Chapitre 3 - Prise de conscience

105 7 2
                                    

La tête de Reno touchait, du front, le plat de la table. Un stylo dans une main, l'autre perdue dans ses cheveux, il réfléchissait.

Madame Heartilly était assise devant lui, calme et digne, malgré les quelques larmes qui trahissaient son désarroi immense. Elle s'était résolue à venir voir la cellule Shinra, car elle ne savait plus vers qui se tourner.

- Le secteur zéro? Vous êtes sure?

Rude, assis et parfaitement droit, aux côtés d'un roux avachi, avait planté son regard perçant sur la femme devant eux. Il avait du mal à en croire ses oreilles.

- Oui... J'ai réussi à retrouver l'un de ses amis et il m'a confirmé que... La dernière fois qu'ils s'étaient parlés, un petit groupe avait décidé de se rendre dans le secteur zéro, pour récupérer du matériel...

- Malgré les interdictions et le danger toujours présent?

La mère hocha la tête, tristement. Son fils avait disparu depuis trois jours. Vingt-trois ans et un profond désir de se rendre utile, dans une société en pleine crise. Elle l'avait cherché partout et avait aussi sollicité les milices de quartiers. Mais lorsque sa piste l'avait rapproché du secteur zéro, tout le monde l'avait abandonné, refusant de risquer un cheveux dans ces sous-sols maudits.

- Vous savez combien ils étaient? Quand ils sont partis?

Épongeant ses yeux noirs avec un mouchoir en tissu, finement brodé, la femme désespérée fit un petit geste négatif de la tête. Elle n'en savait rien. Mais au plus profond de son cœur, elle espérait que son enfant ne soit pas seul, dans cet enfer.

Reno releva la tête et réajusta son col, avant de se concentrer de nouveau sur sa feuille.

- Vous pouvez nous donner un signe distinctif? Quelque chose qui nous permettrait de l'identifier...?

Faisant peu de cas du regard incendiaire de son collègue, sous le manque cruel de tact dont il faisait preuve, le roux patienta. La mère, anéantie, mais obéissante et lucide, sortit de son sac une petite photo de son fils, avant d'ajouter.

- Les géostigmates lui ont laissé des traces, sur l'ensemble du corps. Et il a un tatouage, sur le mollet gauche.

- Vous savez ce que c'est?

Alors, les yeux sombres, affutés par les larmes et le chagrin, transpercèrent les yeux verts de son dernier espoir.

- Une aile. Noire.

___

- Bon. Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?

Quand Vincent était parti, Zack était revenu. Et ce, malgré l'absence d'alcool. Peut être était-ce dû à son manque de sommeil ?

- Tu ne pourrais pas arrêter de me poser cette question... ?

Oui, parce que dans le fond, il n'en savait rien. Seul, il se sentait terriblement nul, inutile... Et il n'avait donc envie de rien. Enfin... Dans l'idéal, il aimerait que la douleur cesse. Car son cœur frappait toujours durement dans sa poitrine, comme pour en sortir et quitter ce corps sans espoir.

- C'est une piste. Tu devrais l'écouter.

Il releva la tête vers Zack, qui s'était assis nonchalamment sur un tabouret du bar, et le regardait, avec un petit sourire doux. Ses yeux pétillaient comme s'il avait une idée en tête. Mais depuis quand les fantômes pouvaient avoir des idées...

- Mais écouter qui ?! Qu'est ce que tu racontes encore...

Sa tête lui faisait mal, aussi. La gueule de bois, avait dit Vincent. Encore un enseignement de Yuffie. Il lui fallait un café, mais, drame, il n'y en avait justement plus.

Nobody KnowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant