Chapitre 9

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Fin Flash-Back.

Émile habite mes pensées depuis ce jour-là et au départ, je ne savais pas quoi faire de cette information. Certains questionnements dont j'étais loin de me soucier, se sont invités dans mes tracas quotidiens et parmi eux, mon orientation sexuelle qui se limitait à suivre celle de mes parents. Un homme et une femme qui se marient avant d'avoir des enfants puis d'obtenir une maison, d'agrandir la famille pour éviter que l'aîné ne se sente seul ou opter pour un animal en cadeau d'anniversaire afin qu'ils grandissent ensemble. Le chemin typique qu'un grand nombre d'artiste tracent dans leurs films et romans. La voix à suivre pour être heureux. Une ligne encore fixe qui a forgé une image stéréotypée de mon futur. Si pendant la période du lycée, beaucoup de mes camarades de classes s'entichaient de ma meilleure amie et lui trouvaient de l'intérêt, je n'ai jamais regardé Mila de cette façon. Peut-être parce que nous nous connaissons depuis nos premiers pas et qu'elle représente le portrait parfait de la grande-sœur que j'aurais aimé avoir. Ceci-dit, aucune fille n'a déclenché d'obsession chez moi. Il faut dire que mon père me privait de rencontrer des personnes qui ne partageaient pas le même style de vie que nous. Par conséquent, je n'ai jamais su développer de longues relations amicales et amoureuses. Alors, développer des sentiments ambigus pour une personne et d'autant plus, un garçon m'est tombé dessus et a remis en cause les idéaux et les normes que la société a sans relâche désignées comme l'unique manière de vivre. J'ai tenté de me défaire de ces anormalités et de me détacher de cette attraction envers lui. Cela n'a fait qu'augmenter mon envie d'en apprendre davantage sur lui et de me laisser emporter par cette chaleur et ce bien-être qui embrase mon âme lorsque je suis près de lui.

La semaine après notre séance photo, j'ai envoyé le dossier à l'école d'art qui m'a adressé une lettre de refus deux mois plus tard. J'ai reçu la nouvelle par ma mère qui a été la première à le savoir, ce qui a déclenché la révélation de tous mes secrets. Nous avons discuté pendant plusieurs heures de l'appréhension de mon avenir et de ma crainte de n'être jamais prêt à travailler auprès d'eux. Cela ne l'a pas surprise, elle se doutait bien de mon inconfort aux réunions et de l'ennui qui me rongeait quand il était question de réfléchir à un nouveau produit. Elle m'a promis d'en parler avec mon père et de revoir ma fonction et ma place au centre de l'entreprise. Sa mort a embarqué cet espoir de vivre un jour pour moi.

Hier soir, Émile m'a envoyé un second message pour me donner un point de rendez-vous. Puis, un autre m'indiquant de venir tout seul alors que je demandais à Mila de m'accompagner. J'ai préféré faire comme si nous n'avions jamais emprunté ni vu ce cahier de notre vie, mais mes deux meilleurs amis se sont rués dessus pour prendre quelques pages en photo. Leur enquête ne faisait que commencer. Avant de nous quitter, Théo a édité une fausse demande de la fac pour pratiquer dans un de nos laboratoires. Il a si bien recopié la signature du directeur que j'ai douté de son identité pendant un instant. Nous avons convenu d'une matinée où les laboratoires seraient bondés afin de nous cacher dans la masse, puis nous savons qu'aucun scientifique nous poserait de question sur notre venue ici. Mila et Théo ont quitté mon appartement vers minuit après s'être assurés que je ne dirais rien à Émile. Je suis doué pour mentir. Mais Émile est doué pour savoir quand je mens. Je suis arrivé un quart d'heure en avance devant le studio de Mr Stamp. J'ai souri en pensant qu'il n'avait pas choisi cet endroit par hasard, puis j'ai remarqué combien nous étions éloignés de la fac. Ces derniers temps, je suis celui qui devrait être prudent concernant notre rencontre, pourtant il m'a devancé. Au final, je serai tenté de garder son cahier parce que plus il le réclame plus nous aurions de chance de nous parler. Si je lui rends maintenant, il disparaît une seconde fois de ma vie et je ne suis pas sûr de pouvoir le supporter. À quelques mètres de moi, je le vois longé les buissons avoisinants la limitation du terrain de la fac pour me rejoindre. Si les ecchymoses de son visage sont moins visibles, il évite les branches pour que sa taille ne s'y accroche et qu'elles viennent appuyer sur ses côtes. Plus il s'approche, plus mes mains tordent son cahier. Je n'ai jamais eu peur de lui, du moins pas dans le sens où il pourrait m'effrayer. Malgré notre différence de taille qui me rend moins imposant et ces biceps qu'il a toujours entretenus, il n'a jamais usé de ces atouts pour me donner un sentiment d'infériorité. D'ailleurs, son corps me distrayait plus qu'il ne me disait de m'éloigner. Non, la peur parcourt mon état d'esprit parce que sa haine envers moi a effacé nos plus beaux instants. Je suis devenu son ennemi. Un ennemi qui n'arrive pas à apaiser son rythme cardiaque dès qu'il rencontre ses yeux.

Watch me burnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant