Chapitre 8 - Douze heures

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- Il fallait que je le vois pour le croire...

Cid, les yeux rivés sur une princesse endormie, blanche comme les draps qui la recouvraient, avait une terrible envie de gueuler.

Mais devant les enfants qui dormaient profondément, emmitouflés dans d'épaisses couvertures, de part et d'autre de Tifa, il se retint et sortit de la chambre, d'un pas rapide.

Ses lèvres n'en finissaient pas de réduire en cendre, la misérable brindille qui remplaçait sa blonde habituelle. Lui qui voulait arrêter de fumer! Quelle connerie. Là, ici et maintenant, c'était tout un paquet qu'il se grillerait bien, pour se calmer les nerfs.

Revenu dans le salon, il attrapa Barret par le col, alors que ce dernier discutait avec Nanaki et Yuffie, et le traina jusqu'à l'extérieur de la maison. Etonnement, le chef n'opposa aucune résistance, et se laissa jeter dans la poudreuse.

- Expliques! Putain!

Le pilote bouillonnait de rage. Cette situation n'avait que trop durée.

- Que je t'explique quoi? Je vous ai déjà tout dit!

- Papi...

Yuffie voulut s'interposer, mais fut retenue par une patte amicale. Le lion sage regardait la scène, assit sur le pas de la porte. Lui aussi voulait comprendre.

- Je te parle pas de ce gâchis débile. Je te parle de ta putain d'obsession à vouloir protéger Tifa, au point de l'enfermer dans une prison qui va finir par la tuer!

Barret, qui époussetait la neige de ses vêtements, resta interloqué quelques secondes, à l'entente des dernières paroles de son ami.

- Qu'est ce que...

- Pourquoi... Bordel...

Cid tremblait, de rage et de colère, les yeux rivés dans ceux de son imbécile d'adversaire.

- Pourquoi tu la retiens ici!? Pourquoi ne l'as tu pas laissé rentrer, quand elle le voulait!? Pourquoi as tu décidé de tout leur caché, l'un à l'autre!?

L'homme en face de lui, n'en revenait pas de se faire reprocher le simple souhait de protéger une amie. Son regard chercha un peu de soutien auprès du lion et de la jeune femme derrière lui, mais aucun d'eux ne lui vint en aide. Ils restèrent simplement silencieux.

- T'as pas vu dans quel état elle est? Tu voulais que je fasse quoi? Dis le moi?! Ils sont incapables de se faire face sans sombrer!

Le blond cracha le cadavre de sa brindille et s'approcha, en l'espace d'une foulée, au plus près de Barret, avant de lui décrocher un uppercut. Le brun cilla, sous la douleur, la tête levée, mais son regard revint rapidement se planter dans celui de Cid, le défiant de recommencer.

- Est-ce que tu as déjà aimé quelqu'un...? Je te parle d'amour passionné, fou, déraisonnable et absolu...

Barret ne répondit pas. Bien sûr qu'il savait. Mais la Shinra lui avait tout prix, l'espace d'une nuit. Et depuis il s'était retrouvé avec un bébé sur les bras dans des circonstances qui lui avaient juste fait passer l'envie de rechercher, de nouveau, une telle symbiose.

Cid avait remis les bras le long de son corps et baissé les yeux vers l'horizon enneigé.

- Moi oui.

Avant de revenir fiché son regard clair dans celui sombre de son ami.

- Et je peux te dire une chose. Séparé l'un de l'autre... On ne peut qu'en crever.

Un vent froid, glacial, vint les saisir et leur rappeler, à tous, l'amère réalité de la vie.

La liberté, la paix, le bonheur... L'amour... se payaient toujours au prix fort. Chacun d'entre eux le savait.

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