Corsaires (FxF) (En Correction)

Chapitre 5

Johana

La bougie sur mon pupitre diffusait une lumière chaleureuse dans ma cabine. J'étais épuisée par les derniers évènements et m'effondrais alors sur ma chaise. Je rangeais rapidement mes cartes et sortais une bouteille de rhum d'un de mes tiroirs. J'en aurais besoin pour la discussion à venir... Quelqu'un frappa violemment contre ma porte et ne prit même pas la peine d'attendre mon accord pour pénétrer dans la pièce. Je savais déjà qui se tenait derrière moi, ça ne voulait pas dire pour autant que je voulais avoir cette altercation avec lui. Car oui ça allait finir en engueulade, comme chaque fois qu'on abordait un sujet sensible.

"Tu m'expliques ?"

Sa voix était calme mais elle traduisait une fureur immense. Je sentis soudain une lassitude démesurée m'envahir. Mes yeux se posèrent sur Nuri. Il était là, droit comme un i, dans un état de nerf que je lui avais rarement vu. Il ne me laissa pas répondre et enchaîna :

"C'était quoi ces foutaises que tu as sorti devant l'équipage !? Johana tu sais aussi bien que moi que tu ne pourras jamais mourir ou être gravement blessée sur ce navire !"

Je me massais les tempes. Par les dieux je n'avais vraiment pas besoin qu'il me le hurle dessus comme ça.

"Je sais, tu ne m'apprends rien."

"Alors pourquoi ?!"

"Descends d'un ton par DAVY JONES ! On peut communiquer sans crier !"

Mon frère soupira avant de s'assoir sur mon lit, face à moi. Le vieux lit grinça sous son poids. Il redemanda d'une voix plus calme qui traduisait son état de fatigue.

"Pourquoi Jo' ?"

Je m'affalais sur le dossier de ma chaise.

" Gagner sa confiance."

"Pourquoi ?"

Un sentiment de frustration me submergea et m'enserra violemment la poitrine.

"Parce que c'est la seule à savoir où est ma foutue boussole et que je ne peux pas me permettre de la froisser. Voilà pourquoi."

Nuri se passa une main sur le visage et soupira.

"Pardonne mon empressement."

"Ce n'est rien, je suis autant en colère que toi mais Amaris m'a convaincu d'aller lui parler et il avait raison. Ce n'est pas quelqu'un de désagréable, loin de là et elle est aussi paumée que nous, il y a quelques années. "

Nuri acquiesça en observant le plafond. Un silence s'étira entre nous avant qu'il ne le brise.

"Ce que tu as dit à propos d'être blessée, tu jouais la comédie, hein ?"

Je lui offris un sourire rassurant à son inquiétude. Ma main alla flatter affectueusement les planches du mur.

"Tu sais bien que le bateau ne le permettrait jamais."

"Tant mieux."

Depuis que j'avais découvert ce navire, j'étais comme liée à lui. Ses planches craquaient lorsque j'étais en colère, il filait au vent lorsque ma soif de liberté était plus forte que tout. Surtout il me protégeait. Si vous me défiez sur mon navire, vous perdrez à coup sûr. Le Black Sheep est comme une extension de mon corps. Avant sa découverte, je faisais déjà des massacres à l'épée, depuis, je suis invincible.

Les planches frémirent sous mes doigts et le sourire s'agrandit sur mon visage. Je soupçonnais la magie d'être à l'origine de ce phénomène incroyable. Je n'y accordais que peu d'importance, j'aimais mon navire c'était le principal à mes yeux.