Chapitre 4

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Sophy

Quand je me réveillais ce matin, j'avais passé une nuit terriblement agitée, incapable de trouver le sommeil à la suite des paroles de Smyth. Après mes longues heures à cogiter, une évidence s'était imposée à moi. Je n'avais pas envie d'être enfermée. Je donnerais donc à Johana une raison de me faire confiance. Je n'avais pas encore trouvé comment mais au moins la décision était prise.

Amaris me porta un déjeuner composé d'œuf et de fruit que je dévorais. Il avait vraiment des qualités poussées en cuisine. Nous discutâmes de broutilles qui éloignèrent mon esprit de la pirate aux yeux bleus.

La matinée passa sans que la capitaine du navire vienne me visiter, à mon grand regret. Je voulais la voir mais savais pertinemment qu'à la seconde où elle apparaîtrait devant moi, je serai dans l'incapacité de proférer le moindre son. J'arpentais ma cellule de long en large comme un tigre fou. Impossible de trouver le calme. Plus elle tardait à revenir, plus les doutes me rongeaient l'esprit comme des mites.

Je devrais rester avec elle, je n'ai nulle part où aller de toute façon... Mais elle a menacé de me tuer il y a quelques jours à peine ! Pourtant hier...

Je poussais un cri de frustration dans ma geôle en donnant un coup de pied dans un des barreaux. Un bruit métallique résonna dans toute la pièce. Cogiter était en train de faire devenir folle.

Je reprenais mes mouvements répétitifs quand un choc brutal me fit chuter contre le sol. Mes coudes frappèrent brutalement le parquet et un couinement de douleur s'échappa de ma gorge. Quelque chose de gros venait de rentrer en collision avec le Black Sheep, assez gros pour en faire bouger toute la structure.

Mes sourcils se froncèrent et je tendis l'oreille à la recherche d'une explication rationnelle à la situation. Peut-être que le bateau avait percuté un récif ou autre obstacle marin.

Ce ne fut pas du bois grinçant qui me parvint mais des bruits de lames s'entrechoquant brutalement entre elles. Des cris emplirent le pont supérieur et les coups de feu fusèrent dans tous les sens. Le navire se faisait attaquer. Par qui ?

Je me précipitais vers le hublot pour voir qui étaient les assaillants.

Mon entrain se fit tuer dans l'œuf. Le bateau ennemi appartenait à la marine royale de Brugalon. Il fallait absolument éviter que le moindre soldat pointe son nez dans les cales, sinon j'étais foutue pour de bon.

Les bruits du combat résonnaient jusque dans ma prison. J'avais les mains crispées sur les barreaux et priais les dieux que le capitaine Smyth et son équipage arrivent à les repousser d'où ils venaient. Par chances, ils étaient trop proches les uns des autres pour utiliser les canons. Me prendre un boulet dans la tête par inadvertance aurait été une mort pathétique.

La marine ne pouvait pas non plus prendre le risque de tuer Johana. La capturer vivante apporterait la gloire éternelle à n'importe quel pays.

Subitement l'air épuisé de la capitaine me revint à l'esprit. Ça devait être éreintant pour elle, alors que la seule chose qu'elle souhaitait c'était vivre avec ses convictions. Un voyage dans le Triangle la débarrasserait elle et son équipage de tous ces gêneurs. Ils pourraient enfin avoir du répit...

Moi aussi je veux du répit...

Un bruit énorme m'arracha de mes pensées. Le plafond de ma cellule venait de se déchirer, un homme s'écrasa au sol en détruisant les barreaux au passage. Je me collais le plus possible contre un des murs de la cellule dans l'espoir qu'il ne m'aperçoive pas. Il portait l'uniforme de la marine de Brugalon...

L'homme se redressa en grognant, le choc avait été violent pourtant il se releva comme si de rien n'était. Il jeta un regard aux alentours et se figea quand ses yeux me rencontrèrent.

Corsaires (FxF) (En Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant