Chapitre 13

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Au bout de la cinquième fois où je ne décroche pas les appels de mon père, je reçois un nouveau message de sa part m'invitant à venir dès que possible à la villa. Je serai tenté d'y aller maintenant pour le mettre en erreur face à mon absence durant les cours, ce qu'il déteste par-dessus tout, mais je pense à Théo. Débarquer devant mon père ne lui poserait pas de problèmes, mais il est aussi le haut responsable de l'entreprise et venir sans explication concrète concernant les évènements déjouerait le plan qu'il a essaye de mener à bien. Je me résigne à supporter les menaces de mon père avant d'en savoir plus auprès de mon cousin.

Quand je gare ma voiture et que le moteur ne tourne plus, Mila ouvre ma porte, me fait sortir de mon véhicule, prends mes affaires, ferme à clef, s'empare de mon poignet et me tire vers les toilettes reculées à côté du stade de la fac. Cet endroit infesté de mauvaises herbes, de tags racistes et homophobes, ainsi qu'une fréquente odeur nauséabonde d'un vomi de la veille a longtemps fait partie de nos cachettes jusqu'à ce qu'on rencontre un groupe de dealers et que Mila ose leur tenir tête. Depuis, nous n'y retournons qu'en cas d'extrême urgence.

— Je l'ai dit combien de fois que j'ai horreur de ne pas être au courant quand vous déposez des bombes comme ça à l'improviste ! s'écrie-t-elle en lançant mon sac que j'arrive à intercepter avant qu'il ne touche une forme humide méconnaissable sur le sol. Il aurait pu nous prévenir...

— Je pense plutôt que ça lui est tombé dessus, supposé-je. Ils parlent d'un dépôt de plainte. Théo disait qu'il avait tenté de convaincre la victime d'aller au commissariat, mais qu'elle avait peur de faire face aux conséquences. Elle a peut-être changé d'avis au dernier moment.

— S'il nous avait laissé l'aider, souffle-t-elle. Je sais qu'il va reprendre le contrôle de la situation, mais je n'aime pas qu'il fasse ça tout seul. D'un instant à l'autre, ça va se retourner contre lui...

— Mila, tu le connais bien ! Il possède plus d'une vingtaine d'outils dans ses poches. Chaque branche d'un nouveau scénario, il les a déjà visualisés. Pour le moment, on doit juste attendre ses directives. Et j'aimerais bien qu'il se presse parce que j'ai mon père qui me colle au cul.

Mon manque de réaction l'a amené à utiliser ses employés pour qu'ils me harcèlent de message et je suis prêt à m'énerver contre lui lorsqu'il embarque Marine dans cette histoire. Notre gouvernante en bave déjà assez en exécutant tous ses caprices, je ne tolère pas qu'il l'utilise pour subvenir à une trêve partielle entre nous. Deux semaines que je ne rentre plus les week-ends à la villa, il peut bien attendre quelques heures de plus.

— Mon père commence à se douter de quelque chose, m'explique ma meilleure amie en éteignant son téléphone.

— Toi, tu as encore été glissé deux, trois mots à l'oreille de ta mère !

— Peut-être bien...

— Mila !

— Je sais, pardon ! Mais, ça me stresse de voir Théo sans quelqu'un pour assurer ses arrières.

— Tes sentiments te perdront, ma pauvre ! Aïe !

Je masse mon bras droit qui vient de subir le poids d'une violente claque.

— Ce n'est plus un enfant, repris-je. Puis, son agent secret ne le laissera pas tomber si ça ne fonctionne pas...

— Oui, mais quand même, peste-t-elle. Je ne tiens pas à le retrouver aussi amoché qu'Émile.

— Ça leur ferait au moins un point en commun. Pardon, l'humour cache mon anxiété, repris-je en évitant son regard noir. J'ai laissé mes médicaments chez mon père, donc je canalise comme je peux.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 28 ⏰

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