La romance de mon existence - Der Sommer meines Lebens

V

Doro

Comme Sophie l'avait dit hier, me voilà en vadrouille avec ma petite Margaux dans les rues de La Baule. Son père détient un restaurant sur la plage mais nous a conseillé d'aller dans les ruelles derrière la promenade. Il fût de bon conseil parce que non seulement les maisons sont magnifiquement belles et imposantes mais surtout c'est très calme par rapport à l'avenue principale et la plage. Margaux me montre ses maisons préférées et change sans cesse d'avis sur laquelle est la plus belle. Je ris devant ses actions qui me rappellent ma propre enfance. Lorsqu'il y avait un trio ou alors un groupe de filles comme les Winx, mon plus grand dilemme était de choisir laquelle je voudrais être. Stella était finalement ma préférée. Pourtant elle est tout ce que je ne suis pas : solaire, sociable et flirteuse. C'est peut-être pour cela : je l'admirais. Elle était tout ce que je voulais être.

-Une glace, Doro, j'ai faaaaiiiiim...

Margaux prend un air de « c'est la fin du monde, aide-moi ». Quelle drama queen ! On prend donc la direction de la fameuse, l'unique, l'avenue Charles de Gaulle, pour se diriger vers son petit glacier préféré : « Frozen Moo ». Le principe est de prendre une base de glace au yaourt puis de la composer comme nous le souhaitons avec des bonbons, des fruits, des sauces, des biscuits... J'aime beaucoup cet endroit si populaire mais c'est quoi ce monde ??? Arrivées, la petite fille que j'accompagne prend la plus grosse glace jamais vue et dis « qu'elle a fait un effort, parce que là c'est rien ». Ok ! Nous sortons avec sa glace à 15€ et mon petit Milkshake nature pour aller sur la plage. Je n'ai jamais réellement aimé la glace. C'est froid et sucré. Merci, mais non merci. Pourtant le milkshake qui remplit exactement la même définition, me convient... Mon grand père est le genre de personnage qui ne comprendra jamais. Chaque fois que je le vois : « tu veux une glace ? ». Non toujours pas désolée !

-Elle arrive quand ton amie ? demande la gourmande à côté de moi.

C'est vrai, j'ai proposé à Maellys de me rejoindre. Elle paraissait surexcitée. Elle « adoooore La Baule ! ». Et puis c'est l'occasion d'apprendre à connaître son amie. De toute façon je la trouvais extrêmement sympa hier soir. Je m'apprête à répondre quand une voix retentit derrière nous.

-Les filles ! Je suis là ! Oh, tu es trop mignonne toi ! Enfin vous deux. J'adore ta tenue Dorothée ! Je peux t'appeler Dodo ? Ce serait trop mignon !!!!

J'aime les personnes comme Maellys. Les personnes comme Stella dans Winx. Elles me font du bien. Elles ont de l'énergie à revendre et pourraient faire sourire le plus froid être sur terre. On passe bien une heure à discuter de beaucoup de choses. Des choses que je n'aurais jamais mises dans une même discussion : la politique française (j'apprends que Maellys étudie les sciences politiques), puis très vite les licornes (Margaux s'ennuyait avec notre « charabia de parents ») et puis les réussites de surf de Roméo (Margaux prend des cours de surf donc Maellys a enchaîné comme quoi elle avait un meilleur prof pour la petite).

-Roméo habite-t-il ici toute l'année ? je demande, en prenant mon courage à toute main, et en profitant du silence qui s'était installé.

-Non... il vient l'été seulement, mais cette année il n'aurait pas dû venir tout court, vu qu'il a raté son année d'études... enfin bref. Il veut surtout faire un break de sa famille ultra riche et ultra chiante de Paris. Je le connais depuis toujours. Il y a certains étés où il habitait juste en face de chez moi. On a donc sympathisé en allant au même club de plage. Puis un jour, il a ramené Côme de Paris : c'était un de ses camarades de classe de 3e. Au début, je craignais qu'il prenne ma place, mais finalement je ne voudrais rien changer à notre trio.

La partie curieuse en moi voudrait en savoir plus sur lui et ses mystères. C'est l'occasion de demander. Mais la partie raisonnable de moi sais qu'il vaut mieux en parler avec lui-même. Donc je la questionne sur elle. Et puis je crois que je viens de trouver une super nouvelle amie.

Margaux voulait absolument une deuxième glace. Et comme j'ai du mal à dire non, particulièrement aux petites filles qui font une moue de chien battu, me voilà à la commander, sa glace. Je m'amuse à composer une glace parfaite pour la petite fille parfaite qui attend impatiemment dehors avec Maellys.

-7€68 mademoiselle...

Je sens son odeur familière avant de percevoir sa présence dans mon dos. Avant de pouvoir me retourner, le bras de Roméo, reconnaissable à l'encre particulière qui le recouvre, entre dans mon champ de vision. Il tend une carte noire au glacier.

-Je vais inviter la demoiselle.

Je pourrais jurer que le glacier rougit autant que moi. Je rêve, c'est ça ?

On finit par sortir du magasin et je reprends enfin mes esprits quand Roméo tend la glace à la fillette surexcitée.

-Tu n'étais pas obligé, tu sais. Sa mère m'a donné de l'argent pour ça. Mais merci.

Il me regarde beaucoup trop intensément avec ses beaux yeux noirs.

-Ça me fait plaisir d'inviter Margaux, elle est trop mignonne pour résister.

Il joint ses paroles à ses gestes en tapotant la tête d'une petite fille mangeant sa glace maintenant amoureuse. On est dans le même camp ma petite.

-Que fais-tu là?

-Maellys m'a dit que vous étiez ici, et puis mon appartement n'est pas loin, donc c,'était l'occasion de te revoir ! Ça ne te fait pas plaisir ? il prend une moue faussement triste.

-Si ! Si, bien sûr, je rougis.

Il me sourit d'un air que je n'ose pas interpréter à moins de devenir folle. Folle de lui. Maellys, elle, semble se délecter de la scène. Elle finit par taper dans ses mains.

-Bon les gars ! La mer semble super bonne ! Partants ?

-Grave, je suis chaud, répond Roméo.

Ils se tournent vers moi.

-Ouais, désolée, je vais devoir rentrer. Sophie m'attend pour manger. Une autre fois ?

-Tu ne vas pas te débarrasser de nous aussi vite, me promet Roméo. On se tient au courant, mais je pense qu'on va très vite se revoir ! On a toute la région à te faire découvrir, tu n'as vu qu'une parcelle pour l'instant. À plus.

Tout ce que tu veux, du moment que je peux passer du temps avec toi.

Ils s'éloignent tandis que Margaux et moi leurs font signe de la main. Je le suis du regard, il se retourne une fois aux feux, me fixe longtemps de la même manière que je le fixe, et j'ai l'impression qu'il me transmet un message. Mais quoi ?