Nishinoya : Caffeine

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Nishinoya entretenait une relation spéciale avec la pluie, ce n'était pas un temps qu'il détestait au contraire, il affectionnait le mouvement régulier des gouttes qui tombaient du ciel, l'eau qui dessinait des schèmas abstraits sur les vitres des voitures, l'odeur de la terre mouillée et le bruit relaxants des gouttes qui s'ecrasaient au sol, bruit qui l'avait accompagné durant de nombreuses heures de sommeil sur les tables inconfortables des salles TD.

Mais là il était trempé, fatigué de ses deux nuits blanches et avait urgement besoin de café s'il voulais rester éveillé pour la journée, journée qui s'annonçait déjà mal.

Mais le distributeur semblait en avoir un tout autre avis, non seulement sa commande ne s'effectuait pas, mais aussi la machine avait recraché son argent le faisant voler à plusieurs pas ; le biotechnologiste laissa échapper un hurlement frustré avant de quitter le départmenet des sciences pour respirer un bon coup, le puissant bruit de la pluie apaisant un peu ses esprits. Dans un soupir d'abandon, il ouvrit son parapluie et s'apprêta à partir quand une main (ou plus exactement un coude) lui tapota le dos, il se retrourna près à déverser sa mauvaise humeur sur la personne qui osait l'interrompre avant de se figer, toutes ses énergies négatives aspirées.

- Umiko? S'exclama-t-il surpris.

- Tu as besoin de café apparement. Plaisanta-t-elle en lui tendant un goblet chaud.

Nishinoya  saisit l'offrande avec hésitation, il huma l'odeur musquée du liquide sombre et soupira de contentement : c'était ça la belle vie.

- T'était pas obligée. Sourit-il. Euh...je te rembourserai! c'est combien déjà...

- Pas la peine, tu as déjà ta dette a rembourser, et puis, je me suis aussi payé un chocolat chaud donc j'ai payé d'un coup.

Elle lui montra son goblet en souriant, Nishinoya lui rendit son sourire avant de prendre une pause beaucoup plus décontractée.

- Tu as cours? Demanda-t-il. 

- J'ai cours l'après-midi. Expliqua-t-elle. J'ai juste décidé de venir plus tôt pour réviser, au fait! j'ai quasiment fini de réecrire tes notes, je te les donnerai tout à l'heure.

- ça va, ne te presse pas, c'est déjà beaucoup pour toi.

- ça ne me gêne pas au contraire.

Il lui souris, depuis qu'ils avaient commencé à se suivre mutuellement sur instagram ils passaient une grande partie de leurs soirées à discuter et à prendre des nouvelles, Umiko lui avait montré son avancement dans le recopiage des notes du jeune homme qui était plus que touché ;  rien ne l'avait obligé à le faire après toute les merdes qu'il lui avait causé et pourtant elle se montrait serviable.

Nishinoya se l'était promis : il lui revaudrait ça.

- Et toi tu as cours? Demanda à son tour Umiko.

- Je sèche.

- Noya! 

Il rit à son exclamation scandalisée, c'était bon qu'elle n'utilise pas d'honorifiques et il l'a trouvait tellement mignonne quand elle faisait sa fausse tête désapprobatrice, il n'arrivait jamais à la prendre au sérieux, il voulait juste tenir son visage entre ses mains comme on le faisait avec un chat pour lui embrasser le haut de la tête.

- Ne t'inquiète pas. La rassura-t-il. Je suis doué en bio informatique donc manquer un cours ce n'est rien, et puis j'ai demandé à un de mes camardes de me passer le cours après.

- à Tanaka?

- Non, je ne prend pas de risque. Rit-il. Enfin...je dois finir ce foutu exposé solo, tu pars à la bibliothèque?

- Euh...Oui?

- Viens, on n'a qu'à y aller tout les deux.

Il lui tendit son parapluie, Umiko le regarda interdite un moment occupée à mesurer le pour et le contre avant d'accepter, il n'y avait rien de mal à ça après tout.

Et le parapluie était assez grand pour eux.

***

Ils s'arrêtèrent au deuxième étage et pénetrèrent dans la salle des machines, l'environnement était calme et aucun signe d'un surveillant agaçant ne planait sur eux ; la main sur son épaule, Nishinoya conduisit la jeune chimiste vers un coin près du mur qui contenait des prises et l'invita à s'installer avant de sortir ses affaires.

L'étudiant alluma son ordinateur, posa ses lunettes anti lumière bleue sur son nez et soupira, il avait tellement hâte de finir ce fichu exposé pour être en paix, une fois rendu il se promis de casser la gueule à son binome pour lui avoir foutu un tel couteau dans le dos ; tout à coup son oeil périphérique capta Umiko occupée à l'observer, sa joue reposant sur sa main, gêné, il ajusta ses lunettes et disparu un peu derrière l'écran.

- Oui je sais...Rit-il. Mes lunettes sont moches et me donnent un coté geek, on me l'a souvent dit.

- Je trouve que ça te va bien. Commenta Umiko. ça te rend mignon.

Il sursauta et sorti de sa cachette mais Umiko avait la tête baissée et était occupée à écrire à une grande vitesse sur son ipad le visage caché par sa main, il l'observa un moment avant de sourire et murmura un petit "merci" avant de retourner à sa besogne.

Les deux étudiants étaient silencieux tout au long de leurs travail, ils s'échangeaient des petits regards et discutaient quelques instants pendant les pauses de la méthode pomodoro, cette stratégie combla Nishinoya qui était plus en paix avec l'avancement de son exposé, par moments leurs discussions étaient si passionées que la surveillante dû les reprendre plus d'une fois à cause du bruit.

Il ignorait depuis combien de temps il était occupé à jongler entre travail et discussion, recherche et observation, mise en page du document et échange de musique, mais depuis deux jours, et malgré deux nuits blanches d'affilées, il ne ressentait aucune fatigue et se sentait plus énergique que jamais.

Pourtant il n'avait pas bu une goutte  de café.

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"You don't have to say anything

I don't want you to think too much

Let our bodies soak in the sun

Yeah, there's no need to run

You're my caffeine in the morning

Got me feeling like I'm on top of the world"

-My caffeine-

(Faith Richards)

La fille du département des sciencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant