Chapitre 36 - Le projet A

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Sous un pull, deux mains puissantes se glissèrent avec ce très juste équilibre entre force et douceur, cherchant ce double contact, à la fois brulure et caresse, réchauffant un corps marqué par la mort, pour l'emplir de vie jusqu'à l'ivresse.

Elles remontaient doucement, avec envie, le long des côtes, repérant une autre barrière de tissu qu'il sera nécessaire d'abattre, dans un futur très proche, pour atteindre les omoplates, tremblantes, avant de redescendre, usant de la même pression, électrisant chaque parcelle de cette peau fantasmée pendant tellement de temps, et se faufiler sous un jean, qui ne demandait qu'à partir.

D'autres mains, plus délicates, encadraient un visage dont elles voulaient imprimer tous les contours. De leurs doigts fins, elles longeaient la mâchoire, remontaient le long des tempes, se faufilaient sur les arcades sourcilières, pour ensuite redescendre sur l'arrête du nez, jusqu'à cette bouche entreouverte, dont les lèvres ne demandaient qu'à être conquises.

Le regard plongé dans un cocon de nacre, Aerith ne résista pas, et se laissa emporter par la houle qui faisait basculer son corps contre celui d'un homme qu'elle avait tant espéré, sans jamais imaginé qu'un tel moment puisse devenir possible.

Ses mains, à lui, n'en finissaient pas de la presser contre son cœur, parcourant son dos avec la peur de la voir soudainement disparaître, quand les siennes, à elle, étaient désormais perdues dans une chevelure aussi noire que la nuit, cherchant, dans ce désespoir, de quoi s'accrocher.

Car ils allaient sombrer, elle en était certaine.

L'air se faisait de plus en plus rare, à force de le chercher chez l'autre, et contraint par la vie, qui pulsait violemment dans chacune de leurs veines, ils durent se séparer quelques secondes, pour reprendre ce souffle si cruel. Quelques secondes, où leur front, leur nez, leur regard, tout le reste de leur corps, restèrent immanquablement collé à l'autre, de peur de le perdre.

- Zack, tu es.... Là...

La porte de la chambre vint glisser sur toute sa largeur, apportant avec elle l'air glacé de l'hiver, qui sévissait par delà ce rêve.

Mais également, un autre regard bleu, infiniment plus orageux.

Cloud se tenait sur le seuil, les yeux immenses, le visage livide et le cœur suspendu.

Face à lui, sur un banc tourné en direction de la fenêtre, se trouvait Aerith, assise sur Zack, dans une position qui n'avait vraiment rien d'amical. La jeune femme, dos à la fenêtre, venait de lever les yeux vers le blond et se retrouva brutalement submergée par les mêmes émotions que lui.

Seul Zack semblait presque indifférent à ce qu'il se passait, sa frustration prenant le pas sur son humeur, maudissant sa bêtise de ne pas avoir fermé la porte à clé!

- Je... Je suis désolé.

Cloud se détourna brusquement, comme s'il venait de prendre conscience qu'il ne respirait plus, et entreprit de fermer la porte pour disparaitre, avant de se souvenir de la raison de sa venue.

- Vincent veut nous parler... A tous les quatre... Si c'est possible....

Et la porte glissa de nouveau, se refermant dans un silence total, comme si absolument rien ne s'était produit.

Sauf que le corps contre Zack s'écarta et que le regard dans lequel il s'était perdu jusqu'à maintenant, était désormais en proie à une immense confusion.

Ne cherchant pas à la retenir, il se contenta de la regarder remettre ses vêtements en place, de ses mains tremblantes, et se diriger vers la salle de bain, certainement pour se recoiffer.

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