture était bien attachée et ferma doucement la portière afin de ne pas l'effrayer. Il s'installa au volant et fit rugir le moteur, signal que Bill ne devait pas tarder. Il avait vu juste puisque quelques minutes plus tard, son frère, essoufflé, prit place sur le siège passager. 

- Je leur ai dit que nous avions une séance de studio improvisée demain matin avec les autres et que nous devions rentrer., l'informa-t-il en bouclant sa ceinture de sécurité.