CHAPITRE IX : I'm your King

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Tom Kaulitz était garé au volant de la Cadillac rouge décapotable qu'il s'était offerte quelques mois plus tôt, ayant pour seul passager son frère jumeau. A travers leurs verres fumés, tous deux scrutaient attentivement la façade d'un luxueux immeuble du quartier de West Hollywood.

Quelques minutes plus tard, une jeune femme à la crinière auburn franchit le hall de l'immeuble et s'arrêta sur son seuil. L'oeil hagard, elle cherchait désespérément quelque chose ou plutôt quelqu'un. Elle se cramponnait si fort à son sac à main que son comportement s'apparentait à celui d'une petite fille apeurée et craintive, le regard ahurie, croisant les jambes, tapant la pointe de ses chaussures sur le bitume. Une certaine candeur s'émanait d'elle ce qui contrastait fortement avec l'air effronté qu'elle se donnait en public.

- Cette fille...., murmura-t-il en dévorant des yeux la jeune femme.

- Je sais., trancha Bill.

- Elle va nous mener à notre perte, Bill.

- Je sais.


QUELQUES SEMAINES AUPARAVANT

Je n'oublierai jamais ma première rencontre officielle avec Bill Kaulitz, qui m'a été aussi bénéfique que dévastatrice pour la suite des évènements. Quelques jours après ce rendez-vous, je me surprenais à me retrouver perdue dans les limbes de mes pensées. Je revivais notre rencontre impromptue dans ce club, puis au dinner, qui m'avait valu, au passage, quelques sueurs froides, et enfin, cette entrevue personnelle. Je repensais à son attitude autoritaire et intimidante, la posture élégante qu'il adoptait spontanément, son regard magnétique qui me troublait au plus profond de mon être. N'importe qui pouvait être envouté par le charme naturel que dégageait Bill Kaulitz.

Le jour, je résistais plus au moins à l'envie de songer continuellement à lui, parcourant de long en large la ville et jouant les touristes lambdas. La nuit, cela était une autre paire de manche. Je n'avais plus envie de résister et je m'abandonnais complètement, dans un total lâcher prise. Du bout des doigts, je caressais ma lèvre inférieure, là où il restait encore, dans mon imaginaire, les effluves de son souffle brûlant. Je poursuivais en effleurant le centre de ma poitrine jusqu'à descendre lentement vers mes membres inférieurs pour enfin laisser mes doigts explorer délicatement le bas de mon ventre. Je touchais toutes les parties de mon corps où il avait inconsciemment apposé son sceau lors de cette première soirée. Les joues rougies et la peau moite, je sentais mes tempes pulser sous l'effet du désir qui m'animait. Qu'est-ce qu'il m'arrivait ? Mes élucubrations érotiques furent interrompues par le cliquetis sonore de mon téléphone qui m'indiquait que j'avais un nouvel e-mail. Dans un sursaut, je laissais échapper une interjection de surprise. Je ne m'attendais pas à en recevoir un à une heure pareille. Je me saisis de mon téléphone posé sur ma table de nuit et restais interloquée devant la notification qui s'affichait sur mon écran.

« Ms. Evans,

Je souhaitais prendre, cette fois-ci, directement contact avec vous et non pas par l'intermédiaire de Zita. J'espère que vous n'y voyais pas d'inconvénient.

Que diriez-vous de me retrouver au Kinghills Palace demain, à 12H00 , pour une première séance de travail ?

Dans l'attente de votre réponse,

Bill Kaulitz. »



Bill Kaulitz pensait à moi à trois heures du matin ? Surprenant. Je répondis presque immédiatement par l'affirmative, de manière courtoise et brève, alors qu'une vague d'euphorie embuait déjà mon esprit.



Beaucoup trop agitée par cette invitation, j'avais très mal dormi la veille mais cela ne m'empêcha pas de me retrouver à l'heure souhaitée sur le parvis du Kinghills Palace. Le lieu était aussi spectaculaire que la réputation qui le précédait. Avec son architecture néo-gothique et ses prestigieux occupants, j'avais l'impression de faire un bond dans le temps et d'être transportée à l'ère de l'âge d'or hollywoodien. Une époque révolue, certes, mais qui n'avait rien perdue de son charme. Par ailleurs, je me félicitais intérieurement d'avoir fait un effort vestimentaire. Toujours dans une certaine forme de provocation, j'avais choisi de porter un corset noir qui, hormis de fines bandes sur les flancs et les seins, étaient entièrement transparent et dont les manches en tulle me tombaient lâchement sur les avants-bras. Je l'avais accordé avec un pantalon de tailleur de la même couleur et des escarpins qui étaient une parfaite réplique des Garavani de Valentino.

EquilatéralOù les histoires vivent. Découvrez maintenant