Chapitre 27

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Nola

Cinq jours après son arrivé à Polis, Clarke s'était parfaitement habituée à l'endroit. Tandis que j'entrais dans la chambre un plateau à la main, j'apercevais ses yeux fermés. Allongée dans le lit, elle semblait apaisée. Une légère mèche venait recouvrir son visage. Sa respiration était calme, je ne pouvais la réveiller. Sa main tombant presque dans le vide, j'aurais voulu lui prendre. Clarke était ce qui ressemblait le plus à une vie paisible. La première à m'avoir soutenue. La seule à m'avoir acceptée complètement. Et j'espérais aujourd'hui, la dernière à m'abandonner. Notre avenir n'attendais que nous, je pouvais le sentir à des kilomètres. Je m'imaginais déjà, assise sur le trône, contemplant mes sujets s'agenouiller devant chacune de mes décisions et, elle, à mes côtés, à me soutenir et me conseiller. Nous pouvions être heureuse, malgré ce qu'elle avait l'air de croire. 

Le sourire niait que je laissais paraître s'effaçait finalement quand Clarke ouvrait ses yeux.

-Bonjour ! Disais-je.

-Hey. Se redressait-elle.

-Tiens, tu devrais manger un peu, tu as du travail qui t'attend aujourd'hui.

-De quoi parle-tu ? Me questionnait la jeune femme.

-Roan a accepté que tu m'accompagne en bas !

-Vraiment ? Semblait Clarke excitée.

-Il lui aura fallu quelques jours pour en être certain mais, j'ai fait jouer mes relations au sein de la tour.

Son sourire en disait long sur ce qu'elle ressentait.

-Oh j'ai failli oublier, j'ai autre chose pour toi !

-Qu'Est-ce que c'est ?

Je sortais alors, caché dans mon dos, un carnet à dessin armé d'un crayon de bois.

-Je me suis dit que ça te ferait plaisir, j'ai cru comprendre que tu aimais ça, j'ai bien compris ?

-Oui... Le ton qu'elle employais était doux et patient, mais je ressentais une once de culpabilité.

-Je reviens dans une petite heure, je serais dans le couloir.

Tandis que je me rapprochais de la sortie, la voix de Clarke m'arrêtait.

-Nola, je te remercie, pour tout ça. 

La fraicheur de son regard me laissait comprendre qu'elle réalisait enfin que je n'étais peut-être pas aussi mauvaise qu'elle le croyait. Je n'avais qu'une envie, la retrouver l'heure d'après.

Clarke

Le plan marchait à la perfection. J'allais enfin sortir de cette chambre sinistre et commencer à parler. Nola réussissait tout de même à me faire de la peine. Elle tenait à notre amitié, je le voyais bien. Je n'avais jamais voulu ça, mais les faits étaient là, Nola était l'ennemie bien qu'elle déteste Roan autant que nous. J'étais sûrement bien pire que lui pour elle, seulement ça, elle ne le saurait que trop tard. 

Pas le temps pour culpabiliser, habillée et rassasiée je retrouvais la natblida dans le couloir comme prévu. Son accueil chaleureux parmi les vivants pouvait presque me laisser croire à une sureté auprès d'elle. Il me fallait faire l'aveugle et avoir l'air confiante envers elle. Elle m'accompagnait dans l'ascenseur pour accéder au rez-de-chaussée. Quand les portes s'ouvrait, un sentiment de liberté me submergeait. Je ne l'étais pas vraiment, mais au moins j'aurais la chance de parler à d'autres. Avant de franchir la sortie de la tour, une odeur persistante me prenait les narines. Celle-ci s'amplifiait lorsque j'en franchissais le seuil. Une vision d'horreur me surprenait, une chose caché que je n'arrivais pas à voir de là-haut. Planqué dans un coin, des corps par dizaines, entassés les uns sur les autres. Nola apercevais alors ma stupéfaction et intervenais.

-Ce n'est pas très beau à voir je sais, mais tu comprendras vite que c'était nécessaire. 

J'étais sous le choc, mais m'exprimer maintenant ne ferait que me causer des problèmes, je devais résister à l'idée de l'étrangler sur le champ.

-Qui sont-ils ?

-Des Trikrus évidemment, des alliés de Malia.

-Combien ?

-On en est à 22 je crois, en espérant qu'ils y soient tous.

Je secouais la tête comme pour dire oui. En réalité je voulais hurler et m'attaquer à chacun d'entres eux. Au lieu de ça, je laissais Nola m'emmener là où elle le souhaitait: le marché. Un endroit rempli de monde avec surement beaucoup de personnes comme ceux qu'ils avaient assassinés, c'était parfait.

-Ton job est simple, tu dois convaincre tous ces gens que les Azgedas ne sont pas leur ennemi. 

-Mais ils le sont.

-Non, tu a tord. 

-Tu viens de changer de camp, je croyais que tu n'étais que dans le tien !

-Les Azgedas veulent la paix, tout comme toi et moi. Il n'y a que le roi qui m'insupporte, les autres ont juste besoin d'être guidé. Bien sûr je veux toujours ce qu'il m'est du, seulement pour ça, je dois les convaincre du bien que je peux faire. Rallier les clans est ma priorité pour le moment. 

-Tu te trompe si tu pense qu'ils voudront tous t'avoir comme commandant. Les Azgedas, les Trikrus, chaque clan voudra que Heda soit l'un des leurs. 

-Là est toute la magie de ton job, convint les qu'ils n'ont pas à nous craindre, ensuite, quand toute cette histoire sera terminé, ils n'auront que moi.

Je détestais ce qu'elle était devenue. Nola n'avait que soif de pouvoir. Elle ne voulait ni paix, ni amour, ni peuple, juste du pouvoir. Je me sentais coupable. Si nous n'étions pas aller la chercher, si nous avions trouvés Malia à temps,... Elle n'aurait pas eu à prendre ce genre de décisions. 

-Je sais que tu aimes êtres ici, mais ne crois tu pas que tout cela est exagéré ? Tu pourrais recommencer ta vie en dehors de Polis, vivre heureuse sans avoir à penser aux différents entre clans ! 

-Tout comme toi, pourtant tu reste.

-Il y a trop de personnes que j'aime ici pour partir, tu le sais pertinemment.

-Et moi il n'y en a qu'une. Répondait-elle plongeant son regard dans le mien.

A cet instant, quelque chose changeait en Nola, ou peut-être était-ce en moi. Les raisons que je croyais être les siennes, ne les étaient pas. Avalant ma salive quelque peu mal à l'aise, je tentais de me ressaisir vite. Nola se précipitait finalement et reprenais la conversation la voix tremblante. Elle paraissait inconfortable face à ses propres paroles. 

-Tu devrais commencer, il y a foule aujourd'hui. 

Je la regardais s'éloigner sans dire un mot pour la retenir. Je reprenais mes esprits calmement et retrouvais les habitants de Polis. Ses aveux ne devaient en rien changer ma détermination à réaliser mon plan. Je pouvais enfin, et cela grâce à elle, démarrer ma partie. 

Malia

Tout ce que je faisais, je le faisais pour eux. Et aujourd'hui, je marchais à dos de cheval vers notre but ultime. Des kilomètres nous séparait de notre destination finale, des jours s'écoulaient. Mais pas à pas, je réalisais que la fin était proche. Toutes nos différences n'étaient rien face à l'enjeu de cette dernière bataille. Bientôt, Clarke serait à nos côtés et Roan mort sous la lame de mon épée. Le monde parfait n'existait pas, mais celui où tous ceux que nous aimions vivrait en sécurité, celui-là existera. 

The 100 - Moi, Une Heda ! TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant