Watch me burn

Chapitre 3

AGRESSION LORS DE LA SOIRÉE COMMÉMORATIVE DE L'ENTREPRISE KIRAOS

« Hier soir, la société a accueilli plus de 500 clients, entrepreneurs et consommateurs dans la salle de réception de la villa des Kiraos pour commémorer le souvenir de Sophia Kiraos, ancienne chercheuse et scientifique, morte dans un accident provoqué, il y a maintenant six mois, dans l'un de ses laboratoires. Les invités ont aussi pu assister au lancement du nouveau produit « anti-âge FPS 15″. Un produit disponible dès aujourd'hui dans les pharmacies les plus proches de chez vous. Nous ne remettons pas en doute la popularité de cette industrie dont le chiffre d'affaires dépassait les 100 000 euros en fin d'année dernière.

Mais, très chers lecteurs, il semblerait que l'entreprise KIRAOS se soit faite des ennemis. Très tôt dans la matinée, une vidéo compromettant la réputation de la société a été postée sur les réseaux sociaux de façon anonyme. Un jeune homme se présente à Karl Kiraos, PDG de l'entreprise, avec la ferme intention de rendre justice à sa mère, morte elle aussi durant l'incendie. Ses propos ne touchent pas le directeur qui, après quinze minutes de corrélation, se retrouve à devoir évacuer la salle pour soigner son nez couvert de sang. La vidéo s'achève sur le discours d'Eugène Kiraos, qui semblait plutôt pâle sur le moment. Entendrons-nous une allocution du directeur dans la journée concernant cette affaire ? Nous restons vigilants et nous vous tenons au courant dans les plus brefs délais. »

Sous l'article de presse, la vidéo tourne en rond. Mila éteint son téléphone pour éviter que j'appuie une nouvelle fois sur play, mais je me jette directement sur le mien. Je ne dors pas et ce n'est pas juste un vilain cauchemar comme je l'aurai espéré. Mon fil d'actualité sur Twitter déborde de hashtags qui relatent l'incident de la veille. « #Lebossensueur #KIRAOScorrompu #Meurtre_Kiraos, etc. ». Le sujet est en top tendance et plusieurs mèmes sont créés à partir de la frappe d'Émile. Émile...

- Je dois lui envoyer un message, déclaré-je plus à moi-même qu'à Mila.

- Il ne te répond plus depuis des semaines, réplique-t-elle.

- Il m'a bien adressé la parole hier soir, prétexté-je.

- Il est surtout venu insulter ton père.

En parlant du loup, ma sonnerie retentit.

- Je te laisse jusqu'à minuit pour arranger tout ça, m'ordonne-t-il à l'autre bout du fil. Si je vois encore une seule fois cette vidéo circuler sur le net d'ici demain matin, je mets un terme à ta scolarité.

Le bip de la fin d'appel résonne dans mon oreille. Comment vais-je bien pouvoir supprimer plus d'un millier de partages ? Je n'ai aucune capacité en informatique et poster un tweet en demandant poliment à mes followers et aux internautes d'arrêter ne résoudra rien.

- Ça le tuerait tant que ça de te demander comment tu te sens dans ce genre de situation, s'offusque ma meilleure amie en arrachant mon portable des mains. Oublie, OK ? Qu'importe ce qu'il t'a demandé de faire, tu oublies. On va trouver une solution, mais ne t'inflige pas ça tout seul.

- Il veut que j'arrête la fac...

- Moi encore vivante, je ne laisserai jamais cela arrivé !

- Mila, il veut que je trouve un moyen de faire disparaître cette vidéo... Comment je vais faire ?

La crise de panique me guette et Mila le voit bien. Elle se déplace jusqu'à ma salle de bain personnelle pour prendre un verre d'eau et me tend mes médicaments.

- Avale ça ! Eugène, je... Il faut que tu voies quelqu'un.

- Mon médecin a dit que ça passera.

- Il est bidon ton médecin ! Ça fait des semaines que ton corps se drogue avec ces anxiolytiques qui te bouffent de l'intérieur.