chapitre 3 Luna

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Depuis toute petite, mes parents me font remarquer mon corps trop gros à leur gout. A six ans, ils m’ont emmené voir une diététicienne qui leur a dit que j’étais totalement bien pour une fille de mon âge. Mes parents n’ont pas écouté et m’ont fait suivre un régime strict. A sept ans, j’avais perdu cinq kilos, mais ça ne suffisait toujours à ma mère. Elle m’a inscrite dans un club de course à pied, mais ce n’était toujours pas assez, alors à huit ans, en plus de la course, elle m’emmena à la piscine. A dix ans, j’ai perdu connaissance en cours de gym à cause du manque d’énergie. Depuis, les services sociaux ont interrogé mes parents, et j’ai été placé dans une maison d’accueil. Mais maintenant, je ne suis pas plus heureuse. Ma mère m’a mis en tête que je devais maigrir, pourtant, tout le monde me trouve trop mince, mais moi, tout ce que je vois, c’est un corps encore trop gras, pas assez maigre.

Une fois de plus, je me retrouve penchée au-dessus des toilettes en tenant mes cheveux d’une main et me servant de l’autre pour l’enfoncer le plus loin possible dans ma gorge. Une fois, deux fois, trois fois. A la quatrième tentative, les aliments mangés il y a deux minutes ressortirent par l’endroit où ils étaient entrés.

Ma psychologue ne sait plus quoi faire pour me remettre en confiance avec mon corps. Tellement de phrases et d’exercices visant mon mieux-être ont échoué. Et toutes les réunions de famille organisées ont servi à me faire prendre conscience que mes parents d’accueil ne comprennent pas la gravité de la situation. Ils ne m’ont d’ailleurs jamais comprise. Quand je pleurais ma mère ils me disaient ne pas comprendre à cause de ce qu’elle m’a fait. N’ai-je pas le droit de l’aimer à cause de ça ? Elle reste ma mère.

Je commence à avoir des douleurs à la gorge et au ventre. Je fais des malaises en cours de gym et je m’éloigne de mes amies pour cacher ma maladie.

Je mutile mon ventre et mes cuisses que je trouve trop grosses. Mes draps sont tachés de sang. Quand le jour du changement de literie arrive, je mens à mes parents en disant que j’ai saigné du nez et ils me croient. J’ai honte mais je n’ai pas le choix. Ma sœur jumelle, elle, n’est pas dupe et me parle : « Je t’entends pleurer la nuit et je te vois aller aux toilettes après chaque repas. Je t’ai vue te changer au cours de gym et je sais que ton ventre est rempli de coupures que tu t’infliges. Alors s’il te plait, reprends-toi en main et fais le nécessaire pour aller mieux. Explique ce qu’il se passe à ton entourage ! Dis-leur ce que tu vis car tu ne peux plus continuer ainsi. Tu vas t’abimer la santé physique et mentale »

Une semaine après cette discussion de la plus haute importance, j’eu un rendez-vous de préadmission pour rentrer en hôpital pédopsychiatrique.

Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant