Anastasie

18 - Et si un jour nous nous aimions ?

Mon souffle est rapide, ma vision est parfaite, mes muscles sont prêts. Comme si mon corps entier me chuchotait qu'il savait ce qu'il allait se passer. Je lance un regard vers Hélios qui esquisse un léger sourire. Un sourire qui me hurle que peu importe ce qu'il adviendra de cette journée, nos âmes se retrouveront toujours. Cela me donne davantage de courage pour affronter chaque personne qui se dressera devant nous.

Voilà plusieurs minutes que nous sommes immobiles. Un silence pesant, comme ceux qui rodent avant une bataille, plane sur toute la montagne. Je fixe le sol, cherche une solution qui pourrait nous épargner. J'arrive à sentir la peur autour de moi, ces vampires n'ont pour la plupart jamais vu quelqu'un comme moi, avec cette force. Je les vois hésiter face à un probable et inévitable affrontement. Progressivement je lève les yeux vers eux, fixant de mon regard noir Adelas. Il comprend le message... Je ne me laisserai pas faire ! Mais il sait également que grâce à leur nombre il ne pourra perdre cette bataille. Il ouvre enfin la bouche.

— Anastasie... Anastasie... Quel dommage de ne pas s'être connus dans d'autres circonstances . Mais tu peux comprendre que ta presence... comment dire... inquiète les nôtres ?

Je ne réponds pas, à quoi bon ? Je pourrais l'implorer de nous laisser partir. Lui promettre que l'on ne reviendra jamais ou le supplier simplement de libérer Hélios. Mais je sens dans son regard qu'il ne fera jamais une telle chose ! Alors hors de question de me rabaisser devant lui.

— D'accord ! Ne parlez pas tous en même temps ! Je suis navré, mais il va falloir que l'on vous... Enfin vous voyez...

Hélios me regarde, je le sens, ce regard rempli d'amour, de tristesse d'être fraichement réunis mais de se perdre si vite. Il a mis tant d'années à me retrouver, tellement d'énergie pour me faire comprendre qui j'étais, et tout cela pour que nous mourrions à peine notre nouvelle idylle commencée. Son sort, il s'en moque... Cela fait déjà bien longtemps qu'il erre sur cette Terre, mais le fait de savoir ce qui m'attend le rend fou de rage.

Il se débat, les gardes ont du mal à le tenir, sa force revient progressivement. Ce n'est clairement pas le moment mais je ne peux m'empêcher de contempler sa beauté si parfaite. Ses muscles se contractent dans la lumière pâle de cette sordide journée. C'est comme si tout s'était ralenti autour de nous lorsque ses iris se plongent au creux des miens. Son regard a un pouvoir magnétique qui a le don de m'apaiser, ou bien l'inverse dans certains cas.

J'hume son parfum soufflé par la brise en ma direction, des frissons me parcourent le corps et me donnent un coup de fouet. Je reprends peu à peu pied après cette sorte d'adieu presque divin. Il est hors de question qu'il laisse quiconque me toucher ! Il se débat, attrape grâce à ses crocs le bras d'un de ses bourreaux et l'arrache, puis sans perdre une minute arrache la tête des deux suivants. La scène est terrible ! La violence est intense ! Je comprends que c'est le moment.

La foule s'élance face à nous, tous avec ce regard sorti des enfers, crocs sortis. Nos cœurs battent en rythme, c'est le moment de combattre. Plus sa force revient, plus ma rage augmente ! Adelas et Myria prennent encore une fois la fuite, se mettent à l'écart mais ne perdent pas une miette de ce spectacle, pensant que nous serons vite maitrisés par leur armée de disciples ! Quelle erreur ! Hélios démembre sans difficulté les premiers gardes qui viennent à lui. Je vois rouge, je m'élance vers Hélios qui m'attrape par la taille. Nous avons juste le temps de s'échanger un bref baiser. C'était plus fort que nous, l'attraction qu'il y a entre nous va au-delà d'un simple amour, c'est tellement plus profond, plus intense.

Aujourd'hui, soit on s'en sort ensemble soit on meurt ! Voilà où nous en sommes ! Cette sensation est effrayante mais tellement excitante. Nous combattons l'un dos à l'autre, comme unis.