Entre Feu & Glace (T.1) - Au-Delà des Apparences Glaciales

Chapitre 7 : Courage

"Le courage, ce n'est pas l'absence de peur, mais la capacité à la surmonter."
Nelson Mandela

ACT 02 - OCTOBRE  / NOVEMBRE 🍁

OSCAR

SEATTLE, ÉTATS-UNIS

Nous sommes enfin en Octobre et aussi lundi matin et punaise, les cours reprennent et nous frappent comme un uppercut en pleine face, sans que l'on s'y attende. J'ai envie de balancer mon réveil à travers la pièce, ma tête menace de se transformer en un putain de feu d'artifice, et pourtant, je n'ai pas pioncé de la nuit. Ce n'est pas tant à cause de la gueule de bois qui régnait à la maison après la soirée chez notre capitaine Mikeal.

Noah, Steven et Alexander étaient complètement bourrés que chacun se prenant pour une putain de célébrité tout en s'engueulant pour des conneries. Steven jouait le rôle de Johnny Depp, surjouant toutes ses phrases comme s'il était sur le plateau d'un film de Tim Burton.

Noah imitait Mike Tyson, sauf que lui, il essayait carrément de boxer avec les murs comme un débile. En le voyant, j'ai failli exploser de rire malgré le fait que je sois énervé contre lui, ce connard a gerbé dans ma caisse alors que je conduisais — et ça pas si rapidement. Alexander, lui, hurlait qu'il était Bruce Willis et qu'il allait, apparemment "sauver le monde". Sérieux, ils étaient dans un film d'action à eux seuls. À un moment, j'ai bien cru que tout le quartier allait être réveillé par leurs conneries. Mais bon, la vérité c'est que ce ne sont pas vraiment à cause d'eux que je n'ai pas dormi. Non, pas cette fois.

C'était à cause d'Harry. Depuis cette soirée où je l'ai raccompagné chez lui, il est resté dans ma tête, comme un putain de poison qui se diffuse lentement ou alors c'est l'inverse, un truc qui te rend littéralement accro. Mais son effet sur moi était indéniable, et ce n'est pas parce qu'il est mignon ou qu'il a ce sourire qui nous donne envie de tout balancer sur nos vies. Non, c'est son putain de toucher. Ça m'a perturbé, mais vraiment. Moi qui pensais que j'étais blindé contre ce genre de trucs, mais avec lui, c'était différent et j'aimais que ça le soit. J'avais jamais ressenti ça... surtout avec un garçon.

Alors ouais, j'ai passé la nuit à me poser des questions. Des questions auxquelles je n'avais jamais vraiment voulu réfléchir. J'ai passé des heures sur internet, à fouiller des forums, à lire des témoignages, comme si les réponses à mon bordel mental étaient là, quelque part dans ce foutu écran. Et tu sais quoi ? J'ai même fait un putain de quiz en ligne. Ouais, le genre de truc débile qui te donne une étiquette après cinq questions. "Quelle est votre orientation sexuelle ?" Qu'est-ce que je foutais là ? Sauf que quand le résultat est tombé — "bisexuel" — ça m'a frappé. Pas comme une blague ou une erreur informatique. Non, ça sonnait juste... vrai.

En relisant le résultat, je me suis presque foutu de moi-même. C'est ridicule, je veux dire, qu'est-ce que je foutais à faire des putains de quizs à trois heures du matin ? Mais plus j'y pensais, plus je me disais que tout ça faisait sens. Je n'avais jamais vraiment mis de mot sur ce que je ressentais. Je m'étais toujours concentré sur les filles, en ignorant volontairement certains trucs. Les signes étaient là, mais j'avais fait comme si de rien n'était, comme si ça n'avait pas d'importance. C'était plus facile. Mais Harry... Il me faisait réaliser des trucs auxquels je n'aurais jamais pensé.

Mais le truc qui m'effraie le plus, c'est que je ne saurais pas gérer ça, cette situation à laquelle je n'étais absolument pas préparé. J'ai toujours été un mec cool, sans m'en vanter, celui qui contrôlait toujours la situation même dans les pires moments, celui qui ne laisse jamais ses émotions prendre le dessus, mais là, ce n'était plus le cas. Je ressemblais à présent à un adolescent complètement paumé, incapable de mettre — ou remettre — de l'ordre dans sa foutue vie. Ça me fait carrément flipper. Je n'aurais jamais cru que je pouvais avoir une attirance pour un homme... Mais avec Harry, c'est complètement difficile de faire genre que je n'en ai pas.