Chapitre 2

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Sophy

Mon crâne me lançait douloureusement. Un couinement de douleur m'échappa alors que je me retournais sur le dos. Le sol était dur. Mon esprit était embrumé et confus. Il me fallut quelques secondes avant de prendre vraiment conscience de ce qui m'entourait. Il y avait un plancher de bois noir au-dessus de moi, les murs étaient aussi faits du même matériau. L'endroit où je me trouvais basculait doucement, comme une mère qui berce son enfant.

Où suis-je ?

Je détaillais la pièce du regard et c'est quand mes yeux tombèrent sur les barreaux de fers que la vérité me frappa en pleine face. Je restais hébétée pendant quelques secondes avec la sensation qu'on m'avait asséné une claque magistrale.

Le Black Sheep, j'étais à bord du Black Sheep, en pleine mer... Par les dieux ! Ma tête commença à tourner frénétiquement dans tous les sens. La même peur dévorante qu'à Frorb prit place dans mes entrailles.

Je suis foutue ! Je suis complètement foutue !

Je pris de longue minute à me calmer et entamer un début de réflexion rationnelle. Premier point important, mes mains n'étaient pas enchaînées. Deuxième point, à l'extérieur de la cellule il y avait des bibelots en tout genre qui trainaient. J'inspirais profondément une dernière fois pour apaiser le tremblement de mes mains. Une détermination mixée à de la colère monta peu à peu en moi. J'avais fui de chez moi, ce n'était pas pour mourir ici ! Je me redressais et observa la trappe qui menait à mon cachot. Elle était lourdement fermée, pas moyen que quelqu'un arrive sans que je m'en rende compte.

Mon attention se reporta sur le bureau devant moi et repéra un fil de fer enchevêtré sur lui-même. Parfait.

Je me fis la plus fine possible tandis que je passais mon bras entre les barreaux de la geôle. Mes doigts frôlèrent le métal fer.

Allez ! Encore un petit effort.

Mon bras s'étira encore plus, me disloquant presque l'épaule et je pus enfin me saisir de l'objet convoité. Un soupir de soulagement m'échappa. La suite de mon évasion n'était pas compromise. Je m'affairais sur la serrure de la cage avec précision et minutie. Je faisais ça depuis mes 18 ans pour survivre, jusqu'ici tout c'était passé comme prévu, vu que j'en avais 23. Ce n'était pas aujourd'hui que j'allais mourir ou être faite prisonnière, foi de Sophy !

Le petit click m'indiqua que le verrou avait sauté. Je sortis sur la pointe des pieds, à l'affut du moindre craquement de bois suspect. Rapidement, je rassemblais tous mes effets personnels trouvés dans une caisse sous la table. Mes babioles que je trimbalais aux quatre coins de l'océan malgré leur inutilité frappante. La valeur sentimentale faisait tout.

Je fis tourner la lame de mon poignard entre mes doigts. C'était la seule arme qui me restait, mes pistolets étaient restés dans ma maisonnette en haut du bâtiment abandonné. La poisse.

Passer par la trappe n'était pas envisageable, débarquer sur le pont la bouche en cœur au milieu de l'équipage le plus craint au monde ne m'aiderais certainement pas à fuir. Je décidais alors d'entreprendre une visite dans étages inférieurs du navire.

La cale était plutôt vaste. Je était passée par plusieurs réserves (en volant des pommes au passage), des dortoirs vides et même une bibliothèque. Surprenant pour un bateau pirate.

C'est à ce moment que j'arrivais devant les cuisines, il y avait quelqu'un de dos devant moi. J'hésitais quelques instants avant de me souvenir comment Johana m'a traité. Au Kraken les conventions et la bienséance !

Je me faufilais silencieusement derrière le jeune homme blond avec un bonnet rouge sur le crâne, qui sifflotait en faisant revenir des moules à la poêle. Le fumet qui s'en échappait sentait divinement bon et mon estomac se tordit. Je ne savais plus depuis combien de jour j'avais pris un vrai repas, les trois pommes volées plus tôt n'avaient pas suffi à calmer ma faim.

Corsaires (FxF) (En Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant