VII/ Sabbat

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Le monde venait de se figer.


Le bruit sourd annonça l'événement que tout le monde attendait.


Avant le prochain.


Les jeunes filles du village terminèrent les derniers préparatifs, firent leurs toilettes et mirent leurs plus beaux atouts.

Puis toutes marchèrent vers l'escalier, surveillées de chaque côté par les gardiens de bois.

Certains membres de leur familles les suivirent, espérant que leur filles soient prises, ou l'inverse.


Lodo observa sa sœur partir, silencieuse.

Au moins, elle n'aurait pas à venir cette session, et le temps que la prochaine arrive, elle serait déjà hors course.

C'était leur destin.


🌳🌳🌳🌳🌳


Le maître des lieux venait d'apparaître.

Des cheveux dorés arrivant à son dos, un corps fin et bien bâti, garnit de quelques écorces sur son corps, des yeux verts brillants.

Il soupira, observant l'intérieur de Witgrassil.

Il venait de naître.

Il savait ce qu'il devait faire.

Il savait ce qui allait lui arriver.


L'entité monta les marches du « sous-sol », n'étant qu'un simple lieu où une lumière immaculée étincelait.

Il arriva dans un lieu blanc, vide, stérile. Rempli de meubles en bois, aux formes et enluminures aussi belle qu'inutile.

Il soupira.

Il approcha d'un des murs qui, dans un bruit sourd et long, se fissura en deux, laissant la lumière du soleil matinale pénétrer dans l'arbre.

Il sortit de son domaine.

Des vingtaines de jeunes femmes l'attendaient.


Toutes différentes. Pour tous les fétiches et autres affinités.

Des poitrines généreuses. Des corps bâtis. Des cicatrices. Des airs innocents. Sérieux. Lunettes. Piedmainbouchedoucesouriantegentilleniaiseblondegrande.


Comment pouvait-il aimer quelqu'un qu'il venait de rencontrer il y a dix secondes ?


Il avança, observé par toutes les filles.

Il se stoppa, balayant les sacrifices.

Puis, après trois longues secondes, il approcha d'une d'entre elles.

-Toi. Vient avec moi.


Les sorcières observèrent la victime. Soulagées, tristes ou heureuses.

Puis soudain, la mère de cette dernière fonça, en larme, vers sa fille, l'enlaçant dans ses bras.

-Oui ! Merci ma fille ! Merci de ton sacrifice ! Je vais pouvoir être bénie !


Heureusement que les lunettes de Albero étaient cassées : elle pût cacher ses larmes.


Cette dernière attrapa silencieusement la main du maître, une fois sa mère l'ayant relâchée, et marcha lentement vers l'arbre.

Quant à la mère, elle leva les yeux au ciel : D'un des bourgeons tomba un étrange liquide doré, s'étalant sur elle.

La fatigue.

Le chagrin.

La peur.

Tout disparut. Elle se sentait...

Elle ne s'était jamais senti aussi bien ! L'excitation et l'adrénaline avait remplacé les sentiments négatifs !


-Bordel.. Albé...Marmonna Mi en serrant le poing.

Les autres filles, accompagnées pour la plupart de leurs parents ou familles, partirent.


Seule Mi était restée seule, devant l'arbre.

Non. Viscy était avec elle.


-Ça devait arriver. commenta-t-elle.

-Non. Ça devait être moi.



Oui. Elle. Elle était la plus belle....

Elle devait partir et laisser ses amies en vie...Mais personne ne devait connaître cette raison.

Viscy serra le poing. Observant l'arbre qui s'était refermé. Les entités de bois surveillaient le lieu.

-Tu restes ici ?

-...Non. C'est bon.

Mi tourna les talons, reprenant le chemin du village. Viscy la suivit.


Elle a été sauvée du Sabbat.

Mais son aventure était terminée. Elle devait rester ici.


Adieu, voyage. Adieu, aventure.

Adieu, Val.


🌳🌳🌳🌳🌳


Les filles relevèrent la tête.

Quelqu'un venait de passer entre elles, escaladant les marches silencieusement.

Elles observèrent, sur son sillage.

De nombreux morceaux de membres.

Des morceaux de bois, s'enfonçant dans le sol pavé et étant remplacés par d'autres gardiens.

Les deux filles tournèrent la tête.


L'épée dans le dos. La cape au vent.

Les cheveux bruns mal coiffés.

Val's Ballad: Les sorcières du maraisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant