- Qu'est ce qu'il se passe ? J'ai fait quelque chose de mal ?
- Non je... Je n'ai juste pas envie, je n'aurais pas dû venir.
- T'es sérieuse ? c'est toi qui a accepté de venir, je te rappelle ! tu me chauffes et après tu me jette comme ça ? Mais tu te prends pour qui en fait, s'emporta Raphaëlle, vexée de se prendre un râteau à ce moment-là de la soirée.
La réaction de Raphaëlle était justifiée et Juliette le savait. Elle venait clairement de la chauffer depuis des heures, l'avait suivi ici et, au moment fatidique, lui avait mis un énorme stop. Ses mots étaient peut-être un peu durs, mais Juliette ne pouvait s'en plaindre. Elle essaya de bafouiller des excuses, mais cela ne réussit pas à calmer l'état furieux dans lequel était sa partenaire du soir.
- T'es complètement paumée comme meuf c'est dingue, tu sais pas ce que tu veux.
Elle pouvait supporter la colère de Raphaëlle, mais il ne fallait pas aller trop loin non plus. Bien sûr qu'elle était paumée, bien sûr qu'elle était dans un état de détresse absolu. Mais ce n'était pas étonnant et Raphaëlle le savait très bien. Elle était présente au cinéma, était présente dans sa vie depuis ces derniers mois et était au courant de sa rupture difficile. Minimiser cela était bien trop dûr à accepter pour Juliette et c'est finalement elle qui s'emporta.
- Si, je sais !
Des larmes commencèrent à couler sur ses joues. Des larmes qui attendaient de couler depuis maintenant des semaines, depuis plus d'un mois en réalité. Depuis ce jour de mariage où Axelle avait choisi Maya plutôt qu'elle.
Ce jour où Axelle avait arraché son cœur de sa poitrine, laissant derrière elle une cage thoracique vide, froide et sans vie. Son cœur ne lui servait plus qu'à pomper son sang, mais ne lui apportait plus d'amour, plus de sentiments, rien. Tout était fade et sans saveur. Jusqu'à cet après-midi où elle l'avait vu en compagnie de sa fiancée. L'était-elle toujours ? Elle n'en savait rien et ne voulait surtout pas le savoir. Cette possible vérité était bien trop dure à imaginer alors mieux valait l'enterrer au fond de son cerveau et ne jamais y repenser.
Cet après-midi, elle avait bien cru mourir, déchirée par l'image de Maya, Axelle et cette petite fille qu'elle aurait pu imaginer être la leur. Non, Axelle ne pouvait pas refaire sa vie avec quelqu'un d'autre. C'était trop dur à accepter.
- C'est Axelle que je veux, ça a toujours été elle et ça le sera toujours... Je ne peux pas vivre sans elle...
C'est ainsi que pour la première fois depuis leur séparation, elle se mit à pleurer, sans pouvoir s'arrêter. Raphaëlle, hors d'elle, la jeta dehors encore en sous vêtement. Elle se retrouvait donc dans la rue, sans habits sur le dos et toujours incapable de s'arrêter de pleurer. Elle appela alors la seule personne qui savait où elle se trouvait et qui connaissait sa situation.
***
Linh dormait depuis déjà une bonne heure lorsque son téléphone sonna. Elle le laissa sonner dans le vide pendant quelques secondes avant de réaliser qui était la seule personne capable de l'appeler à une heure pareille. Elle attrapa son téléphone d'un geste vif et mal habile et décrocha. Juliette était au bout du fil. Elle ne comprenait rien à ce qu'elle disait à cause des sanglots incontrôlables qui l'empêchait de parler. Elle s'habilla et se jeta dans sa voiture. Elle se rendit à l'adresse indiquée par Raphaëlle quelques heures plus tôt et après une quinzaine de minutes, elle trouva Juliette, assise sur les escaliers du bâtiment en sous -vêtements. Heureusement la rue était vide et peu de monde semblait l'emprunter.
- Mon Dieu Juliette, qu'est ce que tu fais là comme ça ?! Habille toi voyons.
Elle semblait complètement perdue et désorientée, en état de choc. Linh ne l'avait jamais vue dans un état pareil. Elle savait pourtant qu'un jour ou l'autre, la peine de Juliette éclaterait, mais elle ne s'attendait pas à ce que cela arrive dans de telles conditions.
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A coeur perdu
RomanceLes centres hospitaliers ne sont habituellement pas un lieu de rencontre, on y va pour se soigner, pour obtenir un diagnostic et pour être sauvé en cas d'extrême urgence. C'est un lieu souvent effrayant où l'odeur de la mort flotte dans chaque coulo...