CHAPITRE VI : Bootsy Bellows

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Abasourdie, je n'osais franchir le seuil de la porte, détaillant l'immensité du luxueux appartement dont j'allais être la nouvelle locataire. 

- Entre Madeleine ! Je t'en prie., me suggéra Zita. 

- C'est beaucoup...trop pour une simple personne, murmurais-je. 

Timidement, je posais un pied dans le hall d'entrée qui donnait sur un vaste séjour dont je ne voyais même pas le bout. Appeler ça un appartement était un euphémisme, cela correspondait plus à loft. Deux grands canapés, de six places au moins, étaient disposés l'un en face de l'autre. A gauche de la pièce, l'âtre d'une cheminée était surplombé d'un écran plasma sobre et discret. La décoration était moderne, soignée et épurée. A ma droite, une immense cuisine à l'américaine avec un beau comptoir en bois brut et tout le confort nécessaire pour devenir un véritable chef cuisiner. Mais ce qui attira immédiatement mon regard était la vue exceptionnelle que l'on pouvait admirer sur le balcon ou plutôt la terrasse démesurée. 

- Je me doute bien que ça doit changer de ton appartement parisien. Ton nouvel employeur souhaitait absolument que tu disposes de tout ce dont tu as besoin le temps de ton séjour.

- Un simple deux pièces aurait suffit. Je suppose que c'est cela l'extravagance à l'américaine, soupirais-je.

- Je dois filer malheureusement, on m'attend au bureau, dit-elle en s'avançant vers moi afin de me remettre les clés. Installes toi tranquillement, prends tes marques et surtout reposes toi. 

- Attends ! J'ai pleins de questions restaient en suspens. 

- Je sais !, cria-t-elle en descendant les escaliers. Retrouve moi ce soir au Boosty Bellows vers 22H00 si tu n'es pas trop fatiguée. On discutera de certains détails qui te taraudent. A plus ! 

La massive porte d'entrée fermée à double tours, je pouvais enfin me mettre à mon aise. Je me dirigeais vers le comptoir où un bouquet de fleurs blanches et roses m'attendaient ainsi qu'un petit panier surprise. Je piochais un chocolat au hasard lisant la carte qui m'était adressée : 

« En espérant que votre séjour soit agréable. 

B. » 

Signer d'une simple lettre ne m'aiderait pas davantage à deviner son identité. Je fis le tour du loft, découvrant une superbe suite parentale avec une salle de bain en marbre  blanc immaculée et un dressing tout aussi grand que cette dernière. J'effleurais du bout des doigts le mobilier haut de gamme et me laissais tomber sur l'un des spacieux canapé. Je mis les paumes de mes mains sur mon visage et m'autorisais quelques minutes afin de reprendre mon souffle. Tout ce que j'avais sous les yeux me fit prendre conscience de la situation surréaliste et grotesque dans laquelle je me trouvais. La veille, je me trouvais encore à tourner en rond dans mon petit appartement miteux du 14ème arrondissement de Paris et aujourd'hui, je me retrouve à Los Angeles, dans un appartement qui ressemble à une villa pour co-écrire une biographie avec quelqu'un dont je ne connaissais même pas le simple nom. J'avais définitivement besoin d'un verre, cela ne faisait aucun doute. 

Allongée sur le canapé, sirotant délicatement le très bon whisky que j'avais trouvé dans le mini-bar, je prenais connaissance de mes e-mails et messages. J'en profitais pour regarder, par curiosité, à quoi ressemblait le fameux Boosty Bellows dont Zita m'avait parlé précédemment. Oh, seigneur ! Faisant défiler rapidement les images sur l'écran, je déglutis difficilement. Un Club ? Zita n'avait-elle pas trouver plus intime pour une conversation professionnelle ? J'allais donc devoir sortir de ma zone de confort et j'étais complètement livrée à moi-même pour affronter ça. Je maudissais Jimmy pour cette épreuves et toutes les autres qui suivront. Les larmes me montèrent rapidement aux yeux et je mis cela sur le compte du voyage épuisant que je venais de passer. Je me sentais seule et j'avais envie de pleurer aussi fort que je le pouvais mais le décalage horaire eut raison de moi et je m'assoupis presque instantanément.

EquilatéralOù les histoires vivent. Découvrez maintenant