A coeur perdu

Chapitre 34

Axelle, étant complètement déboussolée par la réponse de Maya ne put qu'ouvrir la bouche sans qu'un seul mot ne sorte. Elle regarda lentement vers le sol, et la réalité la frappa une fois encore. Elles avaient inversé leurs pantalons dans la précipitation.

- T'es heureuse d'avoir enfin pu baiser ta petite jeune hein ? Tu dois être soulagée maintenant

Ses mots étaient durs et difficiles à entendre. Pourtant, elle ne pouvait lui en vouloir, elle venait littéralement de briser le peu de confiance qu'elle avait en elle. Pas que sa confiance d'ailleurs, à vouloir la sauver de tout son malheur, elle venait certainement de la briser elle toute entière.

- Maya Je...

- Non, tais-toi. Ne dit rien. Je me suis battue pour toi, tu étais pendant onze ans la seule personne qui me permettait de m'accrocher et de ne pas renoncer. Ensuite je t'ai retrouvé, encore une fois, je me suis battue pour te reconquérir, je t'ai donné tout ce que j'avais malgré le fait que je te sentais t'éloigner. Je t'ai demandé plusieurs fois si tu avais fait le bon choix, si rester ensemble était une bonne idée, et tu as toujours tout nié. Tu sais pas à quel point ça a été dur de t'accorder ma confiance à nouveau, pourtant je l'ai fait...

Elle avait raison et Axelle le savait, la culpabilité commençait déjà à la ronger mais tout était trop tard, elle avait les choses dans le désordre complet et devait maintenant en assumer les conséquences. La déception, la peine et la haine qu'elle lisait dans les yeux débordant de larmes de Maya... C'était insoutenable.

- ... Mais au final, je vois que certaines choses ne changent pas en onze ans. Tu es toujours cette salope incapable de te retenir de baiser tout ce qui bouge. Je lui souhaite bien du courage. Maintenant prends ta valise et tire toi, je veux plus jamais te revoir. T'as qu'à retourner la voir, elle attend que ça que tu l'as saute à nouveau de toute façon.

Axelle resta là, tétanisée. Bien sûr qu'elle avait prévu de rompre avec Maya. Elle savait depuis longtemps que ce moment arriverait, mais elle n'aurait jamais voulu que Maya l'apprenne de cette manière. Elle avait voulu attendre que Maya soit prête à vivre seule. Mais ce n'était pas une bonne excuse. Non, personne n'est prêt à se faire larguer, personne ne va bien après une rupture, il n'y avait pas de bon moment et il n'y en aurait jamais eu. A vouloir à tout prix le trouver, elle venait de commettre la pire des trahisons. Encore une fois. Maya avait raison, ce n'était qu'une salope sans cœur. Elle n'avait pas réussi à se retenir. Elle avait pourtant tout essayé, mais la tentation était trop forte et elle n'avait aucune excuse valable à donner. Elle se dégoûtait à en vomir. C'est donc le cœur lourd qu'elle ramassa ses affaires et sortit de l'appartement, essayant tant bien que mal de se retenir de s'excuser. Ca ne servait à rien, il était trop tard et des excuses n'aideraient pas.

Ce n'est qu'en arrivant dans la voiture qu'elle se mit à pleurer. Qu'allait elle faire ? Comment allait-elle se regarder dans une glace ? Pour l'heure il fallait surtout qu'elle trouve où aller. Chez Julie ? Elle n'était pas là. Chez Juliette ? Elle n'était pas sûre que ce soit une bonne idée. Pourtant, c'était la seule personne qu'elle voulait voir. Elle partit donc en direction de son appartement. Juliette avec l'argent de son album et de son film, pouvait enfin vivre seule, loin de ses parents et avait pu acheter un formidable petit logement en périphérie de la ville. Lorsque elle lui ouvrit, Axelle fondit en larmes dans ses bras.

Juliette, qui n'était pas habituée à voir Axelle dans cet état, elle qui ne montrait jamais ses émotions, mais elle connaissait la raison de sa venue. Elle avait essayé de la joindre des dizaines de fois, mais visiblement, cela n'avait servi à rien. En dehors des larmes, la détresse qu'elle voyait chez Axelle était incommensurable. Jamais elle ne l'avait vu comme ça. Tout était de sa faute, c'est elle qui l'avait séduite, c'est elle qui avait tout fait pour que cette situation arrive. Aveuglée par son amour pour elle, elle ne s'était pas rendu compte des dégâts que tout cela aurait pu produire. Mais maintenant, en voyant l'état dans lequel était son âme sœur, elle regrettait plus que tout d'avoir été si entreprenante.