Chapitre 37 - Panique

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Depuis combien de temps était-il prostré là, dans cette même position, recroquevillé sur lui-même dans ce minuscule espace?

Alec n'en savait rien.

D'ici, il ne pouvait pas voir la lumière du soleil ou celle de la nuit. Il ne pouvait que sentir les odeurs et écouter les bruits, alors qu'il luttait continuellement contre le sommeil. Car il lui fallait constamment veiller sur son environnement, n'étant en sécurité nulle part.

Son esprit restait bloqué sur le moment où il fut capturé et jeté ici, en enfer.

Lui qui fuyait, comme tout le monde, avait pourtant vu les monstres ignorer la population, pour se ruer dans une direction unique, mais inconnue. Ils avaient contourné les humains, ou percutés certains sans jamais s'arrêter, et les habitants avaient pu fuir la capitale, en masse.

Sauf à cet instant.

Alec arrivait enfin aux frontières de Midgar, quand brutalement, tout autour de lui, des femmes, des hommes, des enfants, dans un hasard le plus complet, se virent rafler sauvagement.

Les cris continuaient d'envahir son cerveau, vrillant douloureusement celui-ci. Tous ces gens s'étaient fait capturer par des gueules géantes aux lames si acérées que certains furent tout simplement couper en deux.

Cela avait été si rapide, si effroyable, si inconcevable...

Et tout s'était déroulé aux portes de la capitale.

Ses cuisses repliées contre lui, les mains tout autour de ses genoux, serrant ses jambes aux maximum, Alec se souvenait de la douleur ressentie lorsque, à son tour, cette gueule se referma sur lui.

Il s'était vu mourir, comme les autres. Et il aurait du mourir, comme les autres.

Mais il s'était réveillé là, dans l'obscurité la plus totale, au milieu du néant, des larmes et du sang.

Un hurlement le fit trembler et tout son corps entreprit de rétrécir encore, un peu plus, pour disparaitre dans le mur derrière lui.

C'était tout proche, cette fois-ci.

Combien de temps allait-il pouvoir rester en vie? Sans boire, ni manger, il allait assurément s'effondrer. Ses maux de tête se faisaient chaque fois plus forts que les précédents, trahissant son état profond.

Terrifié à l'idée de s'endormir, il se savait pourtant à la limite de l'évanouissement. Et sombrer, c'était mourir.

- AAAH!

Quelque chose venait de le saisir par le mollet jusqu'à l'os, tranchant ce dernier sans résistance, et la douleur le submergea tout entier. Son esprit manqua de se déconnecter, mais il se rattrapa, poussé par une envie de vivre, aussi folle que tenace.

- Non... Pitié... 

Ce qui l'avait attrapé le tirait férocement, le déplaçant sans qu'il ne puisse rien faire pour l'en empêcher. La douleur le traversait comme la foudre, tétanisant ses muscles, frappant son cerveau et anéantissant tout espoir.

Il ne sentait même pas les blessures causées par ce sol accidenté, qui écorchait sa peau en profondeur, pour laisser les ultimes traces de son passage, dans ce dédale infernal.

Quand, soudain, la lumière explosa.

Allait-il mourir?

Contraint de fermer les yeux sous l'éclat qui l'avait ignoré depuis longtemps, il ne vit pas devant quoi il fut laissé.

Allongé sur un sol dur, il comprit qu'il avait été relâché par ce qui l'avait attrapé et trainé jusqu'ici. Mais la douleur était toujours là, bien que moins foudroyante.

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